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Explosion à caractère nucléaire en Russie
Un panneau à l’entrée de la base militaire de Nionoska, où a eu lieu l’explosion. | Sergei Yakovlev / Reuters
Ce que l’on sait, ce qui reste flou
Après une mystérieuse explosion survenue le 8 août dans une base militaire russe, une hausse de la radioactivité a été constatée dans la région d’Arkhangelsk. Les experts soupçonnent la Russie d’y développer un nouveau missile à propulsion nucléaire et à portée illimitée.
Que s’est-il vraiment passé à Nionoska, au bord de la mer Blanche, le 8 août dernier ? Une explosion sur une base militaire située près de ce village du Grand nord russe a fait 5 morts et entraîné une hausse de la radioactivité. L’incident serait lié au test de « nouveaux armements », probablement des missiles à propulsion nucléaire.
On fait le point sur ce que l’on sait de l’accident, et sur les nombreuses zones d’ombre qui l’entourent encore.
Quelles sont les circonstances de l’accident ?
Le 8 août à midi, une explosion retentit dans la base militaire proche du village de Nionoska, dans le Grand nord Russe, faisant au moins cinq morts et trois blessés. Ouverte en 1954, cette base est spécialisée dans les tirs de missiles. Comme de nombreux sites soviétiques, elle a longtemps été absente des cartes géographiques.
L’explosion a eu lieu à une trentaine de kilomètres de la ville de Severodvinsk, dans l’Arctique russe. | Infographie Ouest-France
Après plusieurs jours de communication floue, l’agence nucléaire russe Rosatom admet que l’explosion a un caractère nucléaire et qu’elle est liée au test de « nouveaux armements ». D’après l’agence, les spécialistes tués fournissaient de l’ingénierie et du support technique pour « la source d’énergie isotopique » du moteur du missile à l’origine de l’explosion.
Les ingénieurs et soldats décédés ont été enterrés dans la ville fermée de Svarov, lieu de conception des premiers missiles nucléaires soviétiques. Rosatom, qui chapeaute toute la chaîne de production civile et militaire, a présenté les victimes comme des « héros », et assuré que la Russie continuerait à développer de nouveaux armements « jusqu’au bout ».
Quel est ce mystérieux missile, et pose-t-il un danger ?
Selon des experts américains, l’accident est vraisemblablement lié aux essais d’un missile de croisière à propulsion nucléaire dont la Russie cherche à se doter, le 9M730 « Bourevestnik » (« oiseau de tempête » en russe).
Surnommé « Skyfall » par l’Otan, il ferait partie d’une nouvelle génération d’armements « indétectables », « invincibles » et « supersoniques » capables d’atteindre les « centres de décision occidentaux » vantés par Vladimir Poutine au début de l’année. D’une « portée illimitée » selon le président, le Bourevestnik serait capable de surmonter quasiment tous les systèmes d’interception.
L’accident aurait aussi impliqué un petit réacteur nucléaire, a déclaré le directeur scientifique de la base militaire Viuacheslav Soloviev. La Russie serait donc bien en train de mettre au point un missile à propulsion nucléaire, théoriquement capable de faire plusieurs fois le tour de la Terre, à Nionoska.
Vladimir Poutine présente les nouveaux missiles à propulsion nucléaire et à « portée illimitée » à Moscou, le 1er mars 2018. | Maxim Shipenkov / EPA-EFE
« Avec une portée illimitée, vous pouvez faire de larges détours pour frapper l’adversaire sur des zones exposées, utiliser des trajectoires non surveillées, afin de contourner et surprendre les radars américains et leur défense anti-missile. », explique Corentin Brulstein, directeur du centre des études de sécurité à l’IFRI à l’AFP.
Mardi 13 août, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a refusé de confirmer que le missile impliqué dans l’explosion était bien le « Bourevestnik ». Les experts doutent cependant que ces armements soient au point, et même qu’ils puissent l’être un jour. Car les défis technologiques pour développer ces missiles sont énormes : il faut réussir à miniaturiser un réacteur nucléaire pour l’embarquer à bord d’un missile, puis gérer la sécurité des chercheurs pendant les phases de tests, et enfin celle des opérateurs.
Y a-t-il un risque de contamination nucléaire ?
Quelques heures après l’explosion, les autorités de la ville voisine de Severodvinsk ont annoncé avoir détecté une « brève hausse de la radioactivité », avant de retirer leur publication. Les autorités russes affirment de leur côté que le niveau de radioactivité est « resté stable ».
Mardi 13 août, l’agence russe de météorologie a admis avoir relevé des niveaux de radioactivité dans la région quatre à seize fois supérieurs à la moyenne dans les heures qui ont suivi l’explosion, sans atteindre les niveaux considérés comme dangereux pour la santé par l’OMS. L’ONG Greenpeace indique pour sa part que les radiations mesurées dans le secteur ont été 20 fois plus élevées que la normale.
Après l’accident, les habitants de la région se sont précipités dans les pharmacies pour se procurer des pastilles d’iode protégeant des rejets d’iode radioactif.
Selon la presse locale russe, les 450 habitants de Nionoska auraient dû être brièvement évacués en train pendant deux heures dans la matinée du 14 août, une « simple mesure de routine » selon les autorités d’Arkhangelsk. L’évacuation a finalement été annulée mercredi matin, selon le Washington Post.
Après l’explosion, la Russie a aussi fermé une partie de la baie de la Dvina à la navigation, sans qu’on sache si cette mesure vise à protéger l’environnement, ou à empêcher les marins de passage d’assister à une opération de récupération de débris en mer.
Une nouvelle escalade nucléaire ?
Dans un tweet énigmatique, Donald Trump a annoncé « en savoir beaucoup » sur l’explosion, sans plus de précisions, ajoutant que les États-Unis « ont la même technologie, mais plus avancée ».
La Russie a de son côté affirmé mardi 13 août que sa compétence en matière de missiles à propulsion nucléaire « dépasse significativement le niveau atteint par d’autres pays et est assez unique ».
Cette passe d’armes intervient dans un contexte tendu entre les deux puissances. L’armée américaine a dopé son arsenal nucléaire depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche. Vladimir Poutine a de son côté annoncé en 2018 que la Russie avait mis au point des armes nucléaires invincibles.
Le 2 août dernier, Washington et Moscou ont enterré le traité de non-prolifération sur les armes nucléaires (INF) conclu pendant la Guerre froide. Les États-Unis reprochaient à la Russie de développer des missiles 9M729 représentant une « menace directe » pour les Américains et leurs alliés.
Le 13 août, le Kremlin a affirmé qu’il était en train de « gagner » la course aux armements nucléaires face aux États-Unis. Les Européens craignent que leurs territoires ne deviennent un potentiel champ de bataille, d’autant que le seul accord bilatéral sur le nucléaire encore en vigueur arrive à échéance en 2021.
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Source :
Vidéo :
[1] Explosions rock Russian ammunition depot in Siberia – Guardian News / YouTube
[2] Cinq morts dans un accident nucléaire en Russie – euronews (en français) / YouTube
Photo :
Pour illustration
Avec eux on ne sait jamais ou est la vérité et jusqu’ou leurs mensonges .. les habitants paieront de toute facon le prix fort
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Espérons que cela ne se propage pas comme le dernier ‘nuage’ radioactif sur toute l’Europe (il y a quelques semaines).
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[…] https://aphadolie.com/2019/08/14/explosion-a-caractere-nucleaire-en-russie-videos/ […]
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Ça fait peur tout ça….
En tout cas merci pour les partages. Bien documentés, bien expliqués…. utiles !
Bel après-midi, à bientôt.
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C’est moi qui vous remercie pour votre visite et commentaire. Espérons qu’il n’y ait pas un seconde irradiation sur l’Europe; ce qui fut le cas il y a quelques semaines. Au plaisir de vous lire.
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Mardi vers 18h mon mari et mon fils ont vu un hallo autour du soleil, et apparemment cet halo c’est vu aussi dans le sud de la france (on est au sud est) . Je ne dis pas que cela vient de cet échec nucléaire… mais Je me dis quand même que c’est bizarre… ça aurait mis trois quatre jours pour arriver chez nous? c’est possible…
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Ce n’est pas en rapport avec ce qui s’est passé en Russie. C’est du style phénomène atmosphérique au Brésil.
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Ok. tout ce qui est nucléaire se retrouve quand même dans l’air… si encore il y avait des barrières dans le ciel, mais il n’y en a pas… donc peu de chance qu’on y échappe … peut être même qu’en ce moment même…
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Le problème avec les radiations, c’est qu’à moins d’avoir une cage de plomb de plusieurs mètres d’épaisseur entourée d’une cage de Faraday, on y échappe pas.
Un exemple parmi bien d’autre : Les armes à uranium appauvri utilisées en Irak et bien des traces de certains isotopes furent retrouvés au Brésil…
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Le problème avec les radiations, c’est surtout les hommes qui l’utilisent, car si aucun homme l’utilisaient… ben rien ne se passerait… cqfd on en revient toujours au même soucis…
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C’est exact Emilie…. Toujours le même soucis.
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