Suppressions de 1.800 postes dans l’Éducation Nationale : Quelles seront vraiment les conséquences ? [Vidéo]

 

Jean-Michel Blanquer

Jean-Michel Blanquer, Ministre de l’Éducation nationale

 

 

L’an prochain, 1.800 postes seront supprimés dans le second degré…

 

  • Ces suppressions de postes pourront avoir des effets sur la taille des classes dans certains collèges d’académies où le nombre d’élèves augmente.

 

  • Le volet des remplaçants va forcément être mis à contribution, ce qui laisse entrevoir un recours plus massif aux contractuels pour assurer les remplacements de profs absents.

 

  • Les syndicats craignent d’autres coupes de postes dans les années à venir.

 

 

L’annonce a énervé les enseignants dès le début de la semaine. Le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer a annoncé ce lundi dans Le Figaro la suppression de 1.800 postes dans l’Éducation nationale l’an prochain alors que le budget sera augmenté de 850 millions d’euros. Ces suppressions de postes ne concerneront que le second degré, c’est-à-dire les collèges et les lycées20 Minutes analyse les conséquences de cette décision pour les élèves, les profs et les chefs d’établissements.

 

 

Est-ce uniquement des postes de profs qui passeront à la trappe ?

Non. « Au moins 400 postes administratifs » sont concernés parmi les suppressions de annoncées dimanche soir, a précisé le ministre de l’Éducation nationale lundi sur France Inter. « Ce sont donc des postes d’infirmiers, de médecins scolaires, de secrétaires, de gestionnaires qui vont être supprimés, ce qui sera difficile à gérer pour les établissements. », commente Philippe Vincent, secrétaire général du syndicat des chefs d’établissement SNPDEN.

 

 

Y aura-t-il plus d’élèves par classe ?

Selon le ministre, non : « Nous maintiendrons totalement les taux d’encadrement dans le secondaire. », a affirmé le ministre de l’Education ce lundi sur France Inter qui compte pour cela avoir recours aux heures supplémentaires. Mais selon Valérie Sipahimalani, secrétaire générale adjoint du Snes-Fsu, les suppressions de postes vont contribuer à augmenter les effectifs par classe : « En raison de la hausse démographique, les collèges attendent 32.000 élèves supplémentaires à la rentrée 2019, sachant que certaines classes sont déjà à 30 élèves. Avec moins d’enseignants, leurs conditions d’apprentissage seront forcément dégradées. », souligne-t-elle. Philippe Vincent se veut plus rassurant : « Les effets sur la taille des classes seront variables. On peut imaginer que les effectifs vont gonfler dans les filières générales de certaines académies qui gagnent des élèves ces dernières années (celles situées dans l’arc atlantique et en Ile-de-France), mais pas dans celles qui en perdent actuellement (dans le Nord-Est). ».

 

 

Les profs feront-ils plus d’heures supplémentaires ?

Pour pallier les suppressions postes, Jean-Michel Blanquer veut demander aux profs de faire davantage d’heures supplémentaires. Il envisage même de toucher au statut des enseignants pour les contraindre à deux heures supplémentaires au lieu d’une si besoin est. « Les heures supplémentaires seront exonérées de cotisations salariales, donc plus rémunératrices pour les professeurs. », a-t-il ajouté pour inciter les profs à accepter d’en faire. Mais dans les faits, une majorité d’enseignants en font déjà : « Les profs agrégés en font 2,2 heures supplémentaires par mois et les certifiés 1,3 heures, sachant que les profs qui sont en temps partiels ne peuvent pas donner d’heures supplémentaires. Comme le temps de travail des enseignants est en moyenne de 42 heures, on est au maximum de ce qu’on peut donner. », déclare Valérie Sipahimalani.

 

Même son de cloche chez Philippe Vincent, secrétaire général du syndicat des chefs d’établissement (SNPDEN) : « Certains profs font déjà beaucoup d’heures supplémentaires en lycée et je doute qu’ils puissent en assurer davantage. C’est moins le cas au collège où les enseignants en font moins car la gestion des élèves y est plus difficile. Auront-ils davantage envie d’en assurer ? », s’interroge-t-il. Par ailleurs, rien n’assure à Jean-Michel Blanquer que les profs de maths et de français pourront faire d’autres heures supplémentaires que celles qu’ils font déjà : « Il existe une pénurie de profs sur ces disciplines, donc les enseignants de ces spécialités sont déjà sursollicités. », explique Valérie Sipahimalani.

 

 

Certains profs en sous-service pourraient-ils être amenés à travailler plus ?

« Il y a aujourd’hui des gens qui sont en sous-service. L’autre jour, j’ai vu un prof qui faisait 10 heures au lieu de 18 heures, ce n’est évidemment pas normal. », a déclaré ce lundi Jean-Michel Blanquer sur France Inter en sous-entendant que ces enseignants seraient davantage mis à contribution. Des mots qui ont fait bondir les syndicats : « Il n’existe que quelques rares cas de profs en sous-service qui exercent dans des disciplines peu choisies (l’allemand, l’italien…) Et généralement, ils sont en poste partagé sur trois établissements. Et quand ils n’ont pas fait toutes leurs heures de service, ils prennent en charge les séances de devoirs faits ou d’accompagnement personnalisé. On ne pourra donc pas les mobiliser beaucoup plus. », s’insurge Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa.

 

 

Ces suppressions de postes vont-elles affecter le volant des remplaçants ?

« Sans doute car le vivier de remplaçants ​ est toujours la variable d’ajustement quand les temps sont durs. », constate Philippe Vincent. Un avis partagé par Stéphane Crochet, « Prendre des remplaçants pour les affecter en poste fixe dès la rentrée, c’est ce qui se voit le moins lorsqu’on doit supprimer des postes. Du coup, on peut imaginer qu’on aura davantage recours aux contractuels pour assurer les remplacements. », prévoit-il.

 

 

Le privé va-t-il aussi morfler ?

Oui. « Il y a aussi les suppressions que nous ferons dans l’enseignement privé, 20 % (…) cela touche dans cette proportion-là l’enseignement privé. », a précisé le ministre sur France Inter.

 

 

Est-ce que d’autres coupes sont à prévoir dans les années à venir ?

C’est à craindre car Emmanuel Macron avait promis lors de la campagne présidentielle de supprimer 120.000 postes dans l’ensemble des trois versants de la fonction publique au cours du quinquennat, le Premier ministre Édouard Philippe avait déclaré au mois d’août que 4.500 postes seraient supprimés dans la fonction publique d’État en 2019 et plus de 10.000 en 2020. « Les années suivantes risquent d’être encore plus douloureuses en matière de suppressions de postes. Par ailleurs c’est un très mauvais signal envoyé aux jeunes qui avaient l’intention de se diriger vers les métiers de l’enseignement. Car certains peuvent y renoncer en craignant de ne pas avoir de place au concours. », estime Stéphane Crochet.

 


 

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Emmanuel Macron & Jean-Michel Blanquer

Emmanuel Macron & Jean-Michel Blanquer

 


 

Source :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Michel_Blanquer

https://www.20minutes.fr/societe/2337647-20180917-suppressions-postes-education-vraiment-consequences-profs-eleves

 

Vidéo :

[1] Suppression de postes dans l’Education Nationale : «Très inquiétant» pour Yannick Trigance – RT France / YouTube

 

Voir en complément :

Des RH dans les écoles pour recruter les professeurs ? La privatisation de l’école en marche (Vidéo)

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