TV Lobotomie : La vérité scientifique sur les effets de la télévision – Pr Michel Desmurget

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Synopsis :

En 2011 est publié le livre « TV Lobotomie – la vérité scientifique sur les effets de la télévision » (Ed. Max Milo, Paris). L’auteur, Michel Desmurget, est chercheur en neurosciences et était à l’époque directeur de recherche à l’NSERM. Son ouvrage présente l’immense avantage d’analyser plus de 40 ans de recherches sur le sujet, étoffées par des milliers d’articles publiés dans des revues scientifiques tout à fait sérieuses.

 

 

Des données édifiantes

Globalement, l’ensemble des études citées par l’auteur révèlent une mauvaise influence de la télévision sur la cognition, le langage, la sociabilité ou la santé en lien avec la sédentarité. Une exposition prolongée aux écrans de télé augmenterait les risques d’échecs scolaires, de consommation de tabac, d’alcool, d’apparition de troubles du comportement alimentaire et d’obésité. La télé aurait des effets néfastes sur la représentation de l’image du corps et encouragerait les comportements sexuels à risque. A titre d’exemple, étude révèle qu’une heure par jour de télévision à l’école primaire, c’est plus 43% de « chances » de sortir de l’école sans diplômes.

 

Mais là où l’exposition télévisuelle aurait le plus d’effet, c’est sur les comportements de violence et d’agressivité (les études sur le sujet sont celles qui ont été le plus répliquées). Une étude montrerait en particulier qu’une heure de programmes violents à la maternelle multiplierait par quatre la probabilité d’apparition de comportements asociaux au primaire (tricherie, indiscipline etc.).

 

Il faut également savoir que jusqu’en 2011, le temps moyen passé devant la télévision continuait à augmenter, quelle que soit la catégorie d’âge, et malgré le développement d’autres médias comme internet (en 2011 en France, le temps passé devant les écrans de télévision était estimé à 3h47 par jour).

 

 

Comment expliquer de tels résultats ?

Toutes ces données, et notamment celles concernant l’agressivité ont amené les chercheurs à s’intéresser aux processus impliqués dans les relations entre télévision et comportements : comment expliquer que la télévision puisse avoir de tels impacts ? Les chercheurs émettent quelques hypothèses :

 

1. 60% des émissions contiendraient des actes de violence et un téléspectateur « moyen » verrait près de 2600 crimes et 13000 actes violents par an. Ainsi, par un phénomène d’habituation, l’exposition aux scènes de violence faciliterait le passage à l’acte : nos réponses de stress diminuent au fur et à mesure que nous sommes exposés à des images choquantes qui finissent… par ne plus nous choquer.

 

2. Le fonctionnement des neurones miroirs est également cité pour tenter d’expliquer les effets de la télévision sur nos comportements : lorsque l’on saisit un objet, ou que l’on observe un individu saisir cet objet, ce sont les mêmes régions cérébrales qui s’activent dans notre cerveau. On appelle les cellules nerveuses qui constituent ces zones cérébrales les neurones miroirs. Cela suggère que l’être humain n’analyse pas l’action d’autrui uniquement avec son cortex visuel, mais aussi avec son cortex moteur, ce qui lui permet une meilleure compréhension de l’action. Chaque fois que nous voyons une autre personne agir, surtout si elle nous paraît semblable à nous, ces neurones miroirs s’activent donc dans notre cerveau de la même façon qu’ils le font dans le sien. C’est pour cela que vous avez tendance à bailler lorsque vous observez une personne qui baille, ou à faire la grimace lorsque vous voyez quelqu’un se faire mal par exemple. En neurosciences, les neurones miroirs seraient donc une piste pour nous aider à mieux comprendre les mécanismes de l’imitation.

 

3. Concernant l’impact sur le développement cognitif, certains chercheurs pensent que les stimuli émis par la télévision « casseraient » l’exploration de l’environnement par le jeune enfant et par conséquent affecteraient le développement de ses capacités attentionnelles. Ces capacités se développeraient en effet chez l’enfant en partie grâce à la découverte et aux manipulations de son environnement. Ces temps « d’expérimentation » du monde qui l’entoure augmenteraient au cours de son développement cognitif (par exemple, les temps d’exploration de jeu sont de plus en plus longs et la manipulation est de plus en plus élaborée, symbolisée). Or les stimuli sonores et visuels de la télévision solliciteraient de façon anarchique l’attention de l’enfant pendant ses explorations, au point de perturber le développement de ses capacités attentionnelles. Cette hypothèse pourrait expliquer en partie pourquoi la probabilité de trouble attentionnel est multipliée par 2 chez les enfants à l’âge de trois ans, pour chaque heure de supplémentaire passée par jour devant un téléviseur.

 

4. L’hypothèse la plus raisonnable pour tenter de comprendre l’effet de la télévision sur les comportements pourrait être la suivante : le temps passé devant la télévision, c’est tout simplement du temps en moins pour être confronté à plus d’opportunités d’apprentissages (comme par exemple les interactions sociales qui favorisent le développement du langage). Le temps passé devant l’écran peut également influencer le temps de sommeil, etc.

 


 

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Vidéo :

[1] TV Lobotomie – La vérité scientifique sur les effets de la télévision – djeffy74 / YouTube

 

Photo :

Pour illustration