Time : 6 mn 34 / [1/1]
Chapitres :
0:00 : Introduction.
0:36 : Énergie / le gaz.
3:34 : Alimentation / le blé.
4:32 : Défense / les armes.
5:40 : Influence / le soft power.
Synopsis vidéo :
Avec l’aggravation de la situation en Ukraine et les multiples sanctions imposées à la Russie de Vladimir Poutine, l’Europe s’est retrouvée face à une réalité :
« Notre dépendance au pétrole et au gaz russe passe là aussi par une diversification de nos achats », comme souligné par Emmanuel Macron.
Un pays pourrait tirer son épingle du jeu dans cette crise : les États-Unis.
On vous explique dans « Factu » comment les Américains pourraient bénéficier de la guerre en Ukraine avec Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste BDO France et Cyrille Bret, enseignant à Sciences Po Paris.
Les clés pour comprendre comment l’Amérique profite de la guerre en Ukraine
1 : Vendre un gaz plus cher à l’Europe
Joe Biden n’a pas fait le voyage pour rien. Le 25 mars dernier, en sa présence, la Commission européenne s’est engagée à lui acheter 15 milliards de m3 (Gm3) de gaz naturel liquéfié (GNL) supplémentaires en 2022. Ce n’est qu’un début. À terme, l’objectif est de remplacer totalement les 155 Gm3 de gaz russe représentant 30 % de la consommation de l’UE. Issu de la fracturation hydraulique (technique prohibée en France car jugée trop polluante), ce « gaz de schiste » sera transporté par méthanier avant d’être regazéifié à son arrivée sur le continent. Pour ce faire, l’Allemagne (qui avait tout parié sur le gazoduc russe Nord Stream 2) devra construire deux terminaux adaptés à cette opération. Aux États-Unis, les producteurs de GNL se frottent les mains et accentuent la pression sur le gouvernement Biden afin d’obtenir de nouvelles concessions. Leur modèle économique est le mégachamp Golden Pass qui sera mis en service par ExxonMobil et Qatar Energy dans l’État du Texas en 2024. Un investissement de 10 milliards de dollars dont la rentabilité est désormais garantie par… la clientèle
2 : Une aubaine pour l’industrie de l’armement
La guerre russo-ukrainienne a également convaincu (à juste titre, mais dans l’urgence) les Européens de renforcer leurs armées. Le chancelier Olaf Scholz entend ainsi consacrer 100 milliards d’euros à la modernisation de la Bundeswehr. Sa première décision ne plaide pas en faveur de l’Europe de la Défense : Berlin va acheter 35 avions furtifs F-35 du constructeur américain Lockheed Martin pour remplacer sa flotte de Tornado. Tant pis pour l’avion de chasse européen Scaf (Système de combat aérien du futur), que l’Europe développe pourtant avec Paris et Madrid. L’armée française se retrouve aussi en position délicate. Elle dépendait intégralement des gros-porteurs ukrainiens Antonov 124, dont la flotte a été partiellement détruite par les Russes. L’Airbus A400M ayant une capacité d’emport six fois inférieure, il est probable qu’elle se tourne vers le C-17 américain de chez McDonnell Douglas ! Quant au groupe Airbus, maître d’œuvre du projet Eurodrone (drone européen de moyenne altitude et de longue endurance), il vient d’annoncer qu’il équiperait son prototype d’un moteur fabriqué par une filiale de General Electric !
3 : Jackpot pour les fermiers du Midwest
La Russie et l’Ukraine, respectivement premiers et cinquièmes exportateurs de blé, fournissaient 25 % de la demande mondiale avant le conflit. Le blé ukrainien est en train de pourrir dans les ports de la mer Noire. Soumis aux sanctions, le blé russe est devenu invendable, ce qui fait grimper les cours, la tonne étant passée de 275 euros en janvier à 350 euros en mars. Les agriculteurs américains, massivement subventionnés par l’administration Biden (27 milliards de dollars dans le cadre de l’American Rescue Plan Act, le plan de relance démocrate adopté en 2021 pour booster l’économie nationale), ne peuvent être que les grands vainqueurs de cette redistribution alimentaire à grande échelle. L’année 2021 leur avait déjà été particulièrement favorable puisque le secteur agricole avait pulvérisé ses records à l’exportation : 177 milliards de denrées vendues à l’étranger, soit une hausse de 18 % par rapport à 2020 et 14,6 % de plus que le précédent record en 2014.
Si les hostilités devaient continuer, nul doute que le Midwest ravira à la Russie et à l’Ukraine le titre envié de « grenier à blé » de la planète.
Source :
Article :
Le Figaro
Vidéo :
[1] Gaz, blé, armes… Comment les États-Unis profitent de la guerre en Ukraine – Figaro Live / YouTube
Photo :
Pour illustration
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