France : La proposition de loi qui supprime le droit de grève

 

 

Oui, je pense que la grève de la CGT est insupportable, corporatiste, purement intéressée et bien loin de ce que j’appelle la défense du bien commun.

 

Oui la CGT pourrait plutôt faire rouler les trains gratuitement et taper dans le portefeuille de la SNCF plutôt que sur les nerfs des « usagers », terminologie post-communiste pour éviter de parler de « clients » ayant aussi droit à un minimum de « services »… Notamment pour celles et ceux qui ne disposent pas de la sécurité de l’emploi de pouvoir aller bosser pour ne pas perdre le leur !!

 

Oui les grèves sont très pénibles, vous pouvez même y être opposés farouchement, mais le droit de grève fait partie intégrante des libertés.

 

Nous ne pouvons pas parler de liberté si l’on retire progressivement la liberté de parole, et c’est exactement ce qu’il se passe avec un politiquement correct aussi stupide qu’étouffant pour la pensée.

 

On peut encore moins parler de liberté si en plus des restrictions de paroles autorisées, on restreint le droit syndical alors qu’au même moment et dans un silence de plomb, une loi sur la « protection des affaires » a été passée en catimini et protège très bien voire trop bien les « secrets » des entreprises.

 

Entre ce que l’on ne peut plus dire parce que non autorisé, ce que l’on ne peut plus désormais dévoiler, et le fait que le droit de grève est lui aussi attaqué, vous devez comprendre et voir ce terrible tableau d’ensemble qui se dessine sous vos yeux.

 

Il n’y a plus de liberté en France. Nous sommes officiellement rentrés en dictature molle.

 

Voici le nouveau projet de loi sur le droit de grève. Vous avez, comme à chaque fois, le lien tout à la fin vers le site très officiel de… l’Assemblée nationale !

 

Je vous ai fait une sélection des meilleurs « moments » !

 

 

Article 1er

L’article L. 2511-1 du code du travail est ainsi rédigé :

 

« Art. L. 2511-1. – L’exercice du droit de grève ne peut porter que sur les conditions de travail définies dans les protocoles d’accord, conventions d’entreprise ou de branche. »

 

« Toute participation à une grève politique est constitutive d’une faute lourde justifiant le licenciement. »

 

« L’exercice du droit de grève ne peut donner lieu à aucune mesure discriminatoire telle que mentionnée à l’article L. 1132-2, notamment en matière de rémunérations et d’avantages sociaux. »

 

 

Article 2

Le chapitre Ier du titre Ier du livre V de la deuxième partie du même code est complété par un article L. 2511-2 ainsi rédigé :

 

« Art. L. 2511-2. – L’exercice du droit de grève est précédé d’un préavis. »

 

« Le préavis émane d’une organisation syndicale représentative au niveau national, dans la catégorie professionnelle ou dans l’entreprise, l’organisme ou le service intéressé. Il précise les motifs du recours à la grève. »

 

« Le préavis doit parvenir dix jours francs avant le déclenchement de la grève à l’employeur. Il mentionne le champ géographique et l’heure du début ainsi que la durée limitée ou non, de la grève envisagée. »

 

« Pendant la durée du préavis les parties sont tenues de négocier. »

 

« Dès le dépôt du préavis de la grève, l’employeur décide d’une consultation ouverte aux salariés concernés par les motifs figurant dans le préavis, et portant sur l’opportunité de la grève. »

 

« Les conditions du vote sont définies, par l’employeur, dans les vingt-quatre heures qui suivent le dépôt du préavis. La consultation est assurée dans des conditions garantissant le secret du vote. Son résultat n’affecte pas l’exercice du droit de grève. »

 

« Pour être légale, la grève doit être votée par un scrutin organisé à bulletin secret et sous réserve que 50 % au moins des salariés de l’entreprise s’y déclarent favorables. »

 

« L’employeur en informe l’inspecteur du travail. ».

 

 

Voilà donc pour l’essentiel. Résumons. Je n’ai pas le droit de me mettre en grève par « solidarité », cela serait une grève politique donc passible de licenciement pour faute lourde donc sans droit aux indemnités chômage… C’est en effet dissuasif. Je ne peux plus faire grève que pour « moi-même, par rapport à mon entreprise ou éventuellement à ma branche » !

 

Ensuite, durant la durée de préavis de grève, la négociation est obligatoire, et surtout un vote auprès des salariés, et la grève, pour être « légale », doit être votée par au moins 50 % des salariés… Il est bien dit que le résultat n’affecte pas le droit de grève… Pourtant, à moins de 50 %, la grève n’est pas légale, il y a là une terrible erreur du législateur car au sens strict, un tel projet de loi implique la possibilité de considérer comme illégale toute grève n’étant pas votée par 50 % du personnel au moins qui y serait favorable.

 

 

On peut réfléchir au droit de grève !

Loin de moi l’idée qu’il n’y ait pas de réflexion sur le droit de grève. J’y suis pleinement favorable et je considère que le droit de grève n’est pas le droit d’emmerder le reste du pays, bien qu’il faille aussi reconnaître qu’une grève qui n’emmerde personne est une grève par nature qui n’a aucun sens ni aucune chance d’aboutir à quoi que ce soit.

 

La grève est un outil dans l’instauration d’un rapport de force. Ce rapport de force est démocratiquement fondamental pour instaurer de véritables contre-pouvoirs, et les contre-pouvoirs sont les seuls outils permettant d’éviter le cumul des pouvoirs dans trop peu de mains. Et quand le pouvoir est concentré en un palais, nous ne sommes plus une démocratie mais une dictature.

 

Si l’on veut réformer le droit de grève, alors cela concerne l’ensemble du peuple de France. Nous devons avoir un grand débat national suivi d’un référendum.

 

Le droit de grève est un pilier essentiel de nos libertés, il ne peut être modifié en catimini par quelques députés, forts mal élus et peu représentatifs, et voté en cachette par quelques présents dans un hémicycle vide à 4 heures du matin, par une nuit de pleine lune.

 

« Liberté, Egalité et Fraternité » n’est plus qu’une devise gravée sur nos frontons qui n’a plus aucune réalité.

 

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

 

Charles Sannat

 


 

Grève - 2

 


 

« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes »

 

John Fitzgerald Kennedy (1917 – 1963)

 


 

Grève - 1

 


 

Source :

https://insolentiae.com/lhallucinante-proposition-de-loi-qui-supprime-le-droit-de-greve-ledito-de-charles-sannat/

https://lesmoutonsenrages.fr/2018/04/16/lhallucinante-proposition-de-loi-qui-supprime-le-droit-de-greve-ledito-de-charles-sannat/

 

Mail : charles@insolentiae.com

 

Note :

« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin

12 commentaires

  1. Il y a eu une grève des transports des autobus de ville La ville a essayer de faire passer cela pour un besoin essentiel pour éviter la grêve. Ils n’ont pas réussit. Les greveurs ont décidé que certaines lignes sauterais une intinéraire tout en essayant de laisser un trajet de secours a certains endroit. La population en général appuyait les chauffeurs d’autobus .. ca durer quelques mois, mais ils ont pu trouver une entente

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  2. Je ne suis pas syndiqué, mais le monde syndical m’est connu au travers d’autres syndiqués, dont mon épouse. De là, je peux affirmer que l’intérêt commun est tout aussi important à la CGT que l’intérêt d’une corporation de travailleurs. La différence, c’est que ce syndicat développe une culture de la lutte ouvrière très nourrie et référencée contrairement à beaucoup de syndicats qui n’en font pas une priorité. Trop d’informations tuant l’information, il n’est pas aisé de comprendre les positions de ce syndicat sans les analyses basées sur l’expérience interne.

    La destruction des acquis sociaux n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’une campagne de communication de longue date pour saper l’influence des syndicats. Tout ce qui se passe actuellement est très grave et oui, nous sommes comme on a pu le lire sur une banderole de science-po, bien en dictature !

    Le pire ennemi du progrès social est l’inaction, l’abandon du pouvoir du peuple, la soumission dans l’égoïsme .., nous n’avons que ce que nous méritons #JeSoutiensToutesLesGfrèves parce que j’en comprends les revendications et la nécessité de se battre. Peu de personnes ont conscience de l’impact sur leur vie ou de celle de leurs êtres chers de la destruction du code du travail entamé par Sarko et qui est un venin pour les générations à venir.

    Je ne me syndiquerais pas pour d’autres raisons plus alambiquées qui font de moi un asocial, un anarchiste et aussi parce que je n’aime pas les associations de personnes quelles qu’elles soient , mais je suis dans la rue à chaque fois que l’intérêt général le nécessite.

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  3. Ah oui, j’oubliais ce n’est pas évident de faire rouler des trains gratuitement de la même manière que l’opération robin des bois (cgt energie) qui ouvre l’accès a l’electricté et au gaz à ceux qui ont fait l’objet d’une coupure ou qui privent de jus les entreprises aux comportements de voyous. S’il n’y a pas d’anonymat dans l’action, le risque de se retrouver avec un licenciement pour faute grave (vol etc)… Il y a des lois et les syndiqués s’ils veulent rester efficaces et défendre les autres doivent garder leur job 😉

    Vous voyez, rien est aussi simple que vous le supposez.

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  4. Un juste retour, les syndicats et bien pensants, ont joué le partage de notre modèle social, avec la terre entière.Ils ont servies la soupe aux multinationales, qui n’en demandaient pas plus, faire baisser les salaires et de nouveaux consommateurs par millions. Cerise sur le gâteau, socialiser la dette par d’autres privatisations bradées. Imbéciles utiles deux fois, aux profits de multinationales. Certains pensent que l’élites mondiale, n’a pas de cerveau, MDR. Hollande avait raison, le peuple est vraiment abrutis.

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