Hongkong : « Il est déjà trop tard pour discuter » [Vidéos]

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Que se passe-t-il à Hong Kong ?

 

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Des manifestants opposés au gouvernement manifestent à l’aéroport de Hong Kong, le 12 août 2019. | TYRONE SIU / REUTERS

 

Si vous n’avez rien suivi à la crise, on vous explique tout

 

 

 

Le territoire autonome vit sa pire crise politique depuis son retour dans le giron chinois en 1997. Le gouvernement de Pékin et les autorités hongkongaises haussent le ton face aux manifestants pro-démocratie, laissant planer la menace d’une intervention par la force.

 

« Réfléchissez cinq minutes, pensez à notre ville, voulez-vous vraiment qu’elle soit poussée vers l’abysse ? » Mardi 13 août, la cheffe du gouvernement hongkongais Carrie Lam a averti les manifestants pro-démocratie sur le risque d’un « chemin sans retour » sur lequel serait engagé le territoire semi-autonome.

 

Depuis le mois de juin, Hong Kong est secouée par des manifestations massives contre le pouvoir et pour la démocratie. Le mouvement de contestation s’est durci ces derniers jours, sur fond de tensions grandissantes avec Pékin. Vous n’avez rien suivi à la crise ? On vous explique tout.

 

 

Hong Kong, c’est en Chine ou pas ?

Territoire semi-autonome situé au sud de la Chine, Hong Kong est une des « régions administratives spéciales » (RAS) de la République populaire. Ex-colonie britannique rétrocédée à Pékin en 1997, elle bénéficie d’un régime spécifique.

 

Haut lieu de la finance internationale, le territoire est régi par une loi fondamentale spécifique, possède sa propre monnaie (le dollar hongkongais), ses équipes sportives nationales, pratique le multipartisme et jouit de libertés inconnues en Chine continentale.

 

Ce statut est en principe garanti jusqu’en 2047, mais de nombreux Hongkongais accusent le gouvernement central chinois de vouloir mettre le territoire au pas avant cette date. Les leaders du « mouvement des parapluies » de 2014 qui réclamait le suffrage universel ont été condamnés à de la prison, tandis qu’un parti indépendantiste a été interdit en 2018.

 

 

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Périmètre du territoire de Hong Kong. | Infographie Ouest-France

 

 

Pourquoi y manifeste-t-on depuis deux mois ?

Dans ce contexte tendu, l’annonce fin avril par le gouvernement pro-Pékin d’un projet de loi devant permettre les extraditions vers la Chine continentale a mis le feu aux poudres. Une partie de la société hongkongaise dénonce le caractère opaque et politisé de la justice chinoise, et redoute une utilisation « politique » des extraditions par Pékin.

 

 

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Des manifestants à Hong Kong, le 4 août 2019. | Anthony Wallace / AFP

 

 

Le 9 juin, entre 250 000 et un million de Hongkongais descendent dans la rue pour demander le retrait de ce projet de loi. C’est la plus grosse manifestation depuis 1997. Au bout d’une semaine de rassemblements et de blocages, la cheffe de l’exécutif Carrie Lam annonce que le projet est « suspendu ».

 

Mais la mobilisation ne faiblit pas : les manifestants réclament désormais sa démission et l’élection de son successeur au suffrage universel, au lieu de sa désignation par Pékin comme c’est le cas actuellement. Ils dénoncent aussi le recul des libertés et les ingérences de la Chine dans les affaires intérieures de Hong Kong.

 

 

Quelles techniques sont utilisées par les manifestants ?

Au fil du mouvement de contestation, les militants ont mis au point leur stratégie face aux forces de l’ordre : « éviter les blessures, le sang et les arrestations », et être « comme de l’eau » pour éviter les coups, explique un étudiant de 17 ans.

 

Dans les manifestations monstres qui se succèdent depuis dix semaines, se mêlent familles, personnes âgées et étudiants. Certains s’équipent de casques de chantier et de masques à gaz, ou se retranchent derrière des parapluies ou même des valises pour se protéger des gaz lacrymogènes.

 

 

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Une manifestante se tient dans une rame de train à Hong Kong, le 11 août 2019. Elle porte un casque de chantier et un masque à gaz, équipement très répandu parmi les protestataires. | Miguel Candela / EPA-EFE

 

 

Une technique éprouvée lors des grandes manifestations de 2014, qui ont d’ailleurs pris le nom de « révolte de parapluies ».

 

Autre élément essentiel de la panoplie du militant hongkongais : le pointeur laser, utilisé pour masquer les objectifs des caméras de la police et leurs instruments de reconnaissance faciale.

 

Les manifestants pro-démocratie ont aussi mené des actions coup de poing qui ont paralysé une partie de la ville : occupations, blocage des transports en commun ou grève générale. Après trois jours de sit-in géant, 5 000 manifestants ont investi l’aéroport de Hong Kong, un des plus fréquentés du monde, lundi 12 août, entraînant l’annulation de tous les vols.

 

Nombre d’entre eux portaient un bandeau sur l’œil, en soutien à une femme qui a été grièvement blessée dimanche soir dans des échauffourées avec la police.

 

 

Pourquoi la situation a-t-elle dégénéré ?

Les heurts entre manifestants et forces de l’ordre ont éclaté dès les premières manifestations. Le 1er juillet, jour anniversaire de la rétrocession de Hong Kong à la Chine, la police a fait usage de matraques et de gaz lacrymogène contre de jeunes manifestants.

 

Le même jour, des militants pro-démocratie ont pris d’assaut le Parlement local, rompant avec le caractère jusque-là pacifique des mobilisations.

 

Les violences vont alors crescendo : le 21 juillet, des manifestants pro-démocratie sont violemment attaqués par des hommes vêtus de blanc accusés de faire partie des triades (gangs) dans le métro de Hong Kong, sous l’œil passif de la police. Une semaine plus tard, 44 manifestants sont inculpés pour participation à une émeute, un délit passible de dix ans de prison.

 

Parallèlement, les manifestations se poursuivent, et les affrontements avec la police aussi. « Cela devient de plus en plus dangereux, mais si on ne continue pas de descendre dans la rue à ce stade, notre avenir sera de plus en plus effrayant et nous perdrons nos libertés »témoigne une manifestante de 22 ans à l’aéroport, le 12 août.

 

Mardi 13 août, l’ONU a réclamé une « enquête impartiale » sur la répression des manifestants à Hong Kong, affirmant détenir « des preuves crédibles montrant que des agents des forces de l’ordre ont fait usage de leurs armes d’une manière interdite par les normes internationales ».

 

 

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Pour illustration

 

 

Que peut-il se passer maintenant ?

Face à la contestation, Pékin est longtemps resté prudent avant de brutalement hausser le ton. Le 12 août, les médias chinois le Quotidien du peuple et le Global Times diffusent une vidéo censée montrer des chars chinois rassemblés à la frontière avec Hong Kong. « Ceux qui jouent avec le feu périront par le feu », menaçait quelques jours plus tôt le responsable chinois du Bureau de Hong Kong et Macao.

 

Lundi 12 août, il a dénoncé « les germes du terrorisme à l’œuvre » dans les dernières manifestations. Un terme qui fait redouter à des juristes hongkongais que Pékin ne prépare la mise en œuvre de l’arsenal légal antiterroriste pour mater la contestation.

 

« Le gouvernement a fixé trois lignes rouges à ne pas franchir : la mise en péril de la sécurité nationale, la défiance de l’autorité de Pékin et de la loi constitutionnelle de Hong Kong, et l’utilisation de Hong Kong par des forces étrangères pour nuire à la Chine » explique le chercheur Marc Julienne dans Ouest-France« Pékin entretient ici à dessein une large marge d’interprétation. »

 

Une intervention par la force de la Chine à Hong Kong serait désastreuse pour l’image de Pékin à l’étranger, déjà plombée par la guerre commerciale avec les États-Unis« Le jeu n’en vaut pas la chandelle. La Chine perdrait sa crédibilité internationale et surtout les avantages économiques que lui procure Hong Kong », estime le sinologue Jean-Pierre Cabestan.

 

Elle est au contraire de plus en plus probable, selon Marc Julienne, car le contexte interne s’y prête. Les élections présidentielles prévues en janvier 2020 à Taïwan représentent un enjeu-clé pour Pékin, qui veut dissuader les candidats et les électeurs d’opter pour l’indépendance. « À ce titre, les manifestations de Hong Kong donnent un « très mauvais exemple » aux Taïwanais », détaille le chercheur. « Tout porte à croire que la guerre de Hong Kong aura lieu ».

 

 

Et en résumé ?

Un projet de loi d’extradition vers la Chine continentale à Hong Kong, territoire semi-autonome chinois attaché à ses libertés, a mis le feu aux poudres début juin. Une partie de la société hongkongaise a craint que Pékin n’essaye de reprendre la main sur leur territoire, qui bénéficie d’un statut particulier jusqu’en 2047.

 

Des manifestations monstres ont contraint la cheffe du gouvernement pro-Pékin Carrie Lam à retirer le projet de loi, mais la mobilisation s’est maintenue, et les revendications se sont élargies : les manifestants demandent la démission du gouvernement hongkongais nommé par Pékin et l’instauration du suffrage universel sur le territoire.

 

En plus des manifestations, les militants pro-démocratie ont mené des actions coup de poing qui ont conduit au blocage des transports en commun, des voies de circulation et même à la fermeture de l’aéroport, le 12 et le 13 août.

 

Mercredi 14 août, les vols ont repris alors que seuls quelques manifestants sont toujours présents dans l’aéroport.

 

Des affrontements entre manifestants, forces de l’ordre et membres des triades ont fait plusieurs blessés depuis le début de la contestation. Face au durcissement de la mobilisation, Pékin se fait de plus en plus menaçant, laissant planer la possibilité d’une intervention par la force dans le territoire semi-autonome.

 


 

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Pour illustration

 


 

Source :

https://www.ouest-france.fr/monde/hong-kong/que-se-passe-t-il-hong-kong-si-vous-n-avez-rien-suivi-la-crise-vous-explique-tout-6478841

 

Vidéo :

[1] HONG KONG : « IL EST DÉJÀ TROP TARD POUR DISCUTER » – Le Média / YouTube

[2] Hong Kong : Trump agite le spectre « Tiananmen » #cdanslair 19.08.2019 – C dans l’air / YouTube

4 commentaires

  1. Quand je vois le mot démocrassie, j’ai envie d’aller vomir!! inversion quand tu nous tiens… Quand es ce que les humains comprendrons qu’une élite pense pouvoir tout contrôler et que le peuple n’est qu’une vache à lait! Pour tout ceux qui souhaite connaitre la réalité, faut sortir de la télé (système de manipulation de la masse obéissante) et chercher par lui même car beaucoup de personnes prennent des risques à découvrir et partager les informations avec preuves! Mais pour ça, faut sortir de son petit confort… quitte à tourner la tête quand ça dérange, ils oublient qu’il deviennent complices de ce système! (qui ne dit rien consent) et c’est grâce à la lâcheté que ce système perdure!! Il n’est plus temps de se plaindre, il est temps d’agir!!
    Sinon, voilà d’où viennent les problèmes à hong kong, Vénézuela, Syrie, Ukraine, Russie…
    http://mai68.org/spip2/spip.php?article4213
    Un peu d’histoire sur Hong Kong
    http://mai68.org/spip2/spip.php?article4203

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