La journée de travail de 8 heures est un mensonge contre-productif

 

Il est peut-être temps de revoir les vieux mythes et schémas hérités de la révolution industrielle.

 

Il y a un peu plus de deux siècles, obtenir la journée de travail de huit heures était une revendication sociale quasi révolutionnaire. Aujourd’hui, maintenir sa productivité durant huit heures semble pourtant être devenu un objectif déraisonnable. Qui travaille aussi longtemps, de manière efficace ?

 

C’est la question soulevée par la journaliste Lizzie Wade dans un article paru sur Wired. Comme la plupart des gens qui écrivent sur la productivité, elle se concentre sur les personnes dont le travail implique de passer plusieurs heures d’affilée derrière un bureau sur leur ordinateur.

 

Que ces personnes écrivent, codent ou fasse du graphisme, de chez elles ou au bureau, il semble impossible qu’elles soient réellement productives huit heures par jour.

 

C’est du moins le constat que fait Lizzie Wade à partir de sa propre expérience. Comme elle se demandait pourquoi les heures passent si vite, elle a utilisé l’application RescueTime. Le logiciel traque les activités effectuées sur un ordinateur puis dévoile la vérité brute : tant d’heures consacrées à Facebook ou Twitter, d’autres passées à répondre à des mails et finalement si peu à faire le travail attendu.

 

Récemment, elle a eu une semaine plus chargée qu’à l’ordinaire. À fin de la semaine, fatiguée, elle analyse ses statistiques sur RescueTime : elle avait en fait travaillé 35 heures et 17 minutes, avec une productivité de 84%.

 

 

Contre-productivité

Se sentant légèrement coupable, elle en parle autour d’elle. Les barrières tombent et ses collègues admettent ne travailler qu’entre cinq et six heures par jour. Personne n’osait en parler, mais tout le monde se sentait à la fois coupable et fainéant-e.

 

Dans un bureau, il est possible d’avoir une main-d’œuvre présente 40 heures par semaine –la durée de la semaine de travail aux États-Unis. Que les salarié·es pensent à leur travail 40 heures par semaine ne fait pas beaucoup de doute. Mais qu’elles et ils soient constamment en train de créer et produire huit heures par jour semble illusoire.

 

Qualifié de «travail profond» par Cal Newport, le travail créatif et intellectuel exige une concentration totale pour mener à bien les tâches demandées. Il procure de la fierté et de la satisfaction, mais ce travail profond est difficile à atteindre plus de trois à quatre heures par jour –et encore moins huit heures par jour, cinq jours par semaine.

 

 

Et si on réinventait la journée de travail type ?

Ne dépassant pas cinq heures par jour, une heure serait consacrée au travail d’équipe, trois heures au travail en profondeur et une dernière heure pour s’assurer qu’on a rien oublié et faire quelques tâches administratives ou impondérables, comme répondre à certains mails. Et surtout, on arrêterait de se culpabiliser de ne pas être au top de la productivité de l’aube au crépuscule.

 

 

Lizzie Wade / Wired

Odile Romelot / korii.slate

 


 

Travail - 1

Pour illustration

 


 

Source :

https://www.wired.com/story/eight-hour-workday-is-a-lie/

https://korii.slate.fr/biz/travail-productivite-journee-huit-heures-arnaque

https://www.forbes.com/sites/travisbradberry/2016/06/07/why-the-8-hour-workday-doesnt-work/#5fc6a01e36cc

 

Article :

Repéré par Odile Romelot (korii.slate.fr) sur Wired

 

Lizzie Wade (Wired) est rédactrice indépendante et correspondante pour la science, spécialisée dans l’archéologie, l’anthropologie et l’Amérique latine. Elle est basée à Mexico.

19 commentaires

  1. Cela m’amuse le temps de travail, vraiment amusant. Il faudrait commencer par les vraies chiffres du chômage dans les pays industrialisés. Commencer aussi par la dette des pays et par habitant.

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  2. Il y a du boulot…pour en arriver là ! Surtout dans les entreprises où tu es fliqué pour faire tes huit heures au taquet (mise en concurrence, primes au rendement…)

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  3. une piste éventuelle, couper toute distraction durant un temps donné. Fermer les écoutilles.Et s’y mettre moins mais plus fort. On appelle ça le « deep work ». Mais ça ne marche pas en entreprise car il faut surveiller, contrôler, y a des gens payés pour ça .. ça ferait augmenter le taux de chômage si on s’en passait. Intéressant d’ailleurs de calculer le budget d’une boite sur la sécurité, la surveillance, l’encadrement, quelles économies si on laissait les gens acquérir leur autonomie, en plus ce serait déjà un pas vers la reconnaissance qui manque toujours aussi cruellement dans cet « univers impitoyable ». 🙂

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