Tous tracés : sur internet, la surveillance devient imperceptible [Vidéo]

Time : 26 mn 44 / [1/1]

 

En semant des milliards de données sur internet, les citoyens connectés deviennent les acteurs de leur propre surveillance.

 


 

Big Brother

 

 

Le moindre clic révèle des informations sur les centres d’intérêt et l’existence des internautes qui deviennent les acteurs de leur propre surveillance et alimentent un immense marché. L’analyse du journaliste Olivier Tesquet, spécialiste des nouvelles technologies.

 

Montres connectées, assistants vocaux, caméras de surveillance intelligentes, les technologies du numérique se développent dans tous les secteurs de la société et deviennent progressivement indispensables au quotidien. Les utilisateurs de smartphones toucheraient leur appareil plus de 2600 fois par jour. Pour Olivier Tesquet, auteur du livre « A la trace » et invité de l’émission Géopolitis, ces outils officiellement conçus pour nous faciliter la vie sont en train peu à peu de nous échapper.

 

« Quand on parle de surveillance, on imagine des dispositifs régaliens, des filatures à l’ancienne, des espions avec des chapeaux mous et des imperméables. », analyse ce journaliste spécialisé dans les questions numériques pour le magazine Télérama. « En fait, aujourd’hui, la surveillance dans laquelle nous vivons est assez gazeuse dans le sens où elle est inodore, incolore. On ne la perçoit pas nécessairement comme une surveillance. »

 

L’historique des moteurs de recherche sur internet mais aussi les interactions sur les réseaux sociaux permettent d’obtenir d’innombrables informations sur les centres d’intérêt ou même les convictions politiques des internautes. Ces informations servent à établir ce que le journaliste appelle des « doubles numériques« . Une forme de profilage virtuel utilisé pour adapter des contenus publicitaires mais aussi de plus en plus à des fins sécuritaires.

 

 

Vos photos de vacances pour vous identifier

Trois milliards de photos de visages postées sur les réseaux sociaux, sur des sites d’entreprises ou d’universités ont été téléchargées par une start-up américaine nommée ClearView, selon les révélations du New York Times. Cette entreprise, encore inconnue il y a quelques semaines, utilise ces clichés couplés à de la reconnaissance faciale pour identifier des personnes filmées par exemple par des caméras de surveillance. « A titre de comparaison, cela représente sept fois et demie plus de données que la base de reconnaissance faciale du FBI qui est l’une des plus fournies. », indique Olivier Tesquet. « Clearview a ensuite vendu ses services à des forces de police de manière assez discrétionnaire. On voit là le côté très toxique, nocif de cette clandestinité parce que cela échappe complètement au débat public et à la régulation. »

 

Les progrès de l’intelligence artificielle et des technologies numériques permettent de capter et d’analyser des quantités de données de plus en plus importantes qui, comme dans le cas de Clearview, peuvent être revendues à des services étatiques ou à des entreprises, formant ainsi un véritable marché de l’information très rentable pour les fameux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft). « La véritable matière première, plus que nos données qui sont finalement assez désincarnées, ce sont nos existences. On devient la matière première utilisée pour prédire nos comportements, anticiper ce que l’on va faire, modeler nos désirs et nous faire répondre à une série d’attendus sociaux. », soutient Olivier Tesquet.

 

« Les données de santé et biométriques sont les données les plus protégées car ce sont celles qui valent le plus d’argent. », Olivier Tesquet

 

Mais la collecte de données s’étend aussi à de nouveaux secteurs jusqu’ici relativement épargnés, comme la santé. « Les données de santé et les données biométriques sont les plus protégées car ce sont celles qui valent le plus d’argent. », souligne l’auteur d' »A la trace ». Les plus grosses entreprises actives dans le numérique investissent d’ailleurs dans ce domaine. Google a signé des partenariats avec des hôpitaux américains et britanniques pour traiter des données de patients. Amazon a racheté l’entreprise américaine Pillpack, spécialisée dans le conditionnement et l’envoi de médicaments.

 

La reconnaissance faciale, l’intelligence artificielle mais aussi la mise en place de la 5G ouvrent de nouvelles perspectives pour, par exemple, sécuriser les modes de paiement, accélérer l’identification de criminels ou la mise sur le marché des véhicules autonomes. Mais ces innovations suscitent aussi beaucoup d’interrogations en ce qui concerne la protection des données personnelles. Pour Olivier Tesquet, « On devrait avoir une délibération collective autour des orientations technologiques et techniques qui sont des choix politiques dans une société. »

 


 

Pc - 1

 


 

Source :

https://www.rts.ch/info/monde/11124527–sur-internet-la-surveillance-devient-imperceptible-.html

 

Article :

Elsa Anghinolfi / RTS – Géopolitis

 

Vidéo :

[1] Tous tracés – Géopolitis / YouTube

 

Photo :

Pour illustration

19 commentaires

  1. Tout ceci est l’évidence même… je suis seulement surpris que les « brav’gens » aient mis si longtemps (trente ans au moins – pour les “laïcs” en la matière) à s’en rendre compte…
    [ – Citation – ]
    « “Découvertes” “Grandes Oreilles” et naïfs désarmants

                                                                                                                                                         par Max l’Impertinent 
    

    « Les démocraties parlementaires volent de découvertes en découvertes. Des “amis” les espionneraient ! Rien n’est sacré. Aussitôt elles s’émeuvent et convoquent des ambassadeurs pour les tancer. Mais comme ces ambassadeurs défendent les intérêts d’un pays très puissant et que la plupart des démocraties parlementaires n’ont, comme le disait déjà Céline, guère plus d’importance que les Deux-Sèvres, ils répondent “so what?”… mais en plus poliment. Et tout reste comme avant.

    « Cela fait exactement vingt ans qu’Ivé m’a confirmé qu’aucune de nos communications n’est sûre. Depuis la nuit des temps, les spécialistes du cryptage savent que rien n’est inviolable, que c’est seulement une affaire de durée. Aujourd’hui, les meilleures sécurités succombent aux algorithmes en un peu plus de trois jours. « Et malgré mes avertissements, me dit-il, tu n’imagines pas le nombre d’invitations à me brancher sur des réseaux sociaux que mes correspondants persistent à m’adresser… sans compter les informations dangereuses et superflues. Certains vont même jusqu’à m’apprendre (!) qu’en face “ILS” savent tout ! J’opère à livre ouvert, j’use de fantaisie et je mise sur la confusion. Pourquoi enrichir les marchands de systèmes qui seront dépassés demain ? “ILS” savent tellement tout qu’ils en sont au point d’indigestion. Savoir n’est rien, encore faut-il retrouver, interpréter juste, comprendre, et exploiter. Certes, ils connaissent tes goûts, tes vices, tes habitudes, tes moindres tics de langage, la cadence de ta frappe sur ton clavier et ils travaillent à déchiffrer tes expressions faciales pour sonder tes pensées. Mais si tu savais ce qu’on peut les promener. »

    – Tu me parais bien sûr de toi.
    – Détrompe-toi. Je redoute mes vrais amis.
    – En conclusion ?
    – Tout va empirer jusqu’à l’inévitable saturation, mais pour nos démocraties parlementaires, j’ai bon espoir…
    – …??!
    – Elles ne vont plus tarder à inventer l’eau tiède.
    [ – fin de citation. – ]
    (Octobre 2013 – Tiré à part)

    ..Mais rassurez-vous… C’est « pour VOTRE protection » (pas la leur).

    Aimé par 3 personnes

      • Accessoirement l’emploi du participe « tracés » est, dans ce contexte, un affreux barbarisme; en français correct – pas même bon – on dirait « pistés » ou encore « suivis » et les insurgés iraient jusqu’à « fliqués ». Ce que c’est que cette langue tueuse des Angles et des Saxons…

        Mais tout dérape, n’est-ce pas? Ils disent “La cerise sur le gâteau” pour « c’est le bouquet »; “charges” pour « accusations »; “trafic” pour « circulation » ; “supporter” pour « soutenir »… plus les voilà adeptes du “tag” et moins ils savent écrire.

        Aimé par 2 personnes

      • Je n’en ai pas douté un instant, mais peut-être devriez-vous saisir l’occasion pour rédiger un texte de mise en garde à l’attention de votre lectorat contre cette arme insidieuse de destruction massive qu’est la sémantique appliquée avec des intentions perverses?
        Puis-je me permettre de vous souffler quelques idées?
        Voyez le second texte sous lien http://www.pamphlet.ch/index.php?article_id=450.
        Et comme disait l’incomparable homme de l’ombre Victor Sébastopol… « Stévoï! ».

        Aimé par 1 personne

      • Merci pour votre lien.

        Je l’ai mis dans ma liste d’article à publier tout en espérant que les auteurs soient d’accord pour un reblogue.

        J’aime

      • Voici un hébergeur d’image gratuit. Je l’ai enregistré dans ma barre des favoris de manière à l’avoir à porté de main!! Il te faut d’abord enregistrer l’image dans ton ordi, puis parcourir les fichiers et la sélectionner.
        https://www.zupimages.net/

        Aimé par 1 personne

  2. C’est exactement ça!! Ceux qui on laissait leur autonomie (ne serait ce qu’alimentaire) à d’autre, en croyant qu’au moindre problème, l’état sera là pour eux, on du soucis à se faire à partir d’aujourd’hui!!
    La mondialisation s’effondre (pour mon plus grand bonheur)!! Dès lundi les écoles seront fermées, ne restera plus que les magasins alimentaires et pharmacie d’ouvertes!
    La transition est en cours… prévoyez pour 3 à 6 de réserve.
    Plus rien ne sera comme avant!!

    Aimé par 1 personne

  3. La mondialisation ne peut QUE s’effondrer. Simple affaire d’échelle et de proportions… et de véritable « diversité » – mais « naturelle » celle-là. Simple question de bon sens en somme…

    Dommage pour les adorateurs du Saint Algorithme!

    Ce qu’il y a de VRAIMENT dommage; c’est que derechef les véritables responsables de cette aberration échapperont à la pendaison.

    PS: Très bien trouvé, le coup du « paradigme sociétal ».

    Aimé par 1 personne

    • Je vous remercie pour votre visite et commentaire. J’en reviens à votre article d’hier sur l’écriture. Vous avez réceptionné une réponse positive pour le reblogue mais il serait peut-être plus avisé que je les contacte de mon côté. Je ne vous promet rien pour ce soir mais je m’en occupe.

      J’aime

  4. Pardonnez-moi, Apha-dolie… mais je n’ai rien compris du tout à votre poulet. Je suis un illettré de l’ordinesclave… pour tout ce qui a trait au Oueb, parlez-moi, s’il vous plaît, comme à un enfant de douze ans. C’était, du reste, l’âge mental moyen estimé par les publicitaires des Trente glorieuses pour la population réputée adulte en Hexagonie. Quelque chose me dit que cela n’a pas dû beaucoup s’améliorer depuis… Mais ce qui me préoccupe beaucoup, c’est que les publicités sont encore plus indigentes ailleurs et – singulièrement – à mesure où l’on s’éloigne d’Europe (avec quelque réserve en ce qui concerne l’Asie, dont je ne suis pas en mesure de saisir la pensée).

    À propos d’aphasie, j’imagine que vous avez lu le très sensible « Clair de femme » de Romain Gary? Il y décrit une rencontre avec un mari aphasique dont il se fait un ami en entrant dans le jeu absurde de l’incohérence de langage du malheureux. Cette scène m’a inspiré un jour (il y a bien longtemps) une stratégie similaire avec un adolescent avec trop de Y derrière son X. Nous sommes donc entrés en une sorte de conversation ubuesque et très animée. Ça lui a beaucoup plu et nous sommes devenus les meilleurs complices du monde. À la fin, il m’a même semblé que nous nous comprenions.

    Il y a dans la vie des moments privilégiés. Dommage que nous soyons si peu nombreux à savoir les saisir.

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.