La célèbre Ford Modèle T n’a pas été la première voiture au monde, mais elle est la première à sortir d’une véritable chaine de production industrialisée, dont le concept est toujours en marche aujourd’hui.
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L’anecdote porte sur une contradiction majeure de la vie industrielle moderne : alors que l’usine apparaît de plus en plus comme le lieu de production d’une vie meilleure, les conditions sociales dans lesquelles les biens sont produits révèlent les injustices sur lesquelles se fonde l’industrialisme en Amérique (*) :
J’ai rencontré l’autre jour un ami qui attendait sa nouvelle Ford.
« Une bonne voiture. », me dit-il.
Mais je ne peux m’empêcher de me rappeler une visite que je fis à l’une des chaînes d’assemblage, chez Ford, et cela chaque fois qu’on mentionne cette marque devant moi.
Chaque employé semblait réduit à telle secousse, torsion, spasme ou frisson, le tout résultant en un tacot.
Je n’aurais jamais pu imaginer qu’on réduisit des êtres humains à l’état d’automate aussi parfait.
Je cherchais sans cesse le fil ou la courroie cachés sur ces corps, et qui les faisait mouvoir avec une si admirable et quasi horlogère précision.
Je n’ai su voir comment on insufflait un mobile à ces gens et, puisqu’il semble peu vraisemblable que des créatures humaines acceptent de plein gré de se voir réduites à l’état de pantins, je suppose que leurs femmes les remontent pendant leur sommeil.
Je ne pourrais jamais regarder franchement une de ces « Tin Lizzy » sans frissonner au souvenir des mannequins de chez Henry Ford.
Un jour, l’humanité sera devenue autre chose qu’un inévitable accessoire de la machine ; alors on montrera dans les musées d’histoire non naturelle la méthode inventée par Henry pour produire en masse l’homme-à-la-houe.
On montrera cet horrible exemple de ce qui advint aux descendants du premier singe assez ambitieux pour se servir de ses doigts pour faire des choses, au lieu de s’en servir pour les prendre comme le font encore les plus intelligents de notre race.
Henry Ford – Tin Lizzy
Source :
Tirée d’une chronique Tri-City Labor Review de Rock Island, Illinois, 13 avril 1932
La société de l’indécence – Publicité et genèse de la société de consommation. Stuart Ewen, P. 50, 51
Captains of Consciousness : Advertising
(*) Dans la société occidentale industrielle.
Ouf, heureusement que notre société n’est plus du tout comme cela…. 😦
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Je crains fort qu’elle l’est mais bien plus sournoisement. Merci pour ton commentaire et au plaisir de te lire. Bonne fin de journée.
OOOOH comme j’aime cet article…qui ne sort pas d’une autre époque! Aujourd’hui, on réadapte le concept à vitesse grand V, pour produire toujours plus à moindre frais. Les périodes de chômage et de crise voient refleurir ces pratiques qui réduisent l’homme soi-disant pour son bien, à l’état d’automate sans que personne n’y trouve à redire y compris les intéressés qui préfèrent cela à la misère…Si vous voulez des noms, contactez-moi…
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Excellent commentaire. Tu as parfaitement cerné la situation Pat. C’est tout à fait cela. Je te souhaite une bonne fin de journée et au plaisir de te lire.
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Merci pour le reblogue