L’expérience de Milgram : processus de soumission à l’autorité [Vidéos]

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Synopsis :

Stanley Milgram est certainement le plus connu de tous les psychologues sociaux. Son nom reste en effet attaché à ce qui constitue, depuis cinquante ans, l’une des plus célèbres expériences de psychologie sur la soumission à l’autorité.

 

Au début des années 1960, Stanley Milgram élabore une expérience qui fera date dans l’histoire de la psychologie, et dont les enjeux théoriques et sociétaux n’ont rien perdu de leur valeur aujourd’hui encore. Des individus ordinaires sont recrutés par voie de presse pour participer à ce qu’ils croient être une simple recherche sur la mémoire. En réalité, ils se retrouvent en situation de faire apprendre une liste de mots à une autre personne, d’apparence ordinaire également, et qu’ils ne connaissent pas.

 

Cette personne, qui est en fait un complice de S. Milgram, se tient dans une autre pièce, sanglée sur une chaise et bardée d’électrodes, et commet des erreurs volontaires lors de l’apprentissage de mots. Pour chaque erreur commise, celui qui tient le rôle du professeur doit expédier un choc électrique à son élève. La décharge augmente au fil des erreurs pour atteindre 450 volts au final.

 

Tout est fait pour susciter une angoisse terrifiante, palpable dans les enregistrements de cette époque : la victime pousse des cris de douleur, et l’expérimentateur reste derrière le professeur, figure d’autorité, en l’exhortant invariablement à continuer jusqu’à ce que l’élève sache parfaitement la liste.

 

Bien entendu, tout cela est factice puisqu’aucun choc n’est reçu par l’élève, et que ses protestations et cris de douleur proviennent d’une bande-son. Alors que S. Milgram s’attendait à obtenir de la désobéissance, les résultats sont totalement contre-intuitifs : 65 % des sujets de l’expérience vont jusqu’au bout, en administrant un choc de 450 volts à l’élève. C’est là l’autre raison de la célébrité et de la portée de cette expérience : deux personnes sur trois ont été capables de produire un comportement aussi grave, pour une justification aussi futile. Des sujets ordinaires peuvent donc se comporter en bourreau, dès lors qu’ils sont soumis à une autorité.

 

 

Milgram-experiment 2

 

 

De l’état autonome à celui d’agent exécutif

De tels résultats bouleversent la communauté scientifique et la société civile. Le premier réflexe est d’essayer d’identifier les biais expérimentaux possibles, mais les multiples réplications de cette expérience, dans de nombreux autres pays, montreront que cette capacité à obéir à une autorité légitime semble se retrouver dans de multiples cultures, et dans des proportions sensiblement identiques.

 

Le second réflexe est d’invoquer la responsabilité des acteurs eux-mêmes, en invoquant la personnalité des sujets de l’expérience : des sanguinaires, des pervers, des abrutis seuls capables de commettre un tel acte. Or, S. Milgram montrera que ce n’était pas le cas, ce qui constituera le troisième grand enseignement de son paradigme.

 

En effet, à l’aide de variantes expérimentales d’une ingéniosité simple mais implacable, S. Milgram prouve qu’un tel comportement d’obéissance provient du contexte dans lequel l’individu se retrouve placé. En effet, lorsque l’autorité se retrouve à distance ou lorsqu’elle perd de sa légitimité, le taux d’obéissance diminue. A contrario, lorsque la légitimité de l’autorité est forte, lorsque la victime est faiblement identifiable ou que le sujet se retrouve simple exécutant dans un groupe docile, ce taux d’obéissance augmente.

 

Pour S. Milgram, la capacité à obéir de l’être humain moderne résulterait du fait que le contexte le placerait en situation d’état « agentique » : celui qui incarne le tortionnaire ne se percevrait plus comme quelqu’un agissant de manière autonome, mais comme un simple agent de l’autorité, par laquelle il accepterait d’être contrôlé. Il agit en considérant que sa responsabilité individuelle n’est pas engagée. Ce passage de l’état autonome, où l’individu se perçoit comme l’auteur, le responsable de ses actes, à celui d’état agentique, où la personne ne se perçoit plus que comme l’agent exécutif d’une autorité, serait obtenu par le contexte expérimental.

 

 

L'expérience de Milgram 3

 

 

Une question actuelle

Là encore, les résultats de S. Milgram donneront une validité à cette théorie dans la mesure où les variables contextuelles qui ont eu le plus d’impact sur ce comportement d’obéissance, étaient celles manipulant la légitimité de l’autorité, et le degré de proximité physique entre cette dernière et le sujet.

 

Ce travail de recherche et les résultats qui en résultent sont l’œuvre majeure de S. Milgram, décédé prématurément à l’âge de 51 ans. Ce paradigme, vieux maintenant de cinquante ans, conserve toute sa valeur théorique. Jerry M. Burger, de l’université de Santa Clara en Californie, a obtenu les mêmes résultats en répliquant l’expérience en… décembre 2006.

 

La capacité d’obéissance à l’autorité chez l’homme moderne n’a, semble-t-il, rien perdu de son actualité.

 


 

Pouvoir élite

 


 

Source :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Expérience_de_Milgram

https://www.scienceshumaines.com/stanley-milgram-1933-1984-la-soumission-a-l-autorite_fr_22642.html

http://classiques.uqac.ca/collection_methodologie/milgram_stanley/org_soc_dependance_hierarchique/Milgram_soumission_a_autorite.pdf

 

Vidéo :

[1] Expérience de Milgram – 1

[2] Expérience de Milgram – 2

15 commentaires

  1. 😱😱😱
    C’est quoi ça!?
    Le plus terrible, je pense, est de se dire : comment aurais-je réagit dans cette situation?
    Ce rapport à la soumission n’est-il pas simplement possible de l’expliquer par l’éducation apportée au sujet dans ses jeunes annees?
    Une forte autorité des parents, de la société…
    Le « tais-toi et obéis »!
    En tout cas, c’est vraiment effrayant! 😨
    Merci du partage

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    • L’expérience de Milgram nous rappelle à quel point nous pouvons être malléable et de facto faire acte d’allégeance.

      C’est effectivement très inquiétant car deux individus sur trois adoptent un comportement plus qu’inquiétant.

      Ce qui laisse 1 personne sur 3 qui ne soumet pas. La question est : De quel côté suis-je ?

      Tu as donc tout à fait raison lorsque tu dis : « comment aurais-je réagit dans cette situation? »

      A ta question : « Ce rapport à la soumission n’est-il pas simplement possible de l’expliquer par l’éducation apportée au sujet dans ses jeunes annees? »,

      …Les plus jeunes années sont celles où l’engrammage perdure le plus.

      Donc je pense que l’on peut effectivement l’expliquer ainsi.

      Merci pour ton complément apporté via ton commentaire Clémentine.

      Vaste sujet….

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      • Je m’efforce de rester neutre. J’expose simplement des faits. J’espère y arriver.

        Malheureusement, je n’ai pas votre talent (toi et bien d’autres).

        Par exemple : j’aime beaucoup la poésie mais je n’en ai pas fait depuis des décennies…

        Côté cuisine : Je ne suis pas un chef cuisinier.

        Bref, peu de talent à exposer /lol

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      • Tu y arrives tres bien je trouve.
        On sent ta maturité dans ce travail, c’est tres agreable.
        Perso, j’essaie de passer mes messages (sur n’importe quel sujet) de la façon la plus simple possible, également.
        Ce monde manque cruellement de simplicité et pourtant c’est tellement plus agréable de parler « simplement » de sujets « plus ou moins compliqués »
        Vulgariser… ouvrir des portes… ouvrir des consciences… le plus partage est bien là.

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      • Au contraire, c’est très enrichissant de voir que n’importe qui peut accepter de faire le jeu des monstres par simple obéissance !
        Ce qui s’est produit sous l’impulsion nazi mais aussi en beaucoup d’autres circonstances. Garder son esprit éveillé et rebelle est si important !

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      • Effectivement, l’on peut très vite basculer. Dans avoir conscience, permet… Peut-être d’éviter ce paradigme…

        Je vous cite : « Garder son esprit éveillé et rebelle est si important ! »,

        …Cela me semble important.

        Je vouss remercie pour votre commentaire qui vient enrichir le sujet.

        Aimé par 1 personne

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