États-Unis : Assaut du Capitole – Ceci n’est pas un coup d’état [Vidéos]

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Tatiana Ventôse, présentatrice du Fil d’Actu commente la prise du Capitole par des partisans de Donald Trump.

 


 

Assaut du Capitole

 

 

Une tentative de coup d’État a-t-elle eu lieu aux États-Unis ?

 

 

Techniquement, la prise du Capitole par des partisans de Donald Trump ce 6 janvier n’a pas été un coup d’État. L’événement n’en révèle pas moins la grande fragilité de la démocratie américaine.

 

Une tentative de putsch vient-elle d’avoir lieu aux États-Unis ? Des partisans de Donald Trump, ont pris d’assaut le bâtiment du Capitole américain le 6 janvier, perturbant le processus de certification de la victoire de Joe Biden à l’élection présidentielle. Agitant des banderoles pro-Trump, des centaines de personnes sont entrées par la force dans le bâtiment où se réunit le Congrès, détruisant les barrières censées en protéger l’accès et brisant des fenêtres. Cet épisode s’est soldé par la mort de l’une des émeutières tandis que plusieurs policiers ont dû être hospitalisés. Le Congrès a interrompu sa séance.

 

Aussi violente et choquante qu’ait pu être cette intrusion, elle ne peut pas être qualifiée de coup d’État.

 

L’insurrection des trumpistes relève de la violence électorale, un phénomène que de nombreuses démocraties fragiles ne connaissent que trop bien.

 

 

Qu’est-ce qu’un coup d’État ?

Il n’existe pas de définition unique de la notion de « coup d’État ». Toutefois, les chercheurs qui étudient ces questions (ce qui est le cas des auteurs du présent article) s’accordent sur les principales caractéristiques de ce type d’événement.

 

Jonathan Powell et Clayton Thyne, deux spécialistes reconnus en la matière, définissent un coup d’État comme « une tentative de l’armée ou d’autres élites de l’appareil d’État visant à renverser le chef de l’État en place en utilisant des moyens anticonstitutionnels ».

 

 

Trois paramètres fondamentaux sont utilisés pour juger si une insurrection est un coup d’État :

 

– Les auteurs de ces actes sont-ils des agents de l’État, tels que des militaires ou des agents gouvernementaux en rupture de ban ?

 

 – La cible de l’insurrection est-elle le chef du pouvoir exécutif ?

 

 – Les comploteurs utilisent-ils des méthodes illégales et anticonstitutionnelles pour s’emparer du pouvoir exécutif ?

 

 

Coups d’État et tentatives de coup d’État

Pour un exemple de coup d’État récent couronné de succès, tournons-nous vers l’Égypte. Le 3 juillet 2013, le chef de l’état-major de l’armée, Abdel Fattah al-Sissi, a démis de ses fonctions l’impopulaire président du pays, Mohamed Morsi. Peu avant sa chute, Morsi, premier dirigeant égyptien démocratiquement élu, avait supervisé la rédaction d’une nouvelle Constitution. Al-Sissi a également suspendu ce projet. Cet épisode peut être qualifié de coup d’État car Al-Sissi a pris le pouvoir illégalement et a imposé son propre État de droit après avoir renversé le gouvernement élu.

 

Mais les tentatives de coup d’État ne se soldent pas toujours par la chute du pouvoir en place.

 

En 2016, des membres de l’armée turque ont tenté d’écarter le président Reçep Tayyip Erdogan. Les militaires ont pris le contrôle de zones clés à Ankara, la capitale, et à Istanbul, y compris le pont du Bosphore et deux aéroports. Mal coordonnée et ne bénéficiant pas d’un soutien suffisant, cette tentative de putsch a rapidement échoué quand le président Erdogan a appelé ses partisans à s’opposer aux comploteurs. Erdogan est toujours au pouvoir aujourd’hui.

 

 

Que s’est-il passé au Capitole ?

Les événements du 6 janvier au Capitole ne remplissent pas les trois critères d’un coup d’État. Les émeutiers pro-Trump ont pris pour cible une branche du pouvoir exécutif – le Congrès – et ils l’ont fait illégalement, en employant la force. Voilà qui correspond aux catégories n°2 et n°3 présentées ci-dessus.

 

En revanche, le critère de la catégorie n°1 n’est pas rempli : il apparaît que ces émeutiers étaient des civils agissant de leur propre volonté, et non des acteurs étatiques. Le président Trump a incité ses partisans à marcher sur le bâtiment du Capitole moins d’une heure avant que la foule n’envahisse les lieux, martelant que l’élection avait été volée et proclamant « Nous ne nous laisserons plus faire ».

 

Tout au long de ces derniers mois, le président sortant n’a cessé de marteler qu’il serait la victime et sur les fraudes électorales qu’auraient selon lui commises ses adversaires ; ces affirmations ont convaincu bon nombre de ses sympathisants de la malfaisance du système étatique en place.

 

Quand il a attisé la colère de ses partisans, Donald Trump souhaitait-il que ceux-ci aillent attaquer le Congrès ? On ne peut pas répondre à cette question de façon tranchée. Une fois qu’ils eurent investi le Capitole, il les a tièdement invités à rentrer chez eux. À ce stade, il apparaît en tout cas que l’émeute de Washington, D.C, a été déclenchée sans l’approbation, l’assistance ou la direction active d’acteurs gouvernementaux comme l’armée, la police ou des responsables du Parti républicain.

 

Pour autant, il serait erroné d’affirmer que les élites politiques américaines n’ont aucune responsabilité dans ce qui vient de se passer.

 

En insistant sur la fraude électorale, de nombreux sénateurs républicains, dont Josh Hawley et Ted Cruz, ont créé les conditions de la violence politique aux États-Unis, et plus particulièrement de la violence liée aux élections.

 

Des recherches universitaires ont montré que des discours politiques « complotistes » alimentent le risque de violences électorales. Les enjeux des élections sont très élevés, puisque c’est à cette occasion que se réalise le transfert du pouvoir politique. Lorsque des représentants du gouvernement rabaissent et discréditent les institutions démocratiques alors qu’un conflit politique est en cours, des élections contestées peuvent déclencher des violences commises par des foules en colère.

 

 

Alors, comment qualifier ce qui s’est passé ?

Les événements du 6 janvier sont des violences politiques assimilables à celles qui marquent trop souvent les élections dans les démocraties jeunes ou instables.

 

Au Bangladesh, les élections donnent régulièrement lieu à des violences collectives et à des émeutes politiques, ce qui s’explique par des années de violence gouvernementale et d’exaspération de l’opposition. Les élections de 2015 et 2018 ont, à cet égard, été particulièrement marquées par les violences.

 

Au Cameroun, les élections de 2020 se sont accompagnées de nombreux actes violents : des bâtiments gouvernementaux, des figures de l’opposition et des passants innocents ont été pris pour cible. Le but des auteurs de ces actes était de délégitimer l’élection, dans un contexte de violence sectaire et de réaction brutale de l’État.

 

Si par sa cause et par son contexte, la violence électorale aux États-Unis diffère de celles observées au Bangladesh et au Cameroun, des similitudes n’en existent pas moins. Ce qui vient de se passer aux États-Unis n’est pas une tentative de coup d’État, mais cette émeute et est susceptible d’ouvrir un chapitre de turbulences politiques et sociales dans l’histoire du pays.

 


 

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Les militants à l’extérieur du Capitole…

 


 

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Des supporters détruisent du matériel appartenant à des journalistes…

 


 

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La police envoie du gaz pour disperser la foule…

 


 

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Les militants ont réussi à entrer dans le Capitole. La police essaie de les contenir…

 


 

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Les militants en balade dans le Capitole…

 


 

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Les manifestants remplissent les salles du Capitole après être passés au-delà des barricades…

 


 

Source :

https://www.youtube.com/watch?v=aoR5sniTnv4

https://www.epi.org/publication/snapshot_20100127/

https://www.thebalance.com/obama-tax-cuts-3306330

https://www.koreus.com/modules/news/article31072.html

https://www.epi.org/publication/reshoring-manufacturing-jobs/

https://twitter.com/kimKBaltimore/status/1295461903268040707

https://www.history.com/news/clinton-1990s-welfare-reform-facts

https://www.franceculture.fr/histoire/lhistoire-de-la-fin-de-lhistoire

https://newmatilda.com/2017/08/17/being-nobody-in-the-real-detroit/

https://www.latimes.com/nation/la-na-west-baltimore-profile-20150428-story.html

https://news.yahoo.com/facebook-bans-trump-indefinitely-inciting-155847693.html

https://indianexpress.com/article/explained/us-capitol-hill-siege-explained-7136632/

https://www.jacobinmag.com/2016/02/welfare-reform-bill-hillary-clinton-tanf-poverty-dlc/

https://www.propublica.org/article/the-bailout-was-11-years-ago-were-still-tracking-every-penny

https://abcnews.go.com/Politics/wireStory/time-biden-calls-obama-deportations-big-mistake-69010125

https://www.latimes.com/homeless-housing/story/2021-01-03/homeless-shelters-coronavirus-surge-hospitals

https://www.theguardian.com/commentisfree/2019/aug/01/uncomfortable-truth-baltimore-democrats-blame

https://www.theguardian.com/commentisfree/2020/nov/10/biden-establishment-democrat-next-donald-trump

https://maze.fr/2018/09/chili-11-septembre-1973-lingerence-des-etats-unis-ou-la-chute-dun-etat-democratique/

https://www.aclu.org/blog/smart-justice/mass-incarceration/how-1994-crime-bill-fed-mass-incarceration-crisis

https://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique-sud/cent-ans-de-coups-d-etat-en-amerique-latine_771984.html

https://www.forbes.com/sites/petesaunders1/2018/07/19/detroit-five-years-after-bankruptcy/?sh=6bc6f93bcfeb

https://www.marketwatch.com/story/u-s-loses-140-000-jobs-in-december-in-first-decline-since-onset-of-coronavirus-11610113382

https://eu.detroitnews.com/story/news/local/detroit-city/2018/07/18/detroit-bankruptcy-optimism-but-challenges-real/772729002/

https://www.sudouest.fr/2021/01/07/l-assaut-du-capitole-manifestation-frappante-de-la-fragilite-de-la-democratie-americaine-8261582-7498.php

https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2013/08/21/putsch-les-sept-gouvernements-officiellement-renverses-par-les-etats-unis_6000912_4832693.html

 

Article :

Sud Ouest

 

Vidéo : 

[1] CAPITOLE – CECI N’EST PAS UN COUP D’ÉTAT – Tatiana Ventôse / YouTube

[2] Trump Supporters Storm US Capitol – Storyful Rights Management / YouTube

[3] Rioters Destroy Media Equipment as Pro-Trump Protesters Storm Capitol in Washington – Storyful Rights Management / YouTube

[4] Police Fire Tear Gas to Disperse Violent Pro-Trump Protesters at US Capitol – Storyful Rights Management / YouTube

[5] Violence Erupts in US Capitol as Pro-Trump Protesters Clash With Police – Storyful Rights Management / YouTube

[6] Pro-Trump Protesters Enter Capitol Rotunda and Halls of Congress in Washington – Storyful Rights Management / YouTube

[7] Protesters Fill US Capitol Halls After Breaching Barricades – Storyful Rights Management / YouTube

 

Photo :

Pour illustration

11 commentaires

  1. Même s’il ne l’a pas dit ouvertement, Trump a poussé ces individus à s’attaquer au Capitole.
    Depuis des semaines, il n’a cessé de les chauffer en répétant chaque jour que l’élection avait été volée, que cette victoire de Biden était le fruit de nombreuses fraudes et, malgré tous les recours qu’il a engagés, sa défaite a été officiellement reconnue. Pourtant, il a continué de nier cette défaite.
    Le pire a été réalisé par lui-même qui, dans son discours le jour de la certification, a incité ses partisans les plus extrémistes à marcher sur le Capitole. Même s’il n’a pas annoncé ouvertement qu’il fallait attaquer ce haut lieu de la démocratie américaine, par sa façon d’attiser la haine de ses militants, par son refus de reconnaitre qu’il avait perdu cette élection et par le manque de retenue dans son discours, il a laissé libre cours à une interprétation de ce discours par les militants les plus extrémistes qui ont pris ces paroles comme un appel à s’attaquer au Capitole et à l’occuper.
    Quand il a vu la tournure que prenaient les événements, il a rappelé ses troupes au calme. Il est fort possible qu’il ait agi ainsi parce que sentant que, une fois quitté la Maison Blanche, la justice américaine pourrait s’en prendre à lui pour incitation à la sédition.
    De toutes façons, cet évènement est si grave que le F.B.I. a déjà arrêté plusieurs personnes et ce n’est pas prêts de s’arrêter. Alors pourquoi pas lui ? C’est à cela qu’on verra si les Etats-Unis sont vraiment une démocratie qui juge sans tenir compte de l’argent et des anciens titres de la personne.

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  2. Trop facile…Donc, malgré les « menaces » la maire démon crate de wash in ton était prévenue et fait quoi? Rien, pas plus de sécurité!! LOL
    Donc si je met une casquette et un pull « pro machin » je suis réellement pour « machin »… re LOL!!!

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    • Je nomme cela : Du Grand PSYOP américain tout en sachant que les élus (dont les présidents) ont de liberté que la longueur de la laisse de leurs maîtres. Tout se décide bien plus haut : CFR, Bilderberg, Chatham House, Commission trilatérale, Forum économique mondial, etc, etc… Que cela soit un Trump, un Joe Biden ou un cow-boy tel Ronald Reagan… Ils suivent tous le cahier des charges qui leur est remis lors de leurs investitures. S’ils tirent trop sur la laisse, cela fini comme ces présidents US : Abraham Lincoln, James Garfield, William McKinley, John Fitzgerald Kennedy. Quant aux nombres de sénateurs décédés dans des circonstances des plus troublantes, on ne les compte plus…

      Et il en va de même pour la liberté de nos ‘présidents’, etc… : Des laquais affairistes correspondant au profil… et aux services d’une oligarchie. Le bipartisme (dans son ensemble) est là que pour donner une illusion démocratique au peuple. Mais ceux qui dirigent vraiment ne sont jamais sous le feu des projecteurs et sont quasiment inconnus du grand public.

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  3. Ciao e buon 2021 nonostante tutto.
    Quello che mi stupisce e mi tocca profondamente è che le persone non hanno più leader veri, più pastori, più guide che li aiutino a filtrare e capire la realtà più che alterarla.
    La storia non ha ancora insegnato nulla?
    Abbraccio, Vicky

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