Le Fléau n°1 des Etats-Unis ! – MAJ

Time : 1 h 10 / [1/1]

 

Chapitres :

00:00 – Le coupable.

29:26 – Le mensonge.

54:12 – La riposte.

 


 

Synopsis vidéo :

C’est un fléau qui fait des ravages à grande échelle aux Etats-Unis. Des médicaments antidouleurs prescrits par les médecins en toute légalité. A leur insu, les Américains en deviennent dépendants… Que contiennent réellement ces médicaments ?

 


 

L’OxyContin, un anti-douleur fabriqué par le laboratoire Purdue Pharma. | Reuters, George Frey

 

 

Aux Etats-Unis, le nombre de décès causés par la prise d’opioïdes a explosé ces cinq dernières années. Pour la première fois, le nombre de personnes décédées d’une surdose d’opioïdes a dépassé les 100 000 entre avril 2020 et avril 2021. Une augmentation de 30 % par rapport à l’année précédente et la situation semble hors de contrôle.

 

La Virginie-Occidentale détient le triste record d’État le plus touché par cette épidémie. L’année dernière, plus de 1 600 personnes sont décédées d’une overdose d’opiacés dans le petit État d’1,2 millions d’habitants, soit 52 habitants pour 100 000 habitants, le taux le plus élevé du pays. Et au pays des overdoses, le comté de Berkeley et ses 120 000 concitoyens, où se trouve Inwood, a sa place sur le podium de cette sinistre course. Sur les douze mois précédant avril 2021, 106 personnes sont mortes d’une overdose.

 

 

Un patient sur quatre développe une addiction

D’après le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), plus d’un patient sur quatre qui se voit prescrire un traitement long aux opioïdes développe une addiction.

 

Oxycodone, Percocet, hydrocodon… d’abord prescrit par l’armée puis après par des médecins civils.

 

L’OxyContin est un puissant analgésique similaire à la morphine, développé et commercialisé par le laboratoire privé Purdue Pharma, basé dans le Connecticut aux États-Unis. Bien qu’autorisé par la Food and Drug Administration (FDA), le gendarme de la santé américaine, il serait à l’origine de plus de 300 000 morts par overdose depuis les débuts de sa commercialisation sur le marché américain en 1996.

 

Cet opiacé censé soulager les douleurs intenses en agissant directement sur le cerveau humain est également accusé d’être le principal contributeur de la « crise des opioïdes » qui a ravagé les États-Unis, faisant plus de 450 000 morts depuis 1999.

 

Comment, malgré une batterie de tests effectués en amont de l’autorisation de commercialisation délivrée par la FDA, cet opiacé a pu réussir à rendre tout un pays mortellement dépendant ?

 

 

Infographie 1 : Le Parisien

 

 

Plus de 500 000 morts par overdose

La crise des opiacés, déclenchée par la promotion incisive et la surprescription de médicaments antidouleur très addictifs tels que l’oxycodone dans les années 1990, a fait plus de 500 000 morts par overdose aux Etats-Unis depuis vingt ans.

 

Partie d’une surconsommation de médicaments délivrés sur ordonnance, autrefois réservés aux maladies les plus graves, elle a généré un vaste marché de substances opiacées illicites particulièrement puissantes, comme le Fentanyl, qui ont fait flamber le nombre d’overdoses.

 

Après un début d’amélioration juste avant la pandémie, le nombre d’overdoses mortelles est reparti à la hausse en 2020 : plus de 93 000 personnes sont mortes, la plupart d’overdoses liées aux opiacés.

 

 

 

 

Un crime sanitaire ?

L’histoire commence en 1990. Le laboratoire Purdue Pharma cherche un successeur à son analgésique MS Contin, en perte de vitesse commerciale, soumis à la rude concurrence de médicaments génériques. Le laboratoire développe alors un médicament à partir de l’oxycodone, un opiacé semi-synthétique aux effets similaires à son MS Contin. Autorisé par la FDA en 1995 et mis sur le marché américain en 1996, l’OxyContin connaît un succès retentissant ; il génère bientôt plus de 35 milliards de dollars de revenus.

 


 

 

Le succès commercial de l’OxyContin doit en réalité son succès à des techniques de vente douteuses et un marketing trompeur et à une campagne de recrutement controversée auprès des médecins généralistes.

 


 

L’autorisation de commercialisation délivrée par la FDA en 1995 aura également mauvaise presse quelques années plus tard puisque le Dr. Curtis Wright, à l’origine de cette autorisation, a intégré la direction de Purdue Pharma en 1998.

 

Ces facteurs combinés mènent à la naissance d’un véritable marché noir devenu incontrôlable, ignorés par le laboratoire. Pilules volées en pharmacie, ordonnances vendues par des médecins généralistes, médicament écrasé pour amplifier ses effets euphorisants, la crise des opioïdes est lancée et s’installe durablement au sein de la société américaine.

 

 

Une famille issue du monde de l’art

À l’origine de l’OxyContin, et indirectement de la crise des opioïdes, il y a un nom : les Sackler. Si ni le laboratoire, ni les boîtes de médicaments n’en font mention, il a une résonnance toute particulière dans l’univers culturel et artistique. Riches philanthropes, généreux donateurs et célèbres mécènes, les Sackler ont frappé de leur sceau le monde de l’art et des musées car, à défaut de le mettre en lumière sur les boîtes d’OxyContin, leur nom figure dans nombre de lieux culturels prestigieux.

 

Ainsi, une aile du Metropolitan Museum et du Guggenheim de New York, ainsi que du Tate Modern de Londres, portent le nom des Sackler. Un escalier au Musée Juif de Berlin a également été baptisé ainsi. En France, le musée du Louvre a vu, entre 1997 et 2019, son aile consacrée aux antiquités orientales porter également ce nom.

 


 

Les Sackler comptent parmi les familles les plus riches des États-Unis, avec une fortune estimée à près de 11 milliards de dollars.

 

En 2013, en France, l’un des trois frères fondateurs de Purdue Pharma, Raymond Sackler, a été promu officier de la Légion d’honneur.

 


 

Quatre laboratoires, accusés d’avoir alimenté la crise des opiacés, prêts à payer 26 milliards de dollars pour solder les litiges

S’il se confirme, cet accord sera le plus important de l’épique bataille juridique engagée par des Etats américains pour faire payer les entreprises accusées d’avoir produit et promu les médicaments opiacés.

 

Accusées d’avoir contribué à la crise des opiacés qui ravage les Etats-Unis, quatre sociétés pharmaceutiques américaines sont prêtes à payer 26 milliards de dollars pour solder des milliers d’actions en justice intentées contre elles par de nombreux Etats américains.

 

Le laboratoire Johnson & Johnson a accepté de payer 5 milliards sur neuf ans, et les distributeurs McKesson, Cardinal Health et AmerisourceBergen – qui fournissent à eux trois 90 % des médicaments aux Etats-Unis –, 21 milliards sur dix-huit ans, avec l’espoir de solder près de 4 000 actions en justice intentées par des dizaines d’Etats américains et collectivités locales, dans le cadre d’une proposition d’accord à l’amiable « historique », a annoncé, mercredi 21 juillet, Letitia James, procureure générale de l’Etat de New York.

 

Ces quatre sociétés « ont non seulement contribué à déclencher la crise, mais elles ont continué à l’attiser pendant plus de vingt ans », a-t-elle déclaré. « Aujourd’hui, nous les tenons pour responsables et nous injectons des milliards de dollars dans les communautés à travers le pays », s’est-elle félicitée.

 

Selon les termes de l’accord, Johnson & Johnson ne pourra plus vendre ou faire la promotion d’opioïdes – directement ou par le biais de subventions à des tiers – aux Etats-Unis pendant dix ans.

 

La mise en œuvre de l’accord – qui doit permettre aux Etats et collectivités de financer les traitements rendus nécessaires par ce fléau – dépendra du nombre d’Etats américains qui l’accepteront. Mercredi, en plus de l’Etat de New York, six autres Etats ont décidé de l’accepter : Caroline du Nord, Connecticut, Delaware, Louisiane, Pennsylvanie et Tennessee.

 

D’autres laboratoires ont été attaqués en justice qui n’y sont pas associés, comme Teva, Allergan, ou Endo.

 

 

Des amendes record

Première visée par la justice dans cette épidémie, la firme Purdue Phama. Poursuivie pour avoir incité financièrement des médecins à prescrire sans discernement son produit phare, le tristement populaire OxyContin.

 

La famille Sackler, propriétaire du géant pharmaceutique, va payer une amende de 4,5 milliards de dollars pour mettre fin aux poursuites. L’entreprise doit être complètement démantelée dans l’année qui vient. Sont poursuivis également le fabricant de médicaments Johnson & Johnson ainsi que le géant de la distribution Walmart, mis en cause pour avoir incité ses pharmaciens à délivrer les fameux opiacés sans exercer de contrôle.

 

 

Série d’accords à l’amiable

Tout en rejetant toute culpabilité, Johnson & Johnson, qui a renoncé à produire ou vendre toute substance opiacée, avait déjà annoncé fin juin un accord à l’amiable avec le seul Etat de New York, prévoyant qu’il verse 230 millions de dollars. Quant aux distributeurs, accusés d’avoir fermé les yeux sur des commandes d’opiacés suspectes, ils s’engagent par l’accord annoncé mercredi à tout faire pour détecter de telles commandes, grâce à un système centralisé de partage des données.

 

S’il se confirme, l’accord sera le plus important de l’épique bataille juridique engagée par les Etats et collectivités pour faire payer les entreprises – depuis les laboratoires jusqu’aux médecins, en passant par des sociétés de conseil comme McKinsey – accusées d’avoir produit et promu les médicaments opiacés, ou fermé les yeux sur leur surconsommation. La bataille a souvent été comparée à celle menée contre les cigarettiers dans les années 1980 : elle déboucha sur un accord à l’amiable entre les fabricants et la quasi-totalité des Etats américains en 1998, d’un montant de près de 250 milliards de dollars.

 

Ces derniers mois, alors que de nombreux dossiers sur les opiacés arrivaient au stade du procès, une série d’accords à l’amiable ponctuels ont été annoncés, tels celui de Johnson & Johnson avec l’Etat de New York, ou celui établi avec le laboratoire Purdue, accusé d’avoir été aux origines de la crise avec sa promotion féroce du médicament opiacé OxyContin.

 

Ce dernier accord, qui prévoit une restructuration complète du laboratoire détenue par la famille Sackler et le versement de 4,5 milliards de dollars aux collectivités touchées par la crise, reste à confirmer par un tribunal fédéral des faillites, Purdue s’étant placé en cessation de paiement.

 

Visé par plus de 2 000 plaintes, le laboratoire dépose le bilan en 2007. Il propose également un dédommagement aux plaignants équivalent à 12 milliards de dollars, en échange de l’abandon de toutes les poursuites contre lui. Mais près de 25 États, dont New York, ont refusé la proposition, jugeant l’offre largement insuffisante.

 


 

Infographie 2 : Le Parisien

 


 

Source :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_des_opioïdes

https://www.illustre.ch/magazine/gstaad-le-refuge-dore-des-empoisonneurs-de-lamerique

https://www.letemps.ch/monde/loxycontin-lantidouleur-purdue-pharma-lequel-crise-opiaces-arrivee

http://www.slate.fr/story/159295/oxycontin-antidouleur-crise-opiaces-americains-accros-morts

https://www.nationalgeographic.fr/sciences/2021/11/loxycontin-lanti-douleur-qui-a-rendu-lamerique-accro

https://www.leparisien.fr/societe/crise-des-opiaces-trois-questions-sur-cette-addiction-qui-fait-des-ravages-28-08-2019-8140851.php

https://www.ouest-france.fr/monde/etats-unis/dans-l-ombre-du-covid-la-crise-des-opioides-fait-des-ravages-aux-etats-unis-b63b6264-6bf2-11ec-baa6-fca593319ca3

https://www.lemonde.fr/international/article/2021/07/21/etats-unis-quatre-laboratoires-accuses-d-avoir-alimente-la-crise-des-opiaces-prets-a-payer-26-milliards-de-dollars-pour-solder-les-litiges_6089105_3210.html

 

Article :

Le Monde avec AFP

Élie Courboulay / Ouest France

Arnaud Sacleux / National Geographic

 

Vidéo :

[1] Le fléau n°1 des Etats-Unis

 

Photo :

Pour illustration

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