Drogues : Comment l’INSEE gonfle artificiellement la croissance française

 

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Comment la France va intégrer les revenus de la drogue dans son PIB ?

 

 

 

C’est officiel. L’Insee va prendre en compte les revenus de la drogue dans les comptes de la nation. Une donnée difficile à chiffrer avec précision.

 

À partir du mois de mai prochain, l’Insee va officiellement intégrer les revenus de la drogue dans les comptes nationaux. Elle met ainsi fin à une position « isolée au niveau européen » fait remarquer l’institut, qui se plie notamment à une vieille demande de son homologue continental, Eurostat.

 

La France va donc comptabiliser l’argent de la drogue dans son PIB. Et « l’impact sera compris entre 2 et 3 milliards d’euros, selon les années. », indique à L’Express l’institut. « Soit de l’ordre de 0,1% du PIB. Cela n’aura donc pas d’impact significatif sur les taux ». On reste ainsi assez loin de ce que pèse l’activité dissimulée, c’est-à-dire l’ensemble des activités légales, mais non déclarées, dont le poids sur l’économie française « oscille entre 3 et 4% du PIB ». Soit entre 60 et 80 milliards d’euros.

 

 

L’Insee s’appuie sur des chiffres de 2010

Comment l’institut peut-il calculer les recettes d’activités illégales ? « Concernant la drogue, Eurostat conseille de multiplier la quantité consommée par le prix moyen ayant cours dans la rue, tout en faisant jouer le paramètre du « ratio de pureté » des produits stupéfiants et des « coûts de transport et de stockage » des narcotrafiquants ». Une méthode de travail que confirme suivre l’Insee.

 

Seulement, les statisticiens sont bien en peine de chiffrer, avec ‘la précision qui les caractérise d’habitude’, ce que représente réellement l’argent de la drogue. « Ce marché n’est évidemment pas aussi bien connu que celui d’autres biens ou services légaux. », précise l’institut. « C’est bien beau d’intégrer des chiffres dans le PIB, mais aussi brillants soient-ils, ce ne sont que des fourchettes très large. », indique à L’Express une source proche du dossier.

 

 

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Dans la méthodologie détaillée par l’Insee, l’institut affirme se baser « sur des analyses de chercheurs spécialistes de ces sujets: les travaux de l’OFDT (observatoire français des drogues et toxicomanies) et de l’INHESJ (institut national des hautes études sur la sécurité et la justice) ». Mais « la photographie du marché des stupéfiants qui en résulte doit être considérée comme la meilleure possible, même si cela reste par nature fragile. », précise l’Insee à L’Express.

 

En effet, les derniers travaux d’ampleur menés sur le sujet, notamment par l’INHESJ, ‘très sérieuse institution gouvernementale’, datent certes de 2016. Seulement, dans le rapport, une bonne partie des données sont bien plus anciennes et remontent à 2010.

 

 

Le cannabis représente 50% du marché

Cette étude de référence sur le marché de la drogue a été rédigée par trois spécialistes dont l’économiste Christian Ben Lakhdar (maître de conférences à l’Université de Lille 2). L’argent de la drogue en France était destiné à alimenter les actions et les réflexions de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA).

 

Les auteurs reconnaissent aisément qu’il ne s’agit là que d’une « approche exploratoire » et d’une « estimation des chiffres d’affaires », en « déconstruisant le fonctionnement des organisations de trafic afin d’obtenir les principaux coûts que doivent prendre en charge les trafiquants ».

 

 

L'argent de la drogue

Couverture du rapport « L’argent de la drogue, estimation des marchés de drogues illicites en France » qui sert de base au calcul de l’Insee INHESJ

 

 

Contacté par L’Express, Christian Ben Lakhdar, qui continue de rédiger des enquêtes et des études, notamment sur les impacts de la légalisation du marché des stupéfiants, se sent « un peu mal à l’aise » à l’idée que l’Insee prenne pour argent comptant l’ensemble des estimations. « Si l’on regarde les fourchettes du rapport, on est en plein dedans. Mais les chiffres sont un peu datés. Rien que sur la consommation de cannabis, qui pèse près de 50% du marché des drogues, elle a augmenté depuis 2010. », nuance l’économiste.

 

Dans leur rapport, les auteurs faisaient ainsi remarquer que le marché du cannabis avait par exemple augmenté de l’ordre de 30% en valeur entre 2005 et 2010, passant de 832 à 1 117 millions d’euros. Qu’en est-il depuis 2010 ?

 

 

Le marché des drogues

 

 

Le marché est forcément orienté à la hausse, non pas à cause de la consommation, qui reste relativement stable selon les bilans annualisés de l’OFDT, mais en raison de la hausse des prix.

 

« En 2016, l’expérimentation du cannabis concerne 42 % des adultes de 18 à 64 ans. La consommation dans l’année s’élève à 11 % (15 % pour les hommes et 7 % pour les femmes), cette proportion s’avérant stable par rapport à 2014. L’usage régulier estimé en 2014 concernait 3 % de la population. », détaille l’OFDT dans sa dernière étude « Drogues, Chiffres clés« , publiée en 2017.

 

 

La consommation stagne, les prix augmentent

En revanche, le prix du cannabis connaît une véritable inflation. « Depuis 2011, après des années de stabilité, le prix moyen du gramme de résine de cannabis payé par l’usager ne cesse de progresser. », poursuit l’OFDT. Le phénomène est similaire pour l’herbe, dont le prix au gramme a fortement augmenté depuis 2006 (stabilisé aujourd’hui à 11 euros), une évolution qui semble liée à la forte hausse des taux de THC. Par exemple, « La teneur moyenne de la résine de cannabis a triplé en dix ans pour atteindre 23 % ».

 

Un autre rapport (2016) de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS), confirme la tendance. D’après ce service de police spécialisé dans les stups, on y apprend que le gramme d’herbe était vendu « 5,50 € en 2006, 6,50 € en 2007, 7,50 € en 2011, 8,5€ en 2013 ». Le « chiffre d’affaires » du marché est donc largement orienté à la hausse et dépasserait les « 2 à 3 milliards d’euros » aujourd’hui intégré par l’Insee dans les comptes nationaux.

 

 

Bercy

Bercy peut compter sur l’intégration des revenus de la drogue dans la construction du budget

 

 

« Au final, ça ne pèse pas grand-chose, par rapport aux 2 200 milliards du PIB. C’est certainement cette raison pour laquelle l’Insee n’a pas vraiment mis une équipe sur ce sujet. », indique à L’Express un observateur avisé. « En tout cas, je sais qu’ils ne font pas le calcul eux-mêmes, ils ont pris les données qui existaient. »

 

Pour sa part, l’institut estime que « L’écart entre l’année de référence [du rapport de l’INHESJ], 2010, et aujourd’hui, n’est pas source de sous-estimation. Les estimations inclues dans la comptabilité nationale ne sont pas datées puisque l’on prend en compte l’évolution du marché. », fait valoir l’Insee.

 


 

Ne serait-ce pas un outil économique qui pourrait être destiné à l’incitation à la consommation durable en plus du dopage du PIB ?

 


 

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Source :

https://pro.vbn-edi.com/p/LDM02/ELDMU200/?h=true

https://www.capital.fr/economie-politique/trafic-de-drogue-integre-au-pib-ce-que-ca-va-changer-pour-la-france-1269283

https://www.nouvelobs.com/economie/20180131.OBS1505/l-insee-integre-le-trafic-de-drogue-dans-son-calcul-du-pib.html

https://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/drogue-et-pib-combien-pese-le-trafic-de-stupefiants-dans-l-economie-francaise_1981406.html

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/02/01/comment-l-insee-va-integrer-le-trafic-de-drogue-dans-le-calcul-du-pib_5250216_4355770.html

 

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Pour illustration

16 commentaires

    • Pour nous (le peuple) : oui. Mais pour la mafia de Bruxelles (lobbystes et commission de l’union européenne), c’est une belle aubaine. Certains pays membres de l’UE ont déjà pris en compte dans leurs PIB, l’argent de la prostitution. Et la commission chargée de cela à Bruxelles met la pression pour que la France s’aligne sur ses voisins. L’on peut être quasiment certain que cela sera chose faite dans quelques années.

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