Le conditionnement collectif – Aldous Huxley

 

Aldous Huxley

Aldous Huxley (1894 – 1963)

 

 

 

« Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. II suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes.

 

L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées. Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie ! Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. II est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser.

 

On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté.

 

Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires du bonheur. L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau. Il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu.

 

Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutienne devront ensuite être traités comme tels. On observe cependant, qu’il est très facile de corrompre un individu subversif. Il suffit de lui proposer de l’argent et du pouvoir. »

 

Aldous Huxley – 1939

 


 

Note :

Extrait du livre « Sagesse et révolte » de Serge Carfantan.

 

NB : Sur le web, ce texte est souvent attribué à tort à Aldous Huxley (auteur du « Meilleur des Mondes » dont Serge Carfantan s’est explicitement inspiré) ou encore à Günther Anders, penseur et essayiste allemand.

 


 

Foule - Musique

 


 

Source :

http://www.morpheus.fr/meilleur-des-mondes/

 

Interview :

Interview d’Aldous Huxley par Mike Wallace, le 18 Mai 1958

11 commentaires

  1. A reblogué ceci sur L'actualité de Lunesoleilet a ajouté:

    Qui n’a jamais entendu parler du roman « le meilleur des mondes d’Aldous Huxley ?, né le 26 juillet 1894, (sous un dernier quartier de Lune). La fin du 19ème siècle à vu la naissance d’illustres hommes ayant développé une conscience du monde en avance sur leur temps. Aldous Huxley est un écrivain britannique se posant en observateur et critique du monde dans lequel il évoluait au 19ème siècle, à vrai dire rien n’a changé depuis un siècle. Le monde est toujours autant confronté à des problèmes récurrents qui s’entassent les uns sur les autres jusqu’au moment la pile des dossiers s’écroule par le poids des problèmes n’ayant trouvé aucune solution pour vivre au mieux, c’est tout le contraire qui se produit, malgré les apparences trompeuses …

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  2. En faite ce texte serait une inspiration de l’auteur Aldous Huxley mais écrit par Serge Carfantan
    https://blogs.mediapart.fr/jean63/blog/140818/methodes-pour-un-controle-total-de-la-societe

    Extrait du livre « Sagesse et révolte » de Serge Carfantan.

    NB: Sur le web, ce texte est souvent attribué à tort à Aldous Huxley (auteur du « Meilleur des Mondes » dont Serge Carfantan s’est explicitement inspiré) ou encore à Günther Anders, penseur et essayiste allemand.
    https://www.syti.net/ConditionnementCollectif.html

    https://lesbrindherbes.org/2014/08/16/fameuse-citation-daldous-huxley-pas/

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