Prédire les crimes et les délits : les dessous de la police prédictive [Vidéo]

 

Police prédictive - 1

 

 

Aussi science-fictionnesque qu’elle puisse paraître, la prédiction des crimes et des délits avec des outils algorithmiques existent déjà dans certaines villes du monde. Ce n’est pas un scoop récent : on en parle dans la presse depuis quelques années (ce qui a remis Minority Report au goût du jour chez beaucoup de monde). Et si ce n’est pas un secret, c’est aussi parce que les autorités qui les utilisent ne s’en cachent pas et déroulent ouvertement leur argumentaire.

 

Pour ceux qui auraient loupé le coche, le documentaire allemand Prédire les crimes de Monika Hielscher et Matthias Heeder, coproduit et diffusé par Arte (disponible ici jusqu’au 31 octobre 2018), entend faire le point sur la question en 1h26. Il constituera un excellent point de départ de réflexions aussi moroses que celles suscitées par le visionnage d’un épisode de Black Mirror.

 

L’enquête nous emmène dans trois pays : les États-Unis, l’Angleterre et l’Allemagne. Avec des méthodes différentes, certaines des équipes de police locales (pas toutes, bien sûr) brassent et tentent de faire parler des millions de données pour essayer de « prédire » soit les lieux où de futurs délits pourraient être commis, soit le comportement possiblement déviant de certains individus ciblés par les algorithmes.

 

Pour le premier type de prédictions, direction l’Allemagne avec le logiciel PredPol, qui permet, en fonction des localisations des cambriolages passés, d’anticiper les prochains larcins. Pour le second, destination l’État de Chicago et Londres avec la présentation respectivement des systèmes « SSL » et « Matrix« . Le premier permet notamment de donner une note, de 0 à 500, sur la potentielle violence d’un individu.

 

Puisqu’on est sur Arte, le documentaire fait un récapitulatif de toutes les critiques que l’on peut adresser à ces outils, en interviewant universitaires, militants ou… victimes (dans ce cas, deux Noirs pointés du doigt à tort par les logiciels). Opacité des algorithmes, prédictions erronées, biais racistes, inefficacité… La liste des récriminations est longue, inéluctablement.

 

À la clé, cette grande question philosophique : voulons-nous vivre dans une société de surveillance basée sur des modèles mathématiques au mieux imparfaits, au pire biaisés, et au risque de « fabriquer » des délinquants ? Évidemment non, disent les détracteurs. Quant aux policiers, malheureusement, on ne saura pas vraiment ce qu’ils en pensent, leurs témoignages consistant principalement à faire la démonstration de leur joujou.

 

 

Police prédictive - 2

 

 

On regrettera deux grands absents

La Chine, à peine évoquée, et qui pourtant rêve d’une société 100 % surveillée, et au moins quelques acteurs de la Silicon Valley, qu’il s’agisse des maîtres proclamés de la surveillance (on pense à Palantir) ou, plus prosaïquement, des maîtres de nos données, ces Facebook, Google et Amazon qui nous accompagnent au quotidien, qui connaissent nos vies, alors que nous les connaissons si peu.

 


 

Time : 33 mn 19 / [1/1]

 


 

Jusqu’où peut aller la surveillance électronique ?

 

 

La réponse nous est sans doute donnée par la Chine, chef de file mondial dans l’utilisation de l’intelligence artificielle à des fins sécuritaires. Le gouvernement chinois dispose d’un outil informatique pour prévenir les risques de soulèvement de sa population, un logiciel alimenté par les nombreuses données accessibles sur ses citoyens puisées dans les réseaux sociaux : leur emploi du temps, leurs relations personnelles, leurs préférences partisanes, leurs passe-temps et leurs habitudes de vie.

 

Les limites du champ d’application de la prédiction préventive sont sans cesse repoussées. Le développement conjoint de l’informatique, de l’intelligence artificielle, des systèmes d’information biométriques et d’Internet permet de rendre possible ce qui eut été inconcevable il y a seulement une vingtaine d’années : donner aux agences de sécurité et aux gouvernements la possibilité de connaître et d’anticiper les comportements de tous les citoyens et pas seulement les auteurs d’actions criminelles ou terroristes.

 


 

Minority Report

Image extraite du film « Minority Report » (2002)

 


 

Source :

https://en.wikipedia.org/wiki/Predictive_policing

https://www.arte.tv/fr/videos/061675-000-A/predire-les-crimes/

https://reseauinternational.net/la-police-predictive-debarque-en-france/

http://www.courrier-picard.fr/88625/article/2018-02-04/sous-le-capot-de-la-police-predictive

http://www.konbini.com/fr/tendances-2/documentaire-arte-devoile-dessous-police-predictive/

https://www.lepoint.fr/societe/faut-il-faire-confiance-a-la-police-predictive-23-09-2016-2070816_23.php

 

Article :

Konbini

 

Vidéo :

[1] USA : les algorithmes devins du crime – Envoyé spécial – Neo.Entreprise / YouTube

 

Photo :

Pour illustration

15 commentaires

  1. sciences de l’anticipation versus sciences de l’impact… c’est vers la première qu’il est aujourd’hui demandé aux scientifiques de tendre… dans tous les domaines … Je retrouve de cela dans votre post… Passez une belle journée

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  2. L’accroissement de la technologie dans notre société n’a pas pour l’instant amélioré son coté sécurité. A partir du moment ou le civisme décroit dans le pays, ou l’on relâche des criminels (Mauranne et Laura à Marseille en 2017), ou il y a généralement plus une volonté de communication pour mieux « rouler » le chaland que de recherche d’harmonie, on consent déjà à la multiplication des délits. Il existe déjà une technique qui permet de faire baisser systématiquement et sans faire appel à un quelconque civisme, les crimes et les délits, en réduisant naturellement les tendances négatives dans la société. (Voir ci-dessous, mais nous en avions déjà parlé).
    Si nous ne voulons ni du civisme, ni de cette technique, ni traiter les criminels en criminels, cela devient compliqué (un peu comme vouloir rentrer à l’université sans préparer le bac mais en cherchant désespérément la combine qui nous permettra d’y arriver). Autant dire que cela correspond à répondre OUI à la question : « Voulons-nous vivre dans une société de surveillance qui brasse des millions de données (ça coûte cher) pour « essayer » (c’est aléatoire) de « prédire » (prédire n’est pas guérir) soit les lieux, soit le comportement (ça n’a pas l’air simple) de certains individus ciblés par les algorithmes ? »

    « Baisse de la criminalité à Washington DC en 1993.
    Durant l’été 1993, un groupe de scientifiques a prédit que la pratique de la méditation transcendantale effectuée par pas moins de 4 000 personnes réduirait de 20% la criminalité violente (assassinats, viols et agressions sexuelles) à Washington.
    L’annonce a aussi été faite à la télévision et sur de nombreux médias, dont CNN, Associated Press, le Washington Post et le Washington Times. »
    https://aphadolie.com/2017/11/10/meditation-transcendantale-baisse-de-la-criminalite-a-washington-dc-en-1993/

    « Baisse inattendue de la criminalité dans plusieurs villes aux États-Unis : La presse américaine s’en fait l’écho »
    http://www.mt-maharishi.com/actualites_baissecriminalite.html

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    • Les conséquences négatives sont à prévoir mais nous en serons nous mêmes demandeurs car tout sera mis en place pour que nos sociétés tombent dans le chaos sociétal.

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    • C’est un algorithme révolutionnaire (imaginaire) qui sort régulièrement le nom d’une personne qui va en théorie être assassinée. L’ordinateur se sert de toutes les informations qu’il collecte partout ainsi que de celles qu’il récupère grâce à la vidéo surveillance. Il possède de plus une bienveillance quasi humaine sauf quand on le dérègle bien sur et là est le problème aussi. Une équipe avec celui qui l’a conçu essaye de contrecarrer ses pronostics…

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