Macron ou l’Orgie des Ultra-Riches [Vidéos]

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le media

Capture d’écran (vidéo 1)

 

 

Synopsis :

L’enquête des Pinçon-Charlot, « Le Président des riches », paru en 2010 est sans doute un des coups symboliques les plus rudes qui aient été porté à la présidence de Nicolas Sarkozy.

 

Aujourd’hui le célèbre couple de sociologues publie « Le Président des ultra-riches », un livre qui ne contribuera pas à réconcilier les Français avec Emmanuel Macron, en pleine crise des Gilets Jaunes.

 

« Chronique du mépris de classe sans la politique d’Emmanuel Macron », est-il sous-titré. Ils y détaillent le parcours du « leader des marchés libres » comme l’avait surnommé le magazine Forbes, et les renvois d’ascenseurs constants en direction des plus nantis de ce Président choisi par la caste pour servir la caste.

 

La démonstration est féroce, implacable.

 

Aude Lancelin / Le Média

 


 

LE PRÉSIDENT DES ULTRA-RICHES

 

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Emmanuel Macron (pour illustration)

 

 

Chronique du mépris de classe dans la politique d’Emmanuel

 

 

 

Parce qu’Emmanuel Macron conteste l’étiquette de « président des riches » qu’on lui attribue, les sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot se proposent de démontrer, à partir des faits, la réalité de son projet politique profondément inégalitaire : multiplication des mesures en faveur des plus riches, payées par les classes populaires. Chronique d’une guerre de classe.

 

Ils commencent leur portrait par un florilège de paroles « où transpire, par l’insistance d’une violence verbale répétée, un mépris de classe chevillé au corps » : « La meilleure façon de se payer un costard c’est de travailler. », lâché à deux grévistes dans l’Hérault en mai 2017, « Une gare, c’est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien. », à la Station F de Xavier Niel le mois suivant, « Je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes. », en septembre depuis Athènes, etc.

 

« Les provocations d’Emmanuel Macron sont cohérentes : elles expriment à la fois la personnalité d’un dominant convaincu de sa supériorité et la violence d’une politique de classe. Car, sous les mots, il y a la réalité d’une action : une offensive lancée face aux classes populaires et aux acquis de leurs luttes, où les premières sont désignées comme des coupables à mater et les secondes comme des fardeaux à supprimer. »

 

Ils énumèrent et analysent différentes mesures qui coûtent au contribuable « un pognon de dingues » (expression que Macron a utilisé à propos des minima sociaux) :

 

  • Suppression de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF) en octobre 2017 alors qu’elle n’était prévue que pour 2019. Sortent de l’assiette de l’impôt les valeurs mobilières, les bijoux, les voitures de luxe, les chevaux de course, les lingots et est créée symboliquement une taxe sur les yachts qu’un simple montage financier suffira à éviter (celui de Bernard Arnaud est la propriété d’une société écran immatriculée à Malte par exemple). L’ISF a rapporté 5,4 milliards d’euros en 2017 contre 800 millions annoncés pour la nouvelle taxe. Par ailleurs, les dons aux associations caritatives se sont effondrés depuis qu’ils ne permettent plus de réduire l’ISF.

 

  • La défiscalisation des revenus du capital (flat tax) instaure un taux d’imposition unique (12,8%, mais habillement présenté à 30 en intégrant la CSG !) au lieu d’une imposition progressive (de 14 à 45%) par tranche. Cette baisse coûtera entre 1,3 et 5 milliards d’euros par an, selon les estimations.

 

  • Suppression de l’exit tax mise en place en 2011 pour dissuader l’exil fiscal et échapper à l’impôt sur la plus-value. Coût : entre 800 millions et 6 milliards.

 

  • Baisse progressive de l’impôt sur les sociétés de 33,3 à 25% d’ici 2022. Coût : 11 milliards d’euros par an.

 

  • Le Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi (CICE)coûte en moyenne 20 milliards d’euros chaque année et n’a pas entrainé de baisse du chômage mais une augmentation des dividendes. S’il est converti à partir de 2019 par une baisse des cotisations sociales patronales, son coût est doublé cette année-là puisque sera également remboursé le crédit d’impôt de 2018.

 

  • Allégement de la fiscalité sur l’attribution d’actions gratuites fin 2017.

 

  • Baisse de la taxe sur les salaires pour les entreprises non soumises à la TVA (ceux des traders par exemple) pour un coût de 250 millions d’euros chaque année.

 

  • Suppression de la quatrième tranche de la taxe sur les hauts salaires pour un manque à gagner de 137 millions d’euros par an.

 

 

Résultat de cette politique, les bénéfices des entreprises du CAC 40, les dividendes versés et les salaires des grands patrons (+14% entre 2017 et 2018 en moyenne) ont augmenté tandis que l’investissement a baissé. Le « dernier décile » des ménages, c’est-à-dire les 10% les plus riches, capteraient 46% des gains fiscaux.

 

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Les auteurs reviennent sur l’élection présidentielle :

Mal qualifié au premier tour, avec un peu moins de 18% des votes des inscrits, Emmanuel Macron doit en grande partie son score du second tour à un vote de barrage contre l’extrême droite.

 

Son parcours personnel est passé au crible, ainsi que sa stratégie d’accès aux plus hautes fonctions en passant « par la technocratie et le réseautage feutré plutôt que par la démocratie et l’engagement dans le débat public ». Son utilisation du Ministère de l’Économie comme « piste d’envol de sa candidature » et de fonds publics à différentes occasions, est décortiquée, ainsi que le financement de sa campagne électorale par des donateurs discrets et peu nombreux, des « ristournes » inhabituelles. Les cercles du pouvoir sont analysés comme un « entre soi » masqué, de « ceux qui se prétendent hors du système alors qu’ils s’en nourrissent depuis des décennies ».

 

Enquêteurs de terrain, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot se sont rendus au Touquet pour comprendre comment Emmanuel Macron a « inscrit sa position au sein de la confrérie des grandes familles » sur cette « base socio-spatiale ». Ils reviennent ensuite sur la « surmédiatisation artificielle », « l’une des opérations de construction de notoriété les plus fulgurantes de l’histoire de la politique française », véritable « blitzkrieg de l’image » qui a joué un rôle essentiel dans la diffusion du récit de « pseudo-disruption qui formait l’axe stratégique de cette campagne de communication : que tout change pour que rien ne change… ». Ils présentent la « caste au pouvoir » comme le « personnel politique de l’oligarchie » : quinze ministres ou secrétaires d’État millionnaires sur trente-deux, 43 collaborateurs ministériels sur 298 ont travaillé dans le lobbying et les conflits d’intérêts sont la règle plutôt que l’exception.

 

 

Les dépenses somptuaires pour la réfection et l’ameublement de l’Élysée, l’ « appropriation » de Versailles, le rétablissement des chasses présidentielles rejoignent les décisions politiques et témoignent d’une « dérive monarchique » d’un président qui revendique le cumul des fonctions et fragilise le principe de séparation des pouvoirs.

 

 

Le mépris de classe d’Emmanuel Macron est assumé : puisque les gens du peuple qui « ne sont rien », ne représentent que des coûts et des charges, sa politique prendra aux pauvres pour donner aux riches :

 

  • La baisse d’un milliard d’euros des crédits alloués aux emplois aidés suppriment près de 120 000 emplois en 2018, entraînant un vaste plan social dans les secteurs de la culture, de l‘aide aux personnes, du caritatif et du sport. Pourtant si chaque emploi de ce type coûtait effectivement 12 853 euros, un emploi créé ou sauvegardé grâce au CICE coûte entre 287 000 et 574 000 euros !

 

  • L’Aide Personnalisée au Logement (APL) a été réduite de 1,7 milliards d’euros, touchant 6 millions de familles. Comme le gouvernement a demandé aux offices HLM de diminuer en proportion les loyers, ceux-ci se retrouvent privés d’autant de recettes annuelles, pénalisant ainsi les nouvelles constructions. « Il s’agit d’affaiblir ces organismes afin de les forcer à se concentrer en quelques grosses structures déconnectées des collectivités locales pour pouvoir ouvrir leur capital aux investisseurs privés.»

 

  • Ponction de la CSG pour les retraites supérieures à 1200 euros mensuels.

 

  • La nouvelle loi travail facilite les licenciements, généralise le « CDI de chantier », plafonne les indemnités pour licenciement abusif, supprime les comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Cette destruction en règle du droit du travail postule que la fluidification des licenciements va doper l’embauche, ce qui n’a jamais été constaté ni démontré.

 

  • Le démantèlement de la SNCF condamne les petites lignes à la fermeture. De même que la remise en cause du statut de la fonction publique et la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires, participent à l’affaiblissement des services publics.

 

 

Dans le même temps, la lutte contre la fraude fiscale est assouplie alors même qu’elle s’aggrave et représente désormais 100 milliards d’euros de manque à gagner chaque année pour les finances publiques :

 

  • Les niches fiscales sont passées de 72,7 milliards d’euros en 2010 à 99,8 en 2018.

 

  • Le « droit à l’erreur » est instauré ainsi que différentes mesures permettant de payer des amendes dérisoires et d’échapper au pénal.

 

 

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Emmanuel Macron (pour illustration)

 

 

Les faux-semblants en matière de politique écologique sont également mis en lumière.

 

Cette enquête démontre « par des moyens sociologiques, en croisant le contenu de sa politique sociale et économique avec sa trajectoire sociobiographique et le maillage oligarchique de son pouvoir » qu’Emmanuel Macron est bel et bien le président des ultra-riches.

 

Si chaque mesure politique prise depuis son élection pourrait, plus ou moins, être défendue isolement et avec une mauvaise fois certaine, celle-ci ne résiste pas à l’étude de l’ensemble qui trahit une claire volonté d’enrichir les très riches aux dépends des plus pauvres et ne laisse aucun doute sur la réalité de cette guerre de classes.

 

La mise en lumière des faits et gestes, leur interconnexion est cruelle. Le vernis soudain s’effrite. Ne reste plus qu’à puiser dans cette mine d’arguments irréfutables et chiffrés pour empêcher les traditionnels éléments de langage de le reconstituer.

 

Bibliothèque Fahrenheit

 


 

Bonus : pour rappel

 

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Source :

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article161065

https://fr.wikipedia.org/wiki/Monique_Pinçon-Charlot

https://www.lemediatv.fr/lentretien-libre/26-macron-ou-lorgie-des-ultra-riches-monique-pincon-charlot/

https://bibliothequefahrenheit.blogspot.com/2019/01/le-president-des-ultra-riches-chronique.html#more

 

Article :

Bibliothèque Fahrenheit / Le Media Tv

 

Vidéo :

[1] Macron ou l’Orgie des Ultra-Riches – Le Média

[2] Vers un énorme scandale Macron – La Matrice

[3] « Les élus n’ont plus de pouvoir et voici votre avenir » – Jacques Attali – Mr Aphadolie

 

Biographie succincte :

Monique Pinçon-Charlot est une sociologue française. Elle est directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), rattachée à l’Institut de recherche sur les sociétés contemporaines (IRESCO) de l’université de Paris-VIII, jusqu’à son départ à la retraite, en 2007.

 

Elle travaille généralement en collaboration avec son mari Michel Pinçon, également sociologue

 

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Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot (pour illustration)

 

Livre :

« Le président des ultra-riches – Chronique du mépris de classe dans la politique d’Emmanuel Macron » / Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot / Éditions Zones – Paris – Janvier 2019 / (178 pages – 14 euros)

 

Voir notamment :

La fraude fiscale est une arme pour asservir le peuple – Monique Pinçon-Charlot [Vidéos]

6 commentaires

  1. Tout cet article m’amène à la citation du fabuliste latin Phèdre dans ses Fables à savoir  » Une grande âme méprise les richesses, parce qu’un riche coffre-fort est un obstacle au vrai mérite.  » … à méditer par qui devrait le faire 🙂

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  2. « Qu’il est difficile d’être le roi de la France. Je fais la sourde oreille à tout ce que le peuple me raconte et je me balade dans les Tuileries et je prends le métro. Et là le contrôleur il me dit vous avez votre ticket ? Rien à foutre j’suis le roi et j’t’emmeeeeeeeerde »

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