Le 9 juillet 1849, à l’Assemblée nationale, le romancier s’adressait à ses collègues députés dans un discours vibrant et musclé.
Victor Hugo (1802 – 1885), poète, dramaturge, prosateur romantique et député français
Alors que la misère est toujours de ce monde et que certains continuent de mourir sous les décombres de leurs logements délabrés, voici un texte ancien mais toujours d’actualité. On le doit au célèbre Victor Hugo… et il serait bon de ne point l’oublier.
« Je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère. » Ce discours, Victor Hugo l’avait déclamée à L’Assemblée nationale. C’était le 9 juillet 1849, alors qu’il était député. Pour se le remettre à l’oreille et, surtout, dans la tête, le voici rejoué par les acteurs Cécile Bois, Patrick Chesnais, Alexandre Philip, Liliane Rovère et Guillaume de Tonquédec. C’est puissant, ça prend aux tripes et ça nous rappelle malheureusement que le travail n’a toujours pas été fait et que le combat continue.
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« Je ne suis pas, messieurs, de ceux qui croient qu’on peut supprimer la souffrance en ce monde ; la souffrance est une loi divine ; mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère.
Remarquez-le bien, messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. La misère est une maladie du corps social comme la lèpre était une maladie du corps humain ; la misère peut disparaître comme la lèpre a disparu. Détruire la misère ! Oui, cela est possible ! Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n’est pas fait, le devoir n’est pas rempli.
La misère, messieurs, j’aborde ici le vif de la question, voulez-vous savoir jusqu’où elle est, la misère ? Voulez-vous savoir jusqu’où elle peut aller, jusqu’où elle va, je ne dis pas en Irlande, je ne dis pas au Moyen Âge, je dis en France, je dis à Paris, et au temps où nous vivons ? Voulez-vous des faits ?
Mon Dieu, je n’hésite pas à les citer, ces faits. Ils sont tristes, mais nécessaires à révéler ; et tenez, s’il faut dire toute ma pensée, je voudrais qu’il sortît de cette assemblée, et au besoin j’en ferai la proposition formelle, une grande et solennelle enquête sur la situation vraie des classes laborieuses et souffrantes en France. Je voudrais que tous les faits éclatassent au grand jour. Comment veut-on guérir le mal si l’on ne sonde pas les plaies ?
Voici donc ces faits.
Il y a dans Paris, dans ces faubourgs de Paris que le vent de l’émeute soulevait naguère si aisément, il y a des rues, des maisons, des cloaques, où des familles, des familles entières, vivent pêle-mêle, hommes, femmes, jeunes filles, enfants, n’ayant pour lits, n’ayant pour couvertures, j’ai presque dit pour vêtement, que des monceaux infects de chiffons en fermentation, ramassés dans la fange du coin des bornes, espèce de fumier des villes, où des créatures s’enfouissent toutes vivantes pour échapper au froid de l’hiver.
Voilà un fait. En voulez-vous d’autres ? Ces jours-ci, un homme, mon Dieu, un malheureux homme de lettres, car la misère n’épargne pas plus les professions libérales que les professions manuelles, un malheureux homme est mort de faim, mort de faim à la lettre, et l’on a constaté, après sa mort, qu’il n’avait pas mangé depuis six jours.
Voulez-vous quelque chose de plus douloureux encore ? Le mois passé, pendant la recrudescence du choléra, on a trouvé une mère et ses quatre enfants qui cherchaient leur nourriture dans les débris immondes et pestilentiels des charniers de Montfaucon !
Eh bien, messieurs, je dis que ce sont là des choses qui ne doivent pas être ; je dis que la société doit dépenser toute sa force, toute sa sollicitude, toute son intelligence, toute sa volonté, pour que de telles choses ne soient pas ! Je dis que de tels faits, dans un pays civilisé, engagent la conscience de la société tout entière ; que je m’en sens, moi qui parle, complice et solidaire, et que de tels faits ne sont pas seulement des torts envers l’homme, que ce sont des crimes envers Dieu !
Voilà pourquoi je suis pénétré, voilà pourquoi je voudrais pénétrer tous ceux qui m’écoutent de la haute importance de la proposition qui vous est soumise. Ce n’est qu’un premier pas, mais il est décisif. Je voudrais que cette assemblée, majorité et minorité, n’importe, je ne connais pas, moi de majorité et de minorité en de telles questions ; je voudrais que cette assemblée n’eût qu’une seule âme pour marcher à ce grand but, à ce but magnifique, à ce but sublime, l’abolition de la misère !
Et, messieurs, je ne m’adresse pas seulement à votre générosité, je m’adresse à ce qu’il y a de plus sérieux dans le sentiment politique d’une assemblée de législateurs ! Et à ce sujet, un dernier mot : je terminerai par là.
Messieurs, comme je vous le disais tout à l’heure, vous venez avec le concours de la garde nationale, de l’armée et de toute les forces vives du pays, vous venez de raffermir l’État ébranlé encore une fois. Vous n’avez reculé devant aucun péril, vous n’avez hésité devant aucun devoir. Vous avez sauvé la société régulière, le gouvernement légal, les institutions, la paix publique, la civilisation même. Vous avez fait une chose considérable… Eh bien ! Vous n’avez rien fait !
Vous n’avez rien fait, j’insiste sur ce point, tant que l’ordre matériel raffermi n’a point pour base l’ordre moral consolidé ! Vous n’avez rien fait, tant que le peuple souffre ! Vous n’avez rien fait, tant qu’il y a au-dessous de vous une partie du peuple qui désespère ! Vous n’avez rien fait, tant que ceux qui sont dans la force de l’âge et qui travaillent peuvent être sans pain ! Tant que ceux qui sont vieux et ont travaillé peuvent être sans asile ! Tant que l’usure dévore nos campagnes, tant qu’on meurt de faim dans nos villes, tant qu’il n’y a pas des lois fraternelles, des lois évangéliques qui viennent de toutes parts en aide aux pauvres familles honnêtes, aux bons paysans, aux bons ouvriers, aux gens de cœur ! Vous n’avez rien fait, tant que l’esprit de la révolution a pour auxiliaire la souffrance publique ! Vous n’avez rien fait, rien fait, tant que dans cette œuvre de destruction et de ténèbres, qui se continue souterrainement, l’homme méchant a pour collaborateur fatal l’homme malheureux ! »
Pourvu que ces mots guident un jour l’action des politiques et, plus largement, l’action de tous les gens de pouvoir. L’humanité le mérite.
Victor Hugo (1802 – 1885), poète, dramaturge, prosateur romantique et député français
Source :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Victor_Hugo
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k374560/f288
https://positivr.fr/detruire-la-misere-discours-victor-hugo-video/
Article :
Positivr.fr
Vidéo :
[1] Détruire la misère, discours de Victor Hugo à l’Assemblée nationale – France 2 / Facebook
Photo :
Pour illustration
A reblogué ceci sur La santé sous toutes ses formes.
C’est très beau, c’est très actuel, c’est Le Plus Important.
Plutôt cela concerne le sous-produit de ce qui est essentiel.
Aujourd’hui nous l’appellerons : l’intention. Savoir ce que l’on veut.
Ce qui nous considérons comme primordial, naturel, absolu.
L’intention a été déjà commentée dans toute une littérature,
et visiblement pas assez de personnes l’on cultivé dans le bon sens.
Ces quelques phrases lucides de Victor Hugo nous mettent sur la voie.
Car au-delà des tergiversations, les faits, le résultats montrent
ce que nous considérons comme essentiel et ou nous en sommes :
« tant que l’ordre matériel raffermi n’a point pour base l’ordre moral consolidé !
Vous n’avez rien fait, tant que le peuple souffre ! »
« tant que le possible n’est pas fait, le devoir n’est pas rempli. »
« la conscience de la société tout entière »
« qu’une seule âme pour marcher à ce grand but »
« La Science de l’intention » – Lynne McTaggart
« Le pouvoir de l’intention – Réalisez tous vos désirs en vous connectant à l’intelligence universelle. » – Wayne W. Dyer
« Plus nous sommes attachés aux personnes,aux choses,aux idées et aux émotions,moins nous pouvons vivre ces phénomènes de façon authentique. »
« Vous n’êtes pas un être humain qui vie une expérience spirituel , vous êtes un être spirituel qui vie une expérience humaine. »
« Ce que l’on peut attendre du monde est en grande partie puéril et illusoire. Lao-Tseu vous presse de regarder dans votre cœur et d’examiner ce qui est vraiment important. »
« D’après nos études,il semble que le fait d’aligner buts et valeurs sur des schémas d’énergie supérieure est étroitement associé à l’expression du génie.Cette conclusion correspond parfaitement à la compréhension et à la mise en œuvre du pouvoir de l’intention.Utilisez votre énergie pour harmoniser vos vibrations avec celles de la Source.Apprenez à apprécier la vie et refusez toute pensée de haine,d’anxiété,de colère et de dépréciation. »
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Merci pour votre visite et commentaire.
M. Hugo, un grand homme ! Cette vidéo était une puissance, dommage que la musique n’allait pas en fond, il aurait fallut mettre quelque chose en crescendo, pour aller avec la monter du discours.
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Effectivement, le fond sonore n’est pas vraiment adapté et un(e) seul(e) narrateur aurait été peut-être plus appréciable. Mais l’essentiel est là. Merci pour votre commentaire.
la souffrance ne disparaitra malheureusement jamais, mais si on y mettait un peu plus de volonté d’action on pourrait l’atténuer un peu tous les jour
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Je partage malheureusement ton point de vue Nuage. J’aurais préféré le contraire mais le constat s’imposant de lui-même à travers l’histoire… Difficile de faire l’autruche.
Quel magnifique texte que tu replaces dans son texte d’actualité! Et pourtant même lui n’a pas pu faire changer les choses. Parce que si la souffrance est une loi divine, la misère est l’ordonnance de nos docteurs.
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Très bonne allégorie Pat (la fin de ton texte). Je te remercie pour ta visite et commentaire.
Si l’on écoute certains historiens ou essayistes, c’était le bobo bien pensant de l’époque.
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Il y a les paroles et les actes. Hugo était dans le premier groupe. Si la parole ou l’intention n’est pas suivi par l’action (les actes). Les résultats sont très peu réalisés.
BRAVO EXACT Aphadolie:)
y’a un roi Indien (si je me trompe pas) qui disait qu’on peut mesurer le degré de l’avancée d’une civilisation au traitement fait aux pauvres, vieux et aux animaux… j’ai honte. Et c’est pas parce qu’on a des iPad qu’on est effectivement plus évolués
Cette citation me parle mais je ne sais plus de qui elle est.
on est deux alors! XD
Je en vois toujours pas où je l’ai lu…. C’est terrible de perdre ainsi la mémoire.
Si l’homme pouvait changer il le ferait sûrement, mais il n’a pas eu d’autre choix que d’être né homme !
Certes mais nous avons le choix (bien, mal), la moral, les valeurs, etc… A chacun de savoir s’il veut une certaine éthique ou s’il désire qu’obéir à ses instincts primaires.
Nous sommes tout cela. On peut être bon dans l’ordinaire de la vie et soudain quelque chose vous touche quelque part qui peut vous transformer en un monstre. Le bien, le mal… tout est relatif selon où on se place et qui en décide.
C’est juste.
Désolé si je me suis mal exprimé.
Victor Hugo, l’historien Michel Winock vient de publier un livre sur cet homme au talent immense ! Je l’ai toujours admiré, bon weekend et merci du partage 🙂
Merci pour l’information.
Je vous souhaite également un bon week-end.