Ecrire à la main : le meilleur moyen pour stimuler notre cerveau

 

À force de pianoter sur nos claviers, on en viendrait presque à oublier que nos doigts peuvent aussi tenir un stylo. Quelle erreur ! Prendre la plume (ou le crayon) reste à ce jour le meilleur moyen de stimuler son cerveau. Une vérité à prendre au pied de la lettre.

 

 

Femme - Ecriture

© Inconnue /  Millie Perkings dans le film « Le Journal d’Anne Frank » / Pour illustration

 

 

Quand avez-vous écrit à la main pour la dernière fois ? Détrônée par le clavier, l’expression manuscrite se fait de plus en plus rare, au point que même la liste des courses ou les rendez-vous de la semaine s’inscrivent désormais sur les écrans de nos téléphones portables. Si beaucoup d’entre nous préfèrent aujourd’hui l’efficacité du clavier au stylo, il n’en demeure pas moins que jouer des pleins et des déliés procurent de formidables sensations. Et surtout remue nos méninges avec une intensité insoupçonnée.

 

 

Pour avoir bon esprit sur toute la ligne

Avant d’écrire un mot sur le papier, on se représente mentalement les lettres à inscrire puis on les voit apparaître sous nos yeux grâce au mouvement de la main. Avec le clavier, rien de tel : il suffit d’identifier la zone où se situe la lettre souhaitée et de presser la touche.

 

Un geste standard sans aucun rapport avec la forme de la lettre. « Sur le plan moteur et sur celui de la représentation mentale, ces deux façons d’écrire n’ont rien à voir : elles ne sollicitent pas les mêmes zones du cerveau, ni les mêmes processus cognitifs. », explique Jean-Luc Velay, chercheur au CNRS, au Laboratoire de neurosciences cognitives de l’Université Aix-Marseille.

 

Chez les enfants, il y aurait ainsi un lien avéré entre la maîtrise de l’écriture et la réussite scolaire, selon l’étude menée sur mille écoliers de 4 ans par la pédagogue Laura Dinehart, de l’Université internationale de Floride : ceux qui écrivent le mieux ont des moyennes bien supérieures en maths et en lecture…

 

« La maîtrise de la calligraphie semble avoir un effet sans équivalent sur le développement, elle paraît associée à la capacité à s’autoréguler, contrôler ses émotions et mémoriser le travail effectué, des qualités très demandées à l’école. », estime-t-elle.

 

Et même lorsque l’on a remisé depuis longtemps cahiers et cartables, il faut garder à portée de main un carnet et un stylo. Car l’écriture manuscrite aide à garder un cerveau alerte et à entretenir sa dextérité manuelle…

 

« Avec l’âge, on a parfois plus de mal à écrire mais ce n’est pas pour cela qu’il faut arrêter : parce qu’elle constitue un effort plus important, l’écriture manuscrite maintient le cerveau dans un niveau d’activité qui ralentit le vieillissement. », estime Jean-Luc Velay. « Le cerveau est comme les autres muscles : si on l’entraîne, si on le fait fonctionner, il restera efficace plus longtemps. »

 

 

Faire couler de l’encre, ça ancre !

À une conférence, pendant une réunion, vous continuez à gratter du papier alors que tout le monde, autour de vous, pianote fébrilement sur son ordinateur ou son téléphone ? Tant mieux pour vous ! En utilisant votre stylo, vous triez les informations et vous faites travailler votre mémoire…

 

En 2014, deux scientifiques américains, Pam Mueller et Daniel Oppenheimer, ont mené l’enquête auprès de trois cents étudiants : leurs recherches montrent que ceux qui se donnent la peine de prendre des notes manuscrites répondent plus facilement aux questions complexes sur le cours que ceux qui ont utilisé un ordinateur. « Écrire à la main, ce n’est pas facile, c’est coûteux : on ne retranscrit pas tout ce qui est dit mais on a tendance à synthétiser, à faire déjà un premier travail sur le texte qui facilite sa compréhension et sa mémorisation… », observe Jean-Luc Velay.

 

 

Le temps retrouvé

« On écrira moins de banalités à la main qu’à la machine. », assure Alain Bentolila, linguiste et auteur d’une vingtaine d’ouvrages dont Le Verbe contre la barbarie (éd. Odile Jacob). Sur une feuille, la main court moins vite : elle hésite, elle prend son temps, elle laisse les idées et les mots s’organiser à leur rythme.

 

D’après l’étude de la psychologue Virginia Berninger, de l’Université de Washington, menée auprès de deux cents élèves de primaire et collège, les enfants se montrent plus créatifs lorsqu’ils écrivent à la main, et forment des phrases plus complexes et des textes plus longs. « Écrire à la main, c’est refuser la dictature du « vite et court » des tweets ou des textos, pour s’autoriser à aller de temps en temps vers le « lent et long » afin de donner à la pensée le temps d’articuler un discours maîtrisé. La lenteur relative de l’écriture manuelle est la garantie d’un apaisement et d’une cohérence de la pensée. », estime le linguiste. Lever le pied, ralentir le rythme, voici un luxe que vous pouvez peut-être (enfin) vous autoriser maintenant : le luxe de vous concentrer pleinement sur une seule activité, de cesser de zapper tous azimuts comme nous y invitent nos écrans (et claviers) hyperconnectés.

 

 

Un crayon qui ne laisse pas de bois

 

Encrier - Plume

Pour illustration

 

 

Parfois associée aux punitions de l’enfance (les fameuses lignes à recopier cent fois), l’écriture peut aussi devenir une récréation, à condition de la regarder d’un autre œil. Pourquoi pas dans un atelier d’écriture ou de calligraphie, une pratique ancestrale qui retrouve aujourd’hui ses lettres de noblesse. « Pour notre génération, celle qui a 60 ans aujourd’hui, l’apprentissage de l’écriture n’a pas laissé que des bons souvenirs. Nous étions en permanence jugés sur notre façon d’écrire : c’était l’époque des porte-plumes, des pleins et déliés… », se souvient Jean-Luc Velay. « C’est important de retrouver le plaisir de l’écriture, qui peut être aussi quelque chose de l’ordre de l’esthétique, du dessin, de la création. »

 

Délivrée du carcan scolaire, notre manière d’arrondir les voyelles, de bâcler les consonnes ou de magnifier les majuscules est aussi une expression de notre singularité : elle nous révèle, nous identifie, nous permet peut-être de communiquer de manière plus authentique. « Je ne ferai jamais une déclaration d’amour par texto, pas plus que je ne présenterai mes condoléances à un ami de cette manière. », affirme Alain Bentolila. « Lorsque l’on écrit à la main, on donne davantage de soi, on s’expose, on s’ouvre à l’autre… et cela nous fait beaucoup de bien. »

 

C’est un peu le b.-a.-ba de la d’une communication sincère, non ?

 


 

Main - stylo plume

Pour illustration

 


 

Source :

https://fr.sott.net/article/34306-Ecrire-a-la-main-le-meilleur-moyen-de-stimuler-le-cerveau

https://www.femmeactuelle.fr/sante/psycho/ecrire-a-main-meilleur-moyen-de-stimuler-cerveau-26050

 

Article :

Sott

 

Rédaction :

Ségolène Barbé / Femme actuelle

 

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20 commentaires

  1. Avec les ordinateurs . on a probablement perdu beaucoup, je me souviens qu’un de mes profs avant de me corriger regardais ma caligraphies ,.. disons qu’elle était assez spécial mais lisible …

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  2. Les ordinateurs, les portables aussi qui tuent l’orthographe parce que tous les mots sont abrégés. Inutile de se demander pourquoi les jeunes font autant de fautes en écrivant et n’aient plus l’envie de lire. C’est une catastrophe ! On ne reçoit plus de cartes qu’elles soient de vacances ou de vœux. La bonne année par SMS c’est horrible pour ma part. J’adore écrire, avec un stylo plume et sur un bons gros cahiers où je note ce qui m’intéresse au travers de mes lecture, et prépare tous mes articles …..  » C’est ça l’écriture. C’est le train de l’écrit qui passe par votre corps. Le traverse. C’est de là qu’on part pour parler de ces émotions difficiles à dire, si étrangères et qui néanmoins, tout à coup, s’emparent de vous  » disait Marguerite Duras.

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  3. Article très intéressant !

    Par contre, je trouve la conclusion de l’étude de Laura Dinehart trop facile : « ceux qui écrivent le mieux ont des moyennes bien supérieures en maths et en lecture… ». Je ne suis pas d’accord avec ça : mon frère est une véritable « tête d’ampoule », or il a toujours écrit comme un cochon ! De mon côté, j’écris mal et pourtant j’ai toujours eu de très bons résultats scolaires… À l’inverse, des amies à l’école m’ont toujours fascinée par leur écriture ronde et régulière, mais leurs résultats étaient médiocres… Après mon frère et moi sommes gauchers, et les gauchers, niveau écriture, n’ont jamais été aidés à l’école, je le vois avec ma fille qui est gauchère elle aussi. L’étude de cette pédagogue ne précise pas si le fait d’être gaucher ou droitier joue un rôle dans tout ça ?

    Par contre je suis tout à fait d’accord concernant la mémoire : j’ai toujours eu l’habitude de réécrire des passages de mes leçons pour mieux les mémoriser, voire de les schématiser à la main ou de les réécrire d’une manière différente. C’est le meilleur moyen de bien retenir les choses !

    J’aime beaucoup user du stylo et du papier, étant très scolaire je pense que c’est une manière pour moi de me rassurer, de me rappeler des souvenirs d’enfance ou on nous faisait « gratter du papier » à l’école… 🙂

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    • Je vous remercie pour votre commentaire et développement.

      Il y a peut-être d’autres études sur le sujet.

      Ne maîtrisant pas domaine, je ne puis hélas me prononcer.

      Au plaisir de vous lire.

      Aimé par 1 personne

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