Traité chinois – 三十六计 : Thirty-Six Stratagems | Les 36 stratagèmes – San Shi Liu Ji [Vidéos]

 

Jeu d_échec – Surréaliste - 1

 

Les 36 stratagèmes

 

 

Des nombres d’abord, puis une forme en surgit, une forme qui est seulement un arrangement de nombres (car l’art et le tour de main, ici, reposent sur des calculs précis).

 

Quand le grand carré a été réparti en paires Yin et Yang (de formations complémentaires sur ses quatre faces ou sur ses quatre angles) un « petit reste » demeure dans l’espace, au centre et attend l’occasion

 

(Qu’en faire ? Nul ne peut le savoir encore …)  et il est inutile d’échafauder le stratagème auparavant.

 

Il manquerait son but.

 

 

Présentation :

En 1939, sur un marché de Chine du Nord, un officiel du Guomindang découvre un livre de recettes d’immortalité. A la fin de l’ouvrage se trouve un court traité de stratégie : Les 36 stratagèmes. Ce recueil secret datant probablement de l’époque de la dynastie des Ming (1366-1610) offre un tableau exhaustif de toutes les ruses et des différentes méthodes, accompagnées de commentaires, qui permettent de les interpréter en termes de stratégie militaire. Manuel de guérilla ou traité de philosophie inspiré du Livre des mutations (Yijing), il permet de faire face à toutes les situations conflictuelles, et de l’emporter sur l’adversaire, jusque dans les batailles presque perdues : Rien dans les mains / Rien dans les poches / Ruse des mauvais jours / Ruse des ruses / Le Yiking dit : « A la frontière en force et faiblesse. » Cf. la traduction française de François Kircher.

 

Reconnue le plus souvent pour sa littérature philosophique, morale ou poétique, la Chine a produit aussi une importante littérature militaire, dont « L’Art de la Guerre » de Sun Zi est le représentant le plus illustre. Il peut sembler à l’amateur que les sinologues ont rarement inclus ce terrain dans leurs recherches. Pourtant, les businessmen ou les joueurs d’aujourd’hui, outre quelques proverbes faussement attribués à Confucius, connaissent de la Chine avant tout le Sunzi, et l’ont lu. Tous les chemins sont bons pour qui découvre une autre culture. La lecture de ce petit « recueil d’exceptions », de ce vade-mecum de ruses passablement diaboliques, incarnées chacune dans un proverbe courant se référant la plupart du temps à une vieille anecdote de l’Histoire militaire chinoise ; l’approfondissement nécessaire à sa compréhension mèneront le lecteur vers diverses autres parties de la culture chinoise, comme le fameux « Livre des Mutations », « La rude philosophie légiste et ses fables machiavéliques » répertoriés par Hanfei Zi, ou bien « L’Histoire des Trois royaumes ». On peut aussi orienter ses recherches vers les Chengyu, ces innombrables proverbes en quatre caractères dont s’émaille aujourd’hui encore la langue écrite et parlée, qui sont comme des résidus de la distillation par les siècles de la culture chinoise, et qui servent de titres aux trente-six stratagèmes.

 

Le commun des lecteurs n’étant pas roi, ni même général, il pourra se contenter de consulter cet étrange opuscule en y cherchant matière à réflexion sur, par exemple, le hacking, la pratique du jeu de Go, des arts martiaux, les stratégies commerciales, l’infinie réversibilité de la tromperie, la crudité de la condition humaine, ou même sur les problèmes actuels de géopolitique.

 

 

Découpage du texte

Le traité est introduit par une courte préface intitulée « Six par six : trente-six » qui révèle les influences de la numérologie chinoise dans le choix du découpage en chapitre du texte qui suit. Ainsi, le corps du document est découpé en six chapitres, eux-mêmes subdivisés en six sous-chapitres. Chaque sous-chapitre est introduit par une courte maxime, suivie d’un commentaire explicatif qui en donne l’interprétation.

 

  1. 六六三十六 Six par six : trente-six
  2. 勝戰計 Plans pour les batailles déjà gagnées

 

 

1. 瞞 天 過 海 « Traverser la mer sans que le ciel le sache » : Ce qui est familier n’attire pas l’attention. La lettre volée d’Edgar Poe est visible, donc elle n’est pas secrète. Plutôt que de se protéger, user des représentations des autres pour mettre un projet en sécurité.

 

2. 圍魏救趙 « Assiéger Wei pour secourir Zhao » : Construire la victoire en se réglant sur les mouvements de l’ennemi. L’offensive de Wei sur Zhao crée l’occasion d’une attaque dans le vide de la défense de sa capitale2. Plutôt que de se soumettre aux passions et aux initiatives de l’autre, être en réaction… profiter des vides, qui appellent des pleins, dans le système de forces de l’autre.

 

3. 借 刀 殺 人 « Assassiner avec une épée d’emprunt » : Si tu veux réaliser quelque chose, fais en sorte que d’autres le fassent pour toi. Plutôt que de faire le travail en s’exposant à des contres de la part des autres, user des logiques d’autres acteurs et les orienter (les composer) pour qu’elles travaillent pour soi sans qu’ils le sachent.

 

4. 以逸待勞 « Attendre en se reposant que l’ennemi s’épuise » : Le stratège attire l’ennemi, il ne se fait pas attirer par lui. Le président sortant, candidat à sa réélection, attend que les prétendants épuisent leurs cartouches avant de se déclarer en connaissance de cause et de l’emporter. Plutôt que de se hâter dans une confrontation pleine d’ardeurs, de dispositifs offensifs et de… attendre la décrue des attaques pour s’avancer en terrain connu et dégagé (sans surprise).

 

5. 趁火打劫 « Profiter de l’incendie pour piller et voler » : La première tâche consiste à se rendre invincible, les occasions de victoire sont fournies par les erreurs adverses. Un politique ambitieux s’engage dans le camp défait (vide) car plus porteur à terme que celui de la victoire (plein). Plutôt que de s’exposer et se risquer dans l’attaque d’acteurs installés, profiter des moments de faiblesse pour s’emparer des valeurs.

 

6. 聲東擊西 « Bruit à l’est ; attaque à l’ouest » : Celui qui sait quand et où s’engager, fait en sorte que l’autre ignore où et quand se défendre. La cité assiégée impatiente qui attend depuis longtemps de connaître la direction de l’offensive n’est plus critique sur les signaux qu’elle reçoit enfin. Plutôt que de se soumettre aux attentes des autres en leur envoyant les signaux qu’ils attendent, exacerber leurs conditions d’attente de sorte qu’ils ne soient plus à même d’être critiques lorsqu’une information leur est livrée.

 

  1. 敵戰計 Plans pour les batailles indécises
  2. 無中生有 « Créer quelque chose ex nihilo »
  3. 暗渡陳倉 « L’avancée secrète vers Chencang »
  4. 隔岸觀火 « Regarder le feu depuis l’autre rive »
  5. 笑裡藏刀 « Dissimuler une épée dans un sourire »
  6. 李代桃僵 « La prune remplace la pêche dans l’impasse »
  7. 順手牽羊 « Emmener la chèvre en passant »

 

 

III. 攻戰計 Plans pour les batailles offensives

  1. 打草驚蛇 « Battre l’herbe pour effrayer le serpent »
  2. 借屍還魂 « Faire revivre un corps mort »
  3. 調虎離山 « Attirer le tigre hors de la montagne »
  4. 欲擒故縱 « Laisser s’éloigner pour mieux piéger »
  5. 拋磚引玉 « Se défaire d’une brique pour attirer le jade »
  6. 擒賊擒王 « Pour prendre des bandits d’abord prendre leur chef »

 

 

  1. 混戰計 Plans pour les batailles à partis multiples
  2. 釜底抽薪 « Retirer le feu sous le chaudron »
  3. 混水摸魚 « Troubler l’eau pour prendre le poisson »
  4. 金蟬脫殼 « Le scarabée d’or opère sa mue »
  5. 關門捉賊 « Verrouiller la porte pour capturer les voleurs »
  6. 遠交近攻 « S’allier avec les pays lointains et attaquer son voisin »
  7. 假途伐虢 « Demander passage pour attaquer Guo »

 

 

  1. 併戰計 Plans pour les batailles d’union et d’annexion
  2. 偷樑換柱 « Voler les poutres, échanger les piliers »
  3. 指桑罵槐 « Injurier l’acacia en désignant le mûrier »
  4. 假癡不癲 « Jouer l’idiot sans être fou »
  5. 上屋抽梯 « Monter sur le toit et retirer l’échelle »
  6. 樹上開花 « Sur l’arbre les fleurs s’épanouissent »
  7. 反客為主 « Changer la position de l’invité et de l’hôte »

 

 

  1. 敗戰計 Plans pour les batailles presque perdues.
  2. 美人計 « Le piège de la belle »
  3. 空城計 « Le piège de la ville vide »
  4. 反間計 « Le piège de l’agent double »
  5. 苦肉計 « Faire souffrir la chair »

 

 

35. 連環計 « Les stratagèmes entrelacés » 

Transforme la force de l’ennemi en faiblesse ;

Conduis-le jusqu’à ce que son orgueil le fasse chuter ;

Un jeu de stratagèmes liés (une série de stratagèmes) ;

Amène ton ennemi à la défaite.

 

Ne pas affronter un ennemi aux multiples généraux et nombreux soldats. Affaiblir leur position en faisant en sorte que ces troupes se gênent et s’immobilisent elles-mêmes. Le général raffermit son pouvoir sur l’armée.

 

Bonne fortune avec la bénédiction du ciel. *

 

Une victoire résulte souvent d’un plan de bataille circonspect consistant en plusieurs ruses interconnectées. Mis en œuvre avec promptitude, ils entraînent une réaction en chaîne qui démoralise, affaiblit et, finalement défait les troupes ennemies. Typiquement, deux opérations conjointes sont entreprises. La première vise à réduire la marge de manœuvre adverse, et la seconde à annihiler sa force effective.

 

Les stratagèmes entrelacés ont trouvé leur application la plus efficace dans les combats contre les unités de cavalerie, dont la puissance est évidemment liée à la mobilité. Confronté à l’ennemi dès le matin, vous pouvez le défier, le combattre et feindre la défaite. Après vous être replié à quelque distance, vous faites volte-face, lancez un défi et feignez encore une fois d’être vaincu et faites de nouveau retraite. Cherchant avidement l’action décisive, l’ennemi vous poursuivra résolument, sans prendre le temps de se reposer. Parallèlement, si vous avez au préalable planifié ces retraites successives, vous pourrez utiliser les intervalles pour nourrir et faire se reposer vos troupes. A la tombée de la nuit l’ennemi sera épuisé et affamé. Pour la dernière fois, feignez la défaite, et éparpillez des marmites de haricots cuits sur le sol. Quand la cavalerie ennemie arrivera, les chevaux seront attirés par l’odeur de la nourriture et s’arrêteront pour manger. Une grande victoire s’offrira à vous si vous contre-attaquez à ce moment précis.

 

N.B. : D’autres commentateurs insistent sur le fait de pousser l’adversaire à se piéger lui-même, à transformer ses forces en entraves, notamment en retournant les ruses de l’ennemi contre lui.

 

* Se rapporte à l’hexagramme n°7 du Yi Jing : Shi (l’armée) (Cf. Stratégie Vingt-Six)… Est ici symbolisé un général qui acquiert l’autorité indispensable simplement en accomplissant son devoir…

 

En travaillant au sein de l’armée, il reçoit l’aide et l’assistance de ses hommes et officiers. Il peut alors avoir confiance en sa troupe.

 

36. 走為上計 « Courir est le meilleur choix »

 


 

Le 35ème stratagème…

Time : 13 mn 20 / [1/2]

 


 

Time : 1 h 38 mn / [2/2]

 


 

Total war - Three kingdoms

 


 

Source :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Sun_Tzu

Fr : https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_36_stratagèmes

En : https://en.wikipedia.org/wiki/Thirty-Six_Stratagems

http://wengu.tartarie.com/wg/wengu.php?l=36ji&lang=fr

En : https://en.wikipedia.org/wiki/Sun_Zi_Bing_Fa_Yu_San_Shi_Liu_Ji

PDF : http://www.taopratique.fr/wp-content/uploads/Les_trente-six_strategies.pdf

PDF : https://chinesereferenceshelf.brillonline.com/grand-ricci/files/36-stratagemes.pdf

 

Article :

Wengu Tartarie / Wikipedia / Doc Mac Jr

 

Vidéo :

[1] Qu’est-ce que le stratagème des chaînes ? Et comment les USA l’utilisent ? François Asselineau – Union Populaire Républicaine en Bref / YouTube

[2] Pierre Fayard : La Culture Stratégique Chinoise | Conférence à l’ILERI – ILERI / YouTube

 

Photo :

Pour illustration

 

Voir notamment :

Le stratagème des chaînes [Vidéo]

Pour détruire un pays ! – Sage chinois

 

Ouvrage :

Les 36 stratagèmes : Traité secret de stratégie chinoise – François Kircher – Editions du Rocher – Édition : Nouvelle. (2003)

270 pages

Langue : Français

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