L’île japonaise d’Okinoshima, interdite aux femmes, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco [Vidéo]

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L’île japonaise d’Okinoshima, interdite aux femmes, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco

 

Île japonaise d'Okinoshima

 

 

Les inscriptions de sites au patrimoine mondial de l’Unesco sont généralement bien acceptées, mais quelques-unes font parfois polémique, et c’est le cas de l’île japonaise d’Okinoshima, qui vient d’y entrer tout récemment : en effet, seuls les hommes – et encore pas tous – peuvent mettre le pied sur cet endroit mystique, et il est interdit aux femmes. Baignée dans les traditions de l’ancien système japonais de croyances Shinto, l’île d’Okinoshima est vénérée par les marins japonais depuis le quatrième siècle de notre ère. Des dizaines de milliers d’artefacts originaires du monde entier, conservés sur l’île comme des offres rituelles faites au cours des siècles, témoignent du riche patrimoine culturel de la région, qui n’a pas été pour rien dans son classement.

 

Okinoshima est adorée pour son kami – ou l’être divin- et l’accès en est ordinairement interdit à tous, sauf aux prêtres shintoïstes. Les hommes ne peuvent entrer sur l’île d’Okinoshima qu’après s’être purifiés avec de l’eau de mer. Les femmes n’y sont pas admises en raison de tabous anciens, qui proscrivent également la consommation d’animaux à quatre pattes et empêchent de plus quiconque de quitter l’île sans autorisation sacerdotale. Seuls 200 hommes peuvent visiter l’île une fois par an, le 27 mai exactement, pour une grande fête -et seulement après un processus d’ablutions dites « malogi », qui consistent à se baigner nu pour une purification rituelle.

 

Autre condition stricte, il est interdit de dire le moindre mot de ce que vous voyez ou entendez à Okinoshima une fois revenu dans le monde extérieur et ne pouvez rien en ramener – fût-ce même un simple brin d’herbe – avec vous. En fait, les pêcheurs de la région s’abstiennent eux-mêmes de prendre ne serait-ce qu’une branche de pin flottant dans l’eau autour de l’île. Si la décision de l’Unesco a fait polémique auprès des associations féministes, on ne sait pour autant pas vraiment pourquoi les femmes ne peuvent pas visiter l’île. Les spéculations sur l’origine de cette curieuse tradition vont de la croyance shinto en l’impureté du sang menstruel à une préoccupation envers la sécurité des femmes dans des eaux réputées dangereuses.

 

Plus de 80 000 artefacts ont été exhumés à Okinoshima, dont des perles en forme de virgule, des éclats de verre perse et des anneaux en or. Déclarés collectivement comme des trésors nationaux du Japon, ces témoignages témoignent des riches échanges de la région avec l’étranger. Okinoshima abrite notamment des artefacts inestimables, dont des miroirs de cuivre datant de la dynastie chinoise des Tang, entre le 7ème et le 10ème  siècle. L’île est aussi une source cruciale d’informations sur le développement de la religion au Japon. Bien qu’une présence sur la liste des sites du patrimoine mondial entraîne habituellement une certaine frénésie touristique, il n’y a cependant aucun projet d’ouvrir Okinoshima au public. Les visiteurs peuvent toutefois rendre hommage au sanctuaire depuis une terrasse côtière du côté Nord de l’île dans le cadre d’une tradition d’adoration du kami, de loin.

 

 

Île japonaise d'Okinoshima - Map - Carte

 

 

Un précédent : le mont Athos en Grèce

Certains intervenants dans le débat à l’Unesco se sont interrogés sur l’interdiction d’Okinoshima aux femmes, qui pourrait constituer une discrimination, mais la directrice du Centre du patrimoine mondial Mechtild Rössler a répondu qu’un précédent existe, celui du mont Athos en Grèce, également interdit aux femmes.

 

Les moines habitant ce mont invoquent un vœu de célibat et souhaitent, pour éviter toute tentation, que les femmes restent à 500 mètres de distance ou se « déguisent » en hommes.

 

Le gouvernement japonais s’est immédiatement félicité de la décision de l’Unesco.

 

Le ministre des Affaires étrangères Fumio Kishida a souligné dans un communiqué que l’île, « unique et précieuse », « avait été depuis les temps anciens un lieu d’échanges avec l’étranger et qu’elle abrite de nombreux objets qui en témoignent. »

 

Okinoshima devient le 17ème site japonais figurant sur la liste de l’Unesco.

 


 

Île japonaise d'Okinoshima - Temple shintoïste

 


 

Source :

http://french.peopledaily.com.cn/Culture/n3/2017/0711/c31358-9240012.html

http://reseauinternational.net/polemique-une-ile-japonaise-interdite-aux-femmes-inscrite-au-patrimoine-mondial/

http://www.huffingtonpost.fr/2017/07/10/lile-japonaise-dokinoshima-interdite-aux-femmes-est-inscrite_a_23023314/

 

Vidéo :

[1] Okinoshima: island where women are banned gets Unesco listing – Guardian News / YouTube

12 commentaires

  1. « Les moines habitant ce mont invoquent un vœu de célibat et souhaitent, pour éviter toute tentation,… » C’est trop facile de faire vœu de célibat sans rencontrer des femmes. Le vœu aurait plus de valeur si ils acceptaient de se retenir devant une femme y compris dénudées!
    L’absence d’égalité homme -femme pour ces deux lieux est inadmissible.

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  2. Merci Aphadolie pour cette découverte.
    Réjouissons-nous que ce lieu soit un sanctuaire pour la biodiversité, avec ou sans l’autorisation des femmes d’y accéder et surtout préservé du tourisme, les « kamis » seront reconnaissants.
    Puis-je rebloguer? d’avance merci.

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  3. Merci…
    Coutumes religieuses qui viennent du fond des âges.
    ll faut bien imaginer que les prêtres qui vivent dans cette île quasi tropicale doivent être vigoureux (!) pour entretenir le sanctuaire et pour lutter contre l’envahissement de la végétation.

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