Symbole de générosité, donner son sang est l’un des gestes les plus nobles qui soient. Plus de 100 millions de dons de sang sont ainsi collectés chaque année dans le monde. Pour la Croix Rouge, le message est clair : « Donner son sang, c’est sauver des vies. » C’est un fait. Mais les choses ne sont pas si simples.

La santé est une industrie, et le plasma est rare, et donc cher. Le don du sang n’échappe pas aux lois du marché. La plus grande partie du sang collecté est en réalité confiée à des entreprises privées. La Croix Rouge ne s’en vante pas. En Suisse par exemple, 20 % seulement du plasma va aux hôpitaux, les 80 % restants étant destinés à des sociétés pharmaceutiques, qui en rachètent chaque année 80 000 litres. La Croix Rouge, qui a le monopole de la collecte en Suisse, en retire au passage près de 10 millions de francs. Quelques entreprises se partagent ainsi le marché mondial du plasma qui représente 17 milliards de dollars. Un marché en forte croissance…
Direction les Etats-Unis, premier exportateur de plasma humain avec 70 % du marché mondial. Là-bas, la rémunération des donneurs est légale. A Cleveland, une ville ravagée par la crise, les quatre géants du secteur sont installés dans les quartiers les plus pauvres de la périphérie. Ici les files d’attente se bousculent dès l’aurore et les centres de prélèvement ne désemplissent pas. « Personne ne fait ça pour des raisons morales. », avance un jeune homme. « Personne ne fait ça pour aider des gens. C’est un effet secondaire si ça aide des gens. » Non, ils font « ça » pour l’argent, à raison de deux prélèvements par semaine (quand la Croix Rouge recommande de ne pas dépasser une prise par mois !) et 20 dollars la séance.
“Le nouveau cannibalisme”
Ces foules de pauvres offrent un réservoir de matière première sans limites : les centres fonctionnent douze heures par jour sept jours sur sept. Un donneur, amer : « C’est un travail, je fournis un produit. Je suis comme une vache, je donne du lait ! » Selon un sociologue de l’université du Michigan, « Le nombre de familles qui déclarent gagner moins de 2 dollars par jour et par personne a plus que doublé en quinze ans. La demande d’aide alimentaire d’urgence a explosé. Le don du sang est souvent l’unique source de revenus du foyer ». Le sang des pauvres vient gonfler les profits des multinationales.
Cette marchandisation du corps pourrait entraîner des risques sanitaires accrus, car le don rémunéré présente un danger : il incite les donneurs à mentir sur leur état de santé, et attire une population à risques. « Je donne mon plasma pour me payer ma dose. Tout le monde est gagnant ! » Nombreux sont ceux qui se droguent. « Finalement, c’est l’exploitation de l’homme par l’homme. Certains appellent ça le nouveau cannibalisme. »
En dénonçant ces pratiques douteuses, ce documentaire éclaire aussi sur les dangers d’une libéralisation progressive de la santé. Ainsi, en juillet 2015, la France a pris la décision de privatiser les systèmes de dons et a autorisé la société Octapharma à vendre, à prix d’or, ses poches de plasma et ses médicaments dérivés aux hôpitaux français. Suite au scandale du sang contaminé, dans les années 1990, les contrôles ont été considérablement renforcés dans le monde entier. Du moins dans le spectre des risques connus. Mais il suffirait qu’apparaisse un nouveau virus…

Les quatre firmes qui se partagent le secteur – l’américain Baxter, l’australien CSL Behring, l’espagnol Grifols et le suisse Octapharma – opèrent dans plus de 500 centres à travers le pays, tous installés dans les régions les plus défavorisées.
La quantité totale de plasma ainsi collectée a doublé depuis la crise, passant de 15 millions de litres en 2007 à 32 millions en 2014.
LE MONDE | 20.02.2017
Time : 52 mn 02 / [1]

Source :
https://www.octapharma.fr/fr.html
https://en.wikipedia.org/wiki/Grifols
https://en.wikipedia.org/wiki/Octapharma
https://en.wikipedia.org/wiki/CSL_Behring
https://fr.wikipedia.org/wiki/Plasma_sanguin
https://en.wikipedia.org/wiki/Baxter_International
https://en.wikipedia.org/wiki/Australian_Red_Cross_Blood_Service
https://www.challenges.fr/cinema/ne-manquez-pas-le-business-du-sang-sur-arte_554578
https://www.sinemensuel.com/societe/enquete-comment-le-sang-est-devenu-une-marchandise/
Vidéo :
[1] Le business du sang
Je ne sais pas en ce qui concerne le reste du Canada (le fameux RoC), mais au Québec, c’est Héma-Québec et non la Croix Rouge qui gère les dons de sang. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1091711/hema-quebec-sang-contamine-canada-indemnisation-archives
Tout cela est très laid, vraiment très laid. 😦
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Business…
Moi j’ai toujours voulu donner mon sang pour en avoir recu quand j’étais petite, mais je ne peux pas a cause du maladie congénitale qui est pourtant résolu
Avant mes pathologies, je le donnais également mais après cela ne fut plus possible (surtout avec les médicaments que je prends).
bon bein heureusement que je ne donne pas mon sang….
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Nous sommes loin de penser à tel business…
tout est business dans ce monde…
Tu m’enlèves les mots de la bouche.
😉
xoxo