Coronavirus France : une modélisation d’épidémiologistes prévoit 85 000 à 200 000 morts avec le plan de déconfinement du gouvernement

 

Le Covid-19 sera-t-il au 21ème siècle ce que la grippe espagnole a été au 20ème siècle ? C’est en tout cas le scénario le plus alarmiste sur lequel a travaillé le conseil scientifique, ce groupe de dix experts mis en place mercredi 11 mars à la demande du président de la République Emmanuel Macron « pour éclairer la décision publique ». Cette projection évalue le scénario le plus sombre, avec les hypothèses de mortalité les plus élevées et en l’absence de mesures radicales de prévention.

 

Alors que le déconfinement débutera en France à partir du 11 mai prochain, le quotidien L’Opinion dévoile aujourd’hui une modélisation épidémiologique réalisée par Public Health Expertise, spécialisée dans la modélisation des maladies, et une équipe d’épidémiologistes de l’AP-HP et de Columbia University.

 

Dans le scénario le plus sombre, la crise du coronavirus pourrait déboucher sur 200 000 décès si les gestes barrières ne sont pas respectés après le 11 mai. La protection des publics fragiles est la clé pour éviter le reconfinement.

 

Les faits – En guise d’avertissement, Edouard Philippe a glissé, mardi, au milieu de son discours sur le plan de déconfinement : « Hier, j’ai reçu du directeur général de la Santé des modélisations moins favorables. Parce que les comportements se relâchent. Parce que la baisse des hospitalisations est trop lente. » Il a appelé à une « extrême prudence ».

 


 

Les modélisations épidémiologiques convergent dans les palais de la République. L’une d’elles a circulé à Matignon dans la nuit précédant l’intervention d’Edouard Philippe : un document synthèse de huit pages élaboré par Public Health Expertise, société française spécialisée dans la modélisation des maladies, et une équipe d’épidémiologistes de l’AP-HP et de Columbia University spécialisée sur le Covid-19.

 

La note intitulée « Que donnera la stratégie actuelle du gouvernement ? » résume l’article scientifique « Lockdown exit strategies and risk for a second epidemic peak : a stochastic agent-based model of SARS-CoV-2 epidemic in France ». Basé sur la génération de modèles la plus évoluée, le document étudie l’impact d’un déconfinement progressif à partir du 11 mai, en prenant en compte le taux d’immunisation collective évalué par l’Institut Pasteur (5,7 %) et la capacité augmentée de lits de réanimation en France (14 000 dont 12 675 dédiés au Covid). Il fournit trois indications essentielles.

 

Premièrement, prolonger encore le confinement général, même avec une politique de testing efficace, n’apporterait pas de bénéfice sanitaire. Que l’on sorte le 11 mai ou en juillet, les courbes finissent par se rejoindre : les services de réanimation arrivent à saturation et, sans politique forte de gestes barrières, le bilan total pourrait atteindre 200 000 morts. Ce n’est pas ce qu’a choisi le Premier ministre, qui a rappelé mardi que « le respect des mesures de distanciation sociale prendra encore plus d’importance ».

 


 

« Pour éviter que le nombre de morts dépasse les 30 000, il faudrait protéger toutes ces personnes vulnérables durant 38 semaines… jusqu’au 8 février 2021 ! »

 


 

Deuxième vague

Deuxièmement, le masque est un outil efficace. Si la population en est dépourvue, la mortalité pourrait toucher à terme 165 000 personnes, même avec les gestes barrières. Avec des masques, le bilan tombe à 85 000 morts. Toutefois, le modèle de l’AP-HP prédit que les services de réanimation arriveraient là encore à saturation, malgré la stratégie « masques, tests, distanciation physique ». Ce triptyque serait donc efficace, mais insuffisant à empêcher une deuxième vague épidémique.

 

 

Coronavirus - Modèle

 

 

Le troisième scénario aborde le cœur du problème

En isolant les plus vulnérables, c’est-à-dire les quelque 17 millions de seniors et de personnes atteintes d’un handicap ou d’une maladie chronique, la courbe s’aplatit et la saturation hospitalière est évitée. Pour éviter que le nombre de morts dépasse les 30 000, il faudrait protéger toutes ces personnes vulnérables durant 38 semaines… jusqu’au 8 février 2021 ! Mais si les autorités se contentaient de protéger 75  % des plus fragiles (ce qui représenterait tout de même 12 millions de personnes), la France pourrait traverser la crise sanitaire sans saturer ses hôpitaux. Les épidémiologistes concluent : « La protection des personnes vulnérables est la clé pour préserver le système de santé et éviter un reconfinement. »

 

« Le problème, c’est que cela a été écarté alors que c’est la meilleure des choses à faire », commente Martin Blachier, médecin spécialiste en santé publique et dirigeant de Public Health Expertise. En Allemagne, l’épidémie repart. En Corée, les gens vivent en pseudo-confinement, à deux mètres les uns des autres. En Suède, les médecins ont regretté de n’avoir pas isolé les seniors. Tout montre que la distanciation physique et la protection des publics fragiles sont capitales. Mais la décision de différencier la population est très politique. »

 


 

Emmanuel Macron avait fait savoir à la presse qu’il ne voulait pas de « discrimination » des seniors lors du déconfinement, mais des « recommandations »

 


 

Discrimination

Edouard Philippe n’a pas fait mention hier des plus vulnérables. Peut-être parce que le 17 avril, Emmanuel Macron avait fait savoir à la presse qu’il ne voulait pas de « discrimination » des seniors lors du déconfinement, mais des « recommandations ». L’Elysée avait voulu couper court aux avertissements devant des sénateurs du professeur Jean-François Delfraissy, selon qui « les personnes d’un certain âge, de 65 ou 70 ans » devraient « continuer le confinement ». Emmanuel Macron enterrait ainsi une perspective qu’il avait lui-même ouverte, face aux Français, dans son allocution du 13 avril : « Pour leur protection, nous demanderons aux personnes les plus vulnérables, aux personnes âgées, en situation de handicap sévère, aux personnes atteintes de maladies chroniques, de rester, même après le 11 mai, confinées, tout au moins dans un premier temps. »

 

Mardi, Edouard Philippe, pris entre les injonctions du président de la République et les modélisations alarmistes des scientifiques, s’est ménagé une voie de sortie : si les indicateurs ne sont « pas au rendez-vous », a-t-il prévenu, le déconfinement n’aura pas lieu le 11 mai, ou alors « plus strictement ».

 


 

Bonus…

Time : 7 mn 49 / [1]

 


 

Femme - Masque

Pour illustration

 


 

Source :

https://www.lopinion.fr/edition/politique/plan-gouvernement-modelisation-d-epidemiologistes-l-ap-hp-prevoit-85-216731

https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/15/coronavirus-les-simulations-alarmantes-des-epidemiologistes-pour-la-france_6033149_3244.html

 

Article :

Ivanne Trippenbach / L’Opinion

 

Vidéo :

[1] Véran dévoile les CARTES du déconfinement par département en France – Figaro Live / YouTube

6 commentaires

  1. Franchement j’espère de tout cœur qu’ils se trompent … mais avec les ponts de mai qui va donner des envies de partir , avec le soleil et la chaleur qui vont donner des envies de sortir et d’aller se promener dans les parcs et jardins, sans oublier que certains vont se sentir pousser des ailes et penseront que rien ne s’est passé, et ne tiendront aucun compte de ce qu’on leur recommande de faire , eh bien alors oui, sans le port du masque strictement obligatoire pour toutes et tous, nous pourrions replonger vers quelque chose de plus dramatique encore, d’autant que les services hospitaliers sont à bout.

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  2. Les Pays-Bas ont toujours défendu les libertés

    Ils ont appliqué un minimum de mesures sanitaires obligatoires.

    Ils ont fait confiance à leur peuple pour respecter les mesures conseillées. Ainsi, les Néerlandais peuvent circuler librement, mais sont incités à respecter une distance d’un mètre et demi entre eux et à éviter de se rassembler.
    Bilan au quarantième jour
    Après quarante jours de confinement belge et du non-confinement néerlandais, les chiffres publiés par l’OMS permettent de comparer l’efficacité sanitaire des mesures adoptées.

    Après 43 jours de confinement (29 avril 2020), la prévalence de l’infection en Belgique dépasse de 82% celle des Pays-Bas (4084 vs 2243), et le surrisque de mortalité belge atteint 137% (633 vs 267).
    Echec belge
    Le confinement autoritaire belge se révèle donc comme une mesure particulièrement néfaste.
    https://mobile.agoravox.fr/tribune-libre/article/covid19-confinement-policier-belge-223818?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+agoravox%2FgEOF+%28AgoraVox+-+le+journal+citoyen%29

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  3. La privation de libertés inédite qui a frappé la France. Mais ce n’est qu’une hypothèse, qu’aucune vérification ne permettra jamais de venir contrôler. Il se trouve que nous possédons un élément de comparaison : un pays qui a refusé d’imposer le confinement. Il s’agit de la Suède. Si la Suède sort de la crise sans dégâts majeurs, cela permettrait de soutenir l’hypothèse inverse :
    https://reinformation.tv/confinement-servi-rien-eviter-morts-covid-19-suede-smits-90613-2/

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