Histoires de loup [Vidéo]

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Le loup, parfois surnommé grand méchant loup, est un personnage traditionnel de conte qui apparaît dans plusieurs récits folkloriques, tels certaines des fables d’Ésope et les contes de Grimm. Dans le conte de fées, il apparaît souvent comme exutoire de l’angoisse qu’il génère. De nos jours, le loup est plutôt une espèce disséminée, mais au Moyen Âge il était l’objet d’une des grandes peurs populaires. Dans d’autres récits, cet animal peut inversement apparaître comme une figure sécurisante et tutélaire.

 

De nos jours, démythifié, le loup est souvent montré de façon ironique, et sert surtout à changer le regard sur l’autre.

 


 

Loup - 1

Pour illustration

 

 

De la bête du Gévaudan à « Croc Blanc », du loup lubrique des Tex Avery à l’espèce protégée, d’Ysengrin au loup garou, le loup est l’animal dont la représentation a le plus changé à travers les siècles.

 

Remontons à l’origine du « grand méchant loup ».

 

 

Il est le grand méchant du bestiaire animal. Aujourd’hui animal protégé, le loup a pendant des siècles était diabolisé par le christianisme. Chez les Grecs, les loups sont souvent les attributs de divinités pour punir les mortels. Contrairement aux apparences, c’est un animal solaire, qui brille et voit dans la nuit. En grec ancien, les mots “loup” et “lumière” ont probablement la même origine : “lykos”. Il s’agit aussi d’une figure maternelle, avec la louve qui nourrit Romulus et Rémus. 

 

Mais les loups incarnent également la luxure et la lubricité. Le terme “lupar” désigne aussi bien les louves que les prostituées que l’on trouve dans les “lupanars”. Pour les civilisations germaniques et celtiques, le loup est un animal totem des guerriers. Gengis Khan, maître de l’Empire mongol prétend lui, descendre d’un loup bleu.

 

 

Loup - 2

Pour illustration

 

 

Le grand ennemi des hommes

L’image du loup devient beaucoup plus négative avec l’essor du christianisme. L’animal, porteur de la rage, se fait plus agressif avec l’empiétement de l’habitat humain sur son territoire. De grandes battues sont organisées par les seigneurs, tandis que le Clergé range le loup dans le bestiaire démoniaque.

 

On diabolise le loup, mais on le tourne en dérision aussi. Au XIIIe siècle Le Roman de Renart raconte les mésaventures du loup Ysengrin. Michel Pastoureau, historien explique ce retournement de situation : « Un loup complètement ridicule, Ysengrin, une bête sauvage à qui tous les autres animaux jouent des tours, spécialement le goupil, il est trompé, berné, battu, tonsuré. »

 

Le loup souffre comme l’Homme lors des grandes périodes de famines. Quand il ne dévore pas des enfants, il vit de rapines en s’introduisant dans les bergeries. En 1421, les loups entrent dans Paris. Selon les récits de l’époque, leur faim les pousse à dévorer des corps que l’on vient d’inhumer.

 

Entre 1764 et 1767, l’affaire de la bête du Gévaudan terrorise le Royaume. Un spécimen énorme va faire jusqu’à 124 victimes parmi les paysans en Lozère. Le fait divers va passionner toute l’Europe et mobiliser des centaines d’hommes, alimentant les rumeurs les plus folles, notamment sur l’origine divine de la bête.

 

Dans les imaginaires, il est l’animal de la duplicité, la seule bête capable de se changer en homme avec la figure du Lycanthrope : le loup-garou. À l’image des procès de sorcières, les hommes accusés d’être des lycanthropes sont condamnés à mort. D’ailleurs, avant de chevaucher des balais, les sorcières chevauchaient des loups. Cette duplicité se retrouve dans de nombreuses histoires où le loup se déguise en homme pour abuser ses victimes. Le masque vénitien porte d’ailleurs le nom de « loup ».

 

 

La star des fables

Le loup est un animal très populaire dans Les Fables de La Fontaine, puis les contes de Perrault et des frères Grimm. Il est aussi une figure lubrique qui incarne la perte de l’innocence. Certains psychanalystes verront même dans Le Petit chaperon rouge une métaphore sexuelle.

 

Plus tard, avec la déforestation et l’industrialisation, le loup est progressivement éradiqué au XIXe siècle. Puis la peur de la rage disparaît aussi avec le vaccin de Pasteur en 1885. L’image du loup change alors aussi dans la littérature. Le Livre de la jungle de Rudyard Kipling montre notamment une meute de loups courageux et vaillants, amis de Mowgli. D’autres récits positifs viennent célébrer cette bête quasiment disparue, comme Croc Blanc ou Le Fils du loup de Jack London.

 

Le loup lubrique et farfelu de Tex Avery en fait, quant à lui, un animal comique et sympathique. L’animal devient alors une figure très populaire de la littérature pour enfants. Mais ce sont surtout les écologistes qui le réhabilitent depuis plusieurs décennies, en France notamment, militant pour leur importance dans l’écosystème et la chaîne alimentaire, et déclenchant des débats passionnés avec les éleveurs et les chasseurs.

 


 

Loup - 3

Pour illustration

 


 

Source :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Loup_(personnage_de_conte)

https://www.franceculture.fr/histoire/a-lorigine-du-grand-mechant-loup

 

Article :

Yann Lagarde / France Culture

 

Vidéo :

[1] À l’origine du grand méchant loup – #CulturePrime – France Culture / YouTube

11 commentaires

  1. Sur le LOUP, c’est effectivement un Totem Eurasien. Dans cet article-film, la Psychanalyse et les productions pseudo littéraires trop récentes sont à mettre à la poubelle… notre époque est psychologiquement et spirituellement  »FAKE ».

    La question anti-chrétienne du Loup est intéressante : c’est parce que le Christianisme a lutté contre les sociétés secrètes du Loup (les Loup-Garous) justement. Mais l’appareil idéologique d’Etat cité en référence ne le mentionne pas (je suis pourtant certain qu’ils le savent…).

    Pour aller plus loin, notamment l’articulation entre le Celto-Paganisme Aryen Lycanthropique et le Christianisme au Moyen Age via la Franc-Maçonnerie : https://ericbasillais.files.wordpress.com/2019/11/gal-calendrier-francais.pdf

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  2. Fait étrange, le loup ne m’a jamais effrayé même lorsque j’étais enfant. J’en ai vu un pour la première fois dans un zoo et j’ai trouvé cet animal beau et majestueux.
    Plus tard, en lisant le Roman de Renart, le loup m’est devenu encore plus sympathique parce qu’il était celui que tous embêtaient. Puis, plus j’ai grandi et plus je me suis renseigné sur cet animal que je trouvais beau, fier, noble et majestueux. Il a fini par me plaire totalement lorsque j’ai découvert le loup de Tex Avery.
    Dès lors, dans mon esprit, le loup idéal serait un mélange d’Ysengrin qui aurait la ruse de Renart, le côté lubrique du loup de Tex Avery et la beauté de celui qu’on voit dans les Alpes.

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