« Red Team Defense » : la science-fiction au secours de l’armée française pour anticiper de prochaines menaces dans un futur pas si éloigné

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Leur mission : imaginer les pires scénarios pour mieux les prévenir.

 

« La Red Team a pour but de mettre à mal l’armée », voici en quelques mots un résumé du projet par l’un de ses participants, Xavier Mauméjean écrivain et philosophe. Ils sont une dizaine d’écrivains, romanciers, scénaristes, qui travaillent en collaboration avec des experts scientifiques et dessinateurs de la « Red Team ». Les auteurs de la « Red Team » anticipent notre réalité grâce à la science-fiction.

 


 

 

 

C’est une alliance atypique que celle de la littérature et de l’armée et pourtant c’est le nouveau projet de l’armée française, la « Red Team ». Son objectif : utiliser l’esprit créatif des auteurs de science-fiction pour imaginer les menaces du futur et, peut-être, mieux les anticiper.

 

 

Développer les réflexes de l’armée

Sélectionnés en 2019 par un conseil scientifique de l’université Paris Sciences & Lettres, ils doivent apporter un œil inédit, original et créatif sur un possible futur. Ce projet unique en Europe, vient des États-Unis et a été développé pendant la guerre froide. Le but : permettre à l’armée d’anticiper de prochaines menaces dans un futur pas si éloigné, 2030-2060.

 

« On n’imaginera jamais toute la variété des attaques qui peuvent se produire, mais c’est plutôt d’avoir des réflexes face à des situations inhabituelles. Je pense que c’est ça l’intérêt de l’exercice, on ne pourra jamais tout prévoir. », Fabienne Casoli, astrophysicienne, membre du conseil scientifique du projet.

 

Tout prévoir non. Mais plutôt nourrir les réflexions stratégiques de l’armée française autour de préoccupations géopolitiques, démographiques, technologiques et environnementales actuelles. Les prochaines productions de la « Red Team » seront classées secret-défense. Mais les deux premiers scénarios tests ont été rendus publics.

 

 

Des réfugiés climatiques aux implants neuronaux

Dans « P-nation » par exemple, les auteurs ont imaginé un monde où le réchauffement climatique a poussé des millions de réfugiés près des côtes. Ils forment sur l’eau une nation pirate, la « P-nation » prête à attaquer une base spatiale française dédiée à la récupération de minerais depuis l’espace. Un scénario de science-fiction, mais avec une base très réaliste.

 

« Le jeu lui-même est contraint à un réalisme fort. Je sais que je quitte un peu une sorte de confort intellectuel qui est celui du romancier, où je n’ai pas de comptes à rendre à la réalité. », Laurent Genefort, écrivain et membre de la « Red Team »

 

 

Autre sujet de science-fiction : Le transhumanisme

Dans le scénario « Barbaresque 3.0 », la « Red Team » a imaginé des soldats qui contrôlent des navires à distance via des implants neuronaux. Quand ceux-ci sont piratés, c’est une bataille navale entraînant tous les acteurs de la Méditerranée qui commence.

 

Impossible ? La « Red Team » s’inspire de Neuralink, d’Elon Musk.

 

« Dans le scénario « Barbaresque 3.0 », il y a des éléments qui ont été coupés. Parce qu’on était vraiment trop proches, sans le vouloir on est tombés juste, de la réalité. Peut-être pas de la réalité publique, mais de la réalité. », Xavier Mauméjean, écrivain et philosophe, membre de la « Red Team »

 


 

 

 

Une dizaine d’auteurs, réunis dans une « Red Team », a présenté les menaces potentielles auxquelles l’armée française pourrait être confrontée entre 2030 et 2060. Un projet très sérieux, qui s’appuie sur des connaissances scientifiques mais aussi sur le goût de la science-fiction pour le militaire.

 

Le 4 août 2042, la fusée Ariane-Heavy décolle du centre spatial de Kourou, en Guyane, pour mettre en orbite les premiers éléments de l’ascenseur spatial qui doit faciliter les missions vers la Lune et Mars. Soudain, le lanceur explose, détruit par un tir de la nation pirate – la « P-Nation », un ensemble disparate de réfugiés climatiques et d’activistes anti-puce, du nom du dispositif contenant toutes les données médicales, financières et civiles de son porteur. Or la « P-Nation » s’est bâtie sur les eaux à l’aide d’une multitude d’embarcations, de tankers et de polders, très densément peuplés ; un terrain d’intervention particulièrement difficile pour l’armée française.

 

 

Ce scénario vous semble relever de la science-fiction ?

Vous avez parfaitement raison, et c’est précisément pour cela qu’il intéresse le ministère des Armées. Une dizaine d’écrivains, de romanciers et de scénaristes spécialistes du genre, en collaboration avec des scientifiques, dessinateurs et designers, réunis dans une « Red Team », doivent soumettre ce mercredi 7 juillet plusieurs scénarios de menaces auxquelles pourrait être exposée la France entre 2030 et 2060. Si la plupart de ceux écrits l’an dernier ont été classés secret-défensedeux d’entre eux ont été publiés.

 


 

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Des scénarios inventés mais très encadrés

Pour ce projet, les artistes sont en effet encadrés tout du long par l’Université Paris Sciences et Lettres (composée notamment de l’Ecole des Mines, l’ENS, la Femis ou encore Paris-Dauphine), et par l’Agence de l’innovation de défense (AID), l’État-major des armées, la Direction générale de l’armement et la Direction générale des relations internationales et stratégiques.

 

« Nous sommes prisonniers de notre mental quotidien. Pour percer le mur de l’imaginaire, il faut faire appel à des personnes qui pensent en dehors du cadre : les auteurs de science-fiction sont de ceux-là », défend sur le site du ministère Emmanuel Chiva, directeur de l’AID.

 

Dans le cas du premier scénario, « face à une armada pirate prête à en découdre », les auteurs soulignent l’importance pour l’armée de maîtriser « le milieu marin » ou « l’espace cyber ».

 

 

Les antimilitaristes au secours de l’armée

Plusieurs centaines de candidatures ont été reçues pour participer à cette initiative depuis son lancement, en 2019.

 

Le milieu de la science-fiction, volontiers antimilitariste et plutôt axé à gauche, s’est prêté de bonne grâce à l’exercice, précisément du fait de ces caractéristiques.

 

« C’est souvent dans des bouquins qualifiés d’antimilitaristes que l’on trouve de très bons développements de la guerre. Ce sont justement des sentiers qui ne sont pas explorés par les équipes de recherche et développement et c’est là où nous, on essaye d’aller », décrit Laurent Genefort à « France Culture ».

 


 

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La présentation officielle de la « Red Team Défense » et de ses premiers travaux seront dévoilés lors du Digital Forum Innovation Défense le 4 décembre 2020. Lancée avec l’Etat-major des armées (EMA), la Direction générale de l’armement (DGA) et la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS), la « Red Team Défense » a pour mission d’anticiper les aspects technologiques, économiques, sociaux et environnementaux susceptibles d’engendrer de potentielles conflictualités à l’horizon 2030-2060.

 


 

Les auteurs auraient-ils dépassé la fiction ?

 

Ronald Reagan / Los Angeles Public Library

 

 

La première « Red Team », mise sur pied par le président américain Ronald Reagan, n’a jamais rendu publiques ses conclusions.

 


 

Source :

https://redteamdefense.org/

https://www.franceculture.fr/litterature/red-team-la-science-fiction-au-secours-de-larmee

https://www.defense.gouv.fr/aid/actualites/la-red-team-defense-publie-ses-deux-premiers-scenarios

https://www.lejdd.fr/Societe/red-team-quand-larmee-a-recours-a-des-auteurs-de-science-fiction-pour-imaginer-les-menaces-du-futur-4056638

https://www.lepoint.fr/high-tech-internet/qui-sont-les-dix-auteurs-de-sf-de-la-red-team-du-ministere-des-armees-04-12-2020-2404230_47.php

 

Article :

Elsa Mourgues / France Culture

Louis de Briant / Le JDD

 

Vidéo : 

[1] Red Team : la science-fiction au secours de l’armée – France Culture / YouTube

[2] P_Nation 1/3 – Ante Bellum Films / Vimeo

[3] L’initiative Red Team Défense – Agence de l’innovation de défense / YouTube

 

Photo :

Pour illustration

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