Urgences : « On va avoir des morts, et on le sait », Pierre Schwob Tellier, infirmier à l’hôpital Beaujon

Time : 13 mn 20 / [1/1]

 


 

Synopsis vidéo :

La Société française de médecine d’urgence tire la sonnette d’alarme. Selon l’association, près de 120 services d’urgence privés ou publics risquent de rencontrer d’importantes difficultés cet été, voire de fermer leurs portes.

 

L’ampleur du phénomène est inédite. Comment expliquer une telle crise ?

 

Pour en parler, notre journaliste Cemil Şanli reçoit Pierre Schwob Tellier, infirmier aux urgences de nuit de l’hôpital Beaujon à Clichy et membre du collectif Inter-urgences.

 

Le Média

 


 

Fermetures de services d’urgences à l’hôpital  

 

 

Le cri d’alarme de Patrick Pelloux

 

 

 

Faute de soignants, plusieurs services d’urgences de France ferment ou réduisent leur activité. Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes hospitaliers de France, tire la sonnette d’alarme face à une situation qu’il qualifie de « catastrophique ».

 

 

Situation de crise dans les hôpitaux. Éreintés par deux années de Covid-19 et confrontés à un manque de personnels, plusieurs CHU ont été contraints de fermer leurs services d’urgences, notamment la nuit, ou d’en réduire l’activité. Nous estimons que cela concerne à peu près une centaine de services d’urgences sur les 690 que compte la France​, assure Patrick Pelloux.

 

Le président de l’Association des médecins urgentistes hospitaliers de France revient pour « Ouest-France » sur la situation et propose des solutions pour y remédier.

 

Certains CHU annoncent la fermeture de leurs services d’urgences faute de personnels. À Bordeaux, qui pourtant une grande métropole, le CHU va fermer ses urgences adultes la nuit pour se concentrer sur les cas graves. À quoi cela est-il dû ?

 

La situation est catastrophique. Je n’accuse pas les personnels mais les pouvoirs publics qui veulent créer une situation de chaos pour fermer des structures. Il y a un phénomène de « grand renoncement » avec des personnels qui sont totalement désabusés et qui n’adhèrent plus à l’idée collective et fédérative qu’est l’hôpital public.

 

 

Comment expliquer ce « grand renoncement » ?

Cela s’est accéléré avec la pandémie. On a demandé aux hôpitaux de ne se consacrer qu’au Covid-19, avec une charge très inégalitaire entre les régions. Le système a été déstabilisé et les personnels ont été un peu abandonnés après avoir énormément travaillé.

 

« Nous allons avoir des décès inopinés. »

 

 

Le Ségur de la santé n’a-t-il pas eu l’effet escompté ?

Il a été sans effet. L’augmentation de salaire de 183 € par mois était insuffisante puisqu’elle ne rattrapait même pas la baisse de pouvoir d’achat des vingt dernières années. Nous sommes toujours le 18ème pays de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques) en ce qui concerne le salaire des infirmières.

 

 

Faut-il mettre en place une obligation de garde pour les médecins libéraux ?

C’est une certitude mais elle ne doit pas concerner que les médecins généralistes. Il faut obliger tous les médecins, y compris des cliniques privées, à participer à la permanence de soin. Les pouvoirs publics ont laissé les chirurgiens quitter le secteur public pour le privé. Aujourd’hui, si vous avez une fracture ouverte, vous ne trouvez personne qui peut s’en occuper. Dans le secteur public, il n’y a pas assez de lits et rarement des chirurgiens. Dans le secteur privé, les chirurgiens travaillent le plus souvent aux heures ouvrables de la semaine. Ils gagnent beaucoup d’argent et cela ne les encourage pas à travailler le soir ou le week-end.

 

 

 

 

Comment s’annonce l’été ?

Cela va être atroce, du jamais vu. Nous allons avoir des décès inopinés et involontaires dans les structures. Cela va être renforcé par l’afflux massif de touristes dans des zones balnéaires où les hôpitaux ne fonctionnent plus, ou seulement avec des médecins intérimaires. Pour l’instant, nous n’avons plus de ministre de la Santé, nous sommes entre deux élections et nous savons qu’aucune décision ne sera prise. C’est terrifiant.

 


 

« Il faut réintégrer les soignants non-vaccinés. »

 


 

Faut-il réintégrer les soignants non-vaccinés ?

Bien sûr. Nous sommes en pleine tempête, il faut que tout le monde vienne sur le bateau. Nous devons comprendre pourquoi ils ne se sont pas fait vacciner [Ndlr : c’est pourtant simple à comprendre] et réfléchir à intégrer le Covid-19 dans l’obligation des vaccins [Ndlr : quelle charmante idée…] mais, là, tout de suite, il faut les réintégrer.

 

 

Y a-t-il d’autres solutions ?

Nous devons valoriser le travail de nuit et les gardes en créant une égalité de salaire pour tous. Aujourd’hui, les médecins libéraux qui font des gardes de nuit peuvent défiscaliser jusqu’à 60 jours par an. Ce n’est pas le cas pour les médecins hospitaliers et cela crée un problème d’égalité. Le travail de nuit fait baisser l’espérance de vie et aggrave les maladies chroniques. C’est pourquoi nous demandons le doublement de la rémunération des gardes de nuit pour les médecins. Il faut aussi renouveler le management.

 

 

Que voulez-vous dire ?

De nouveaux modèles de managements ont émergé dans le secteur privé mais l’hôpital public n’a pas muté. Nous sommes toujours avec un système de management très archaïque, qui remonte au milieu du 20ème siècle et qui repose sur l’humiliation. Nous devons y mettre de la bienveillance avec un management de proximité.

 

« Sans les médecins étrangers, les hôpitaux ferment. »

 

 

Que faire du point de vue de la formation ?

Aujourd’hui, nos hôpitaux fonctionnent grâce à l’importation de médecins étrangers, venus d’Algérie, de Tunisie ou encore de Roumanie. Sans eux, les hôpitaux ferment. Et d’un autre côté, vous n’avez pas assez de place pour les jeunes français dans les études d’infirmières ou de médecine. Il faut obliger les doyens des facultés à augmenter de 50 % le nombre d’étudiants reçus en première années de médecine. Il faut aussi rémunérer les infirmières, les aides-soignants et les ambulanciers quand ils sont dans leur deuxième ou troisième année de formation.

 

 

Qu’est-ce que cette crise dit de notre société ?

Nous sommes dans une société qui ne tourne plus rond et dont la valeur cardinale est l’argent. Le désengagement de l’État dans le service public et le manque d’organisation, ce sont les plus faibles, les personnes âgées et les handicapés qui vont le payer.

 


 

Source :

https://www.lemediatv.fr/emissions/2022/urgences-on-va-avoir-des-morts-et-on-le-sait-OfLzNHozRbaKTqFAQ35zOg

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/penurie-de-soignants-aux-urgences-l-ete-sera-atroce-alerte-patrick-pelloux-20220519

https://www.ouest-france.fr/sante/hopital/entretien-fermetures-de-services-d-urgences-a-l-hopital-le-cri-d-alarme-de-patrick-pelloux-46920464-d69f-11ec-9b2d-786031940fdf

 

Article :

Cemil Şanli, reporter et journaliste / Le Média

Ouest-France / Propos recueillis par Alexis Boisselier

 

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Vidéo :

[1] URGENCES : « ON VA AVOIR DES MORTS, ET ON LE SAIT » – Le Média / YouTube

 

Photo :

Pour illustration

8 commentaires

  1. Et il a pas l’impression d’avoir participé au truc le Pelloux ?
    C’est pas lui qui affirmait, entre autres, que les gens allaient se battre pour se faire vaxxxiner ?
    Qu’il savait qui allait mourir… Tous ceux qui avaient refuser de se faire vaxxxiner…

    Tout comme Raoult (que plus personne n’écoute à partir du moment où il a dit qu’en bon fonctionnaire de l’État si on lui demande de vaxxxiner = il s’exécutera et vaxxxinera) Pelloux sent le vent du boulet en approche… Trop Tard !
    JBL

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