La novlangue, un instrument de domination [Vidéos]

 

Dictionnaire

 

 

Comment la langue peut-elle devenir un instrument de domination ? C’est la question que se pose George Orwell dans « 1984 » avec la novlangue imposée par le pouvoir. Jean-Jacques Rosat, professeur de philosophie et éditeur, explique comment Orwell tente de nous prévenir des dangers du « prêt-à-parler ».

 


 

Time : 3 mn 53 / [1/2]

 


 

Il y a 70 ans paraissait le roman 1984, de George Orwell, l’un des récits les plus bouleversants du XXe siècle. Dans ce livre, un régime totalitaire modifie le langage pour s’assurer du contrôle des masses. George Orwell y  montre comment les mots peuvent devenir un instrument de domination.

 

Afin de s’assurer le contrôle des esprits, les autorités ont créé cette novlangue (newspeak), censée remplacer l’anglais traditionnel (oldspeak).

 

 

Jean-Jacques Rosat, professeur de philosophie, éditeur et spécialiste d’Orwell :

« Il y a deux volets dans cette entreprise. Le premier concerne le langage courant. Il est extrêmement appauvri, il n’y a plus de distinction entre les mots et les verbes. On déshabille les mots de toutes les significations secondaires. C’est presque un monosyllabe, une idée.

 

Et puis un deuxième volet, plus intéressant, l’invention d’un certain nombre de mots qu’Orwell appelle des “blanket words”, des mots-couvertures. Ce sont des mots très généraux comme par exemple “crimethink”, “pensée criminelle”ou “oldthink”, ”vieille pensée” qui vont recouvrir tout un ensemble de concepts anciens pour pouvoir les étouffer et les remplacer.

 

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ce n’est pas de la censure. La censure ça consiste à interdire de prononcer un mot. Le but là, c’est de vous enlever cette pensée de la tête. »

 

 

Socialiste libertaire, George Orwell est proche du parti travailliste. Il s’engage aux côté des brigades internationales lors de la guerre civile espagnole.

 

Pour écrire 1984, Orwell s’inspire de l’expérience stalinienne en URSS et de la propagande du IIIe Reich en Allemagne. Mais il regarde aussi chez lui au Royaume-Uni, à son époque. Dans un essai publié en 1946, La Politique et la langue anglaise, il montre comment le discours politique ambiant appauvrit la langue et en corrompt le sens.

 

 

Jean-Jacques Rosat : « En politique, on voit très bien à quoi ça s’applique, c’est les phrases toutes faites. Un journaliste vous pose une question et vous avez des éléments de langage tous faits qui vont constituer un acte de communication mais certainement pas un acte de pensée, de réflexion. Les jargons, les phrases toutes faites, les métaphores toutes faites. Tout ce vocabulaire-là empêche de penser, c’est un vocabulaire automatique. »

 

 

Orwell est un écrivain, pas un théoricien politique. Mais la novlangue qu’il invente dans 1984 est une mise en garde universelle contre l’instrumentalisation du langage. Il donne des conseils au lecteur pour ne pas se laisser manipuler par les mots.

 

 

Jean-Jacques Rosat : « Pensez à ce que vous dites, essayez de ne dire que des choses que vous pensez et qui ont du sens. Défiez-vous farouchement de toutes les mécaniques de langage dans lesquelles c’est la langue qui pense à votre place, donc d’autres que vous qui pensent à votre place. Si vous faites ce travail sur vous-même, ça ne changera pas la société du jour au lendemain mais c’est une condition pour la démocratie et pour une société humaine. »

 


 

Time : 8 mn 21 / [2/2]

 

Les inconnus : Les langages hermétiques.

 


 

« L’idée d’Orwell c’est que trop souvent nous nous laissons entraîner par les mots, nous laissons les mots penser à notre place, ce qui est vrai pour n’importe qui dans la conversation courante mais aussi vrai pour un écrivain, un penseur ou un philosophe… »

 

Jean-Jacques Rosat

 


 

« Ce qui importe avant tout, c’est que le sens gouverne le choix des mots et non l’inverse. En matière de prose, la pire des choses que l’on puisse faire avec les mots est de s’abandonner à eux. »

 

George Orwell

 


 

« Quand on s’exprime mal, on pense mal ou pas du tout. Le but de la novlangue dans 1984 est de parvenir à l’anéantissement de la pensée et remplacer le sens par le signal. »

 

Françoise Thom

 


 

Dictionnaire - 2

 


 

Source :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Novlangue

https://lesmoutonsenrages.fr/nous-sommes-manipules/petit-cours-de-novlangue/

https://www.franceculture.fr/litterature/la-novlangue-de-george-orwell-un-instrument-de-domination

https://www.franceculture.fr/emissions/avoir-raison-avec-george-orwell/la-novlangue-instrument-de-destruction-intellectuelle

 

Article :

France Culture

 

Vidéo :

[1] La novlangue de George Orwell, un instrument de domination – #CulturePrime – France Culture / YouTube

[2] Les inconnus : Les langages hermétiques – (Mr Gentil) – coconutsucre / YouTube

 

Photo :

Pour illustration

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