Noam Chomsky : Citations | Quotes

 

Noam Chomsky - 1

 

 

 

Biographie succincte :

Avram Noam Chomsky, connu sous le nom de Noam Chomsky, est un linguiste et philosophe américain, né en 1928 à Philadelphie.

 

Immergé dès son enfance dans la culture du judaïsme et de l’hébreu, il s’intéresse aux idées anarchistes alors qu’il n’est qu’adolescent. En 1955, il devient professeur au Massachusetts Institute of Technology, et se voit confier le département de langues modernes et de linguistique en 1961. En 1967, il publie « Responsabilités des intellectuels », un essai dans lequel il souligne l’importance de l’engagement politique des intellectuels en raison de leur capacité de discernement et de leur accès privilégié à la vérité. Ouvertement opposé à la guerre du Viêt Nam, Noam Chomsky prône la résistance face aux formes d’autorité illégitimes. Il est poursuivi en justice, et apparaît même dans la liste des opposants politiques du président Nixon.

 

Les travaux scientifiques réalisés par Noam Chomsky jouent un rôle très important dans la révolution cognitive. Il a fondé la linguistique générative, un ensemble de théories fondées sur l’opposition au behaviourisme, qui ont fait sa réputation. Il a déclenché ce qu’on a coutume d’appeler « la révolution cognitive ». Il remet en question l’approche comportementale de l’étude de l’esprit et du langage, et cherche à démontrer l’existence des structures innées de la faculté de langage. Sa théorie est considérée comme un pas important de la linguistique théorique du 20ème siècle, à tel point qu’on parle parfois de « révolution chomskienne ».

 

Mais c’est surtout comme intellectuel engagé qu’il s’est rendu célèbre, avec ses prises de position opposées à la pensée dominante.

 

Au long de sa carrière, le linguiste reçoit plusieurs diplômes honorifiques délivrés par plus de 30 universités à travers le monde. Ses autres distinctions incluent le prix de Kyoto, la médaille Helmholtz, le prix de la paix Dorothy Eldridge ou encore la médaille Benjamin Franklin en sciences cognitives et de l’information.

 


 

CITATIONS

 

Noam Chomsky - 2

 

 

« Toute l’histoire du contrôle sur le peuple se résume à cela : isoler les gens les uns des autres, parce que si on peut les maintenir isolés assez longtemps, on peut leur faire croire n’importe quoi. »

 

« Dans ce monde il existe des institutions tyranniques, ce sont les grandes entreprises. C’est ce qu’il y a de plus proche des institutions totalitaires. »

 

« Un principe intellectuel et moral fondamental veut que les puissants fassent la loi. C’est une règle essentielle de l’ordre mondial, de même que dans la Mafia. Toute ressemblance n’est d’ailleurs pas fortuite. »

 

« Reinhold Niebuhr, chef de file des théologiens et spécialiste de politique étrangère, quelquefois baptisé « le théologien des pouvoirs établis », le gourou de George Kennan et des intellectuels de l’administration Kennedy, soutenait que la faculté de raisonner est très peu répandue, que seul un nombre restreint de personnes la possède. »

 

« Le monde ne récompense pas l’honnêteté et l’indépendance, il récompense l’obéissance et la servilité. »

 

« Les intellectuels, ne l’oublions pas, ont bien intégré l’idée qu’il faut que les choses paraissent compliquées. Sinon, à quoi servent-ils ? »

 

« En France, si vous faites partie de l’élite intellectuelle et que vous toussez, on publie un article en première page du Monde. C’est une des raisons pour lesquelles la culture intellectuelle française est tellement burlesque : c’est comme Hollywood. »

 

« Une caractéristique des termes du discours politique, c’est qu’ils sont généralement à double sens. L’un est le sens que l’on trouve au dictionnaire, et l’autre est un sens dont la fonction est de servir le pouvoir – c’est le sens doctrinal. »

 

« Il me semble que, au moins dans les sociétés occidentales riches, la démocratie et le marché libre déclinent à mesure que le pouvoir se concentre, chaque jour davantage, dans les mains d’une élite privilégiée. »

 

« Je crois, juridiquement parlant, qu’il y aurait des motifs sérieux pour inculper chaque président des Etats-Unis depuis la seconde guerre mondiale. Ils ont tous été soit de véritables criminels de guerre, soit impliqués dans de graves crimes de guerre. »

 

« Si l’on ne croit pas à la liberté d’expression pour les gens qu’on méprise, on n’y croit pas du tout. »

 

« La propagande est aux démocraties ce que la violence est aux dictatures. »

 

« La lutte contre l’idéalisation est la lutte contre la rationalité. »

 

« J’essaie d’encourager les gens à penser de façon autonome, à remettre en question les idées communément admises. Ne prenez pas vos présomptions pour des faits acquis. Commencez par adopter une position critique envers toute idée « politiquement correcte ». Forcez-la à se justifier. La plupart du temps, elle n’y arrive pas. Soyez prêts à poser des questions sur tout ce qui est considéré comme un fait acquis. Essayez de penser par vous-même. Il y a beaucoup d’information en circulation. Vous devez apprendre à juger, à évaluer et à comparer les choses. Il vous faudra faire confiance à certaines choses, sinon vous ne pourriez pas survivre. Mais lorsqu’il s’agit de choses importantes, ne faites pas confiance. Dès que vous lisez quelque chose d’anonyme, il faut se méfier. »

 

« Si nous avions un vrai système d’éducation, on y donnerait des cours d’autodéfense intellectuelle. »

 

« Tout gouvernement a besoin d’effrayer sa population et une façon de le faire est d’envelopper son fonctionnement de mystère. C’est la manière traditionnelle de couvrir et de protéger le pouvoir : on le rend mystérieux et secret, au-dessus de la personne ordinaire. Sinon, pourquoi les gens l’accepteraient-ils ? »

 

« Parmi les gens qui ont appris quelque chose du dix-huitième siècle […], il va de soi, sans même qu’on songe à le discuter, que la défense du droit à la libre expression ne se limite pas aux idées que l’on approuve, et que c’est précisément dans le cas des idées que l’on trouve les plus choquantes que ce droit doit être le plus vigoureusement défendu. Soutenir le droit d’exprimer des idées qui sont généralement acceptées est évidemment à peu près dépourvu de signification. »

 

« On avait parfaitement compris, longtemps avant Georges Orwell, qu’il fallait réprimer la mémoire. Et pas seulement la mémoire, mais aussi la conscience de ce qui se passe sous nos yeux, car, si la population comprend ce qu’on est en train de faire en son nom, il est probable qu’elle ne le permettra pas. »

 

« Nous pensons qu’entre autres fonctions, ces médias se livrent à une propagande qui sert les intérêts des puissantes firmes qui les contrôlent en les finançant et dont les représentants sont bien placés pour orienter l’information. Une telle intervention est généralement assez subtile : elle passe par la sélection de tout un personnel bien-pensant et par l’intériorisation, chez les journalistes et les rédacteurs, de certaines définitions de ce qu’il convient d’imprimer en priorité, conformément à la ligne politique de l’institution. »

 

« Les intellectuels ont un problème : ils doivent justifier de leur existence. Or il y a peu de choses concernant le monde qui sont comprises. La plupart des choses qui sont comprises, à part peut-être certains secteurs de la physique, peuvent être exprimées à l’aide de mots très simples et dans des phrases très courtes. Mais si vous faites cela, vous ne devenez pas célèbre […] les gens ne révèrent pas vos écrits. Il y a là un défi pour les intellectuels. Il s’agira de prendre ce qui est plutôt simple et de le faire passer pour très compliqué et très profond. Les intellectuels interagissent comme cela. Ils se parlent entre eux, et le reste du monde est censé les admirer, les traiter avec respect, etc. Mais traduisez en langage simple ce qu’ils disent, et vous trouverez bien souvent ou bien rien du tout, ou bien des truismes, ou bien des absurdités. »

 

« L’éducation ne consiste pas à remplir un contenant mais, bien plutôt, à accompagner l’éclosion d’une plante (en d’autres termes, à préparer le terrain où fleurira la créativité). »

 

« Huarte distingue ensuite trois degrés d’intelligence. Le plus bas de ceux-ci est « l’intelligence docile », satisfaisant à la maxime qu’il attribue par erreur […] à Aristote, selon laquelle il n’y a rien dans l’esprit qui ne lui est simplement transmis par les sens. Le degré suivant, l’intelligence humaine normale, va bien au-delà de la limitation empirique : elle peut « engendrer elle-même, par sa propre puissance, les principes sur lesquels repose la connaissance ». […] Ainsi l’intelligence humaine normale est-elle capable d’acquérir la connaissance par ses propres moyens, en utilisant peut-être les données des sens, mais en continuant à construire un système cognitif grâce à des concepts et des principes développés sur des bases indépendantes ; et elle est capable d’engendrer de nouvelles pensées et de trouver des moyens nouveaux et appropriés pour les exprimer, par des voies qui transcendent entièrement tout entraînement et toute expérience. Huarte postule un troisième type d’intelligence, « par laquelle certains, sans art ni étude, disent des choses subtiles et surprenantes, cependant vraies, qui ne furent jamais vues ou entendues ou écrites, ni même pensées ». On fait ici référence à la vraie créativité, exercice de l’imagination créatrice par des moyens qui vont plus loin que l’intelligence normale et qui peuvent, pense-t-il, impliquer un « mélange de folie ».

 

« Si on a pu prendre en charge les baby-boomers quand ils étaient enfants, pourquoi ne peut-on pas le faire quand ils ont plus de soixante ans? La difficulté n’est pas plus grande. Ce problème est monté de toutes pièces. C’est une simple question de priorités financières. »

 

« La véritable éducation consiste à pousser les gens à penser par eux-mêmes. »

 

« Avant que la publicité ne prenne la place prépondérante qu’on lui connaît, les coûts de production devaient être couverts par le prix de vente. La publicité prenant de l’importance, les journaux qui l’attiraient furent rapidement à même de proposer des tarifs de vente bien inférieurs aux coûts réels. Les titres n’ayant pas la faveur des publicitaires s’en trouvèrent fortement désavantagés : ils comptaient parmi les plus chers, leurs ventes s’effondraient, leur trésorerie les empêchant de faire face aux investissements qui auraient permis de soutenir les ventes – présentation, format attractif, distribution, etc. Un système médiatique dominé par la publicité tend naturellement à l’élimination ou à la marginalisation des organes financés par leurs seules ventes. De par ce fonctionnement, le libre-échange offre tout sauf un système neutre dans lequel la sélection repose sur la demande finale. Ce sont les préférences des publicitaires qui déterminent la prospérité, voire la survie même d’un média. »

 

« Il faut détruire les syndicats, il faut détruire les interactions entre les gens, il faut les atomiser, pour qu’ils ne se soucient plus les uns des autres. Voilà ce qu’il y a vraiment derrière l’assaut contre les caisses de retraites. »

 

« Ces dernières années, on a accordé aux sociétés des droits qui dépassent largement ceux des personnes. D’après les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce, les sociétés peuvent exiger ce qu’on appelle le droit au « traitement national ». Cela signifie que la General Motors, si elle opère au Mexique, peut demander à être traitée comme une firme mexicaine. […] Un Mexicain ne peut pas débarquer à New York, demander un traitement national et s’en trouver fort bien ; les sociétés si. »

 

« L’honnêteté nous oblige à admettre que nous sommes aujourd’hui tout aussi loin que l’était Descartes il y a trois siècles de comprendre ce qui permet à un homme de parler de façon novatrice, libre du contrôle de stimuli, ainsi qu’adéquate et cohérente. C’est un sérieux problème que le psychologue et le biologiste doivent finalement aborder, et dont on ne peut nier l’existence en invoquant l’ « habitude », le « conditionnement » ou la « sélection naturelle. »

 

« Une des choses que [les détenteurs du pouvoir] souhaitent, c’est une population passive, tranquille. Par conséquent, l’une des choses que vous pouvez faire pour rendre leur existence inconfortable, c’est de n’être ni passif ni tranquille. Il y a des tas de façons d’y arriver. Même le simple fait de poser des questions peut avoir un effet important. Manifestations, lettres écrites et votes, tout cela peut être utile ; cela dépend de la situation. Mais il y a un point d’une importance capitale : il faut une action soutenue et organisée. Si vous participez à une manifestation et qu’ensuite, vous rentrez chez vous, c’est quelque chose ; mais les gens au pouvoir peuvent très bien s’en accommoder. Ce qu’ils ne peuvent supporter, ce sont les organisations qui poursuivent leurs actions, ce sont les gens qui tirent toujours des leçons de la dernière fois et qui s’arrangent pour faire mieux la prochaine fois. Aucun système de pouvoir, même s’il s’agit d’une dictature fasciste, n’est indifférent à la dissidence publique. »

 

« Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions ou des comportements… »

 

« Le système néo-libéral a donc un sous-produit important et nécessaire : des citoyens dépolitisés, marqués par l’apathie et le cynisme. »

 

« Il n’aura échappé à personne que le postulat démocratique affirme que les médias sont indépendants, déterminés à découvrir la vérité et à la faire connaitre ; et non qu’ils passent le plus clair de leurs temps à donner l’image d’un monde tel que les puissants souhaitent que nous nous représentions, qu’ils sont en position d’imposer la trame des discours, de décider ce que le bon peuple a le droit de voir, d’entendre ou de penser, et de « gérer » l’opinion à coups de campagne de propagande. »

 

« On pourrait suggérer qu’une grande partie des théories de l’apprentissage se sont construites à partir d’artefacts, analysant un mode «antinaturel » d’apprentissage dans des conditions expérimentales construites pour rester en-dehors des capacités inhérentes de l’organisme ; sans doute, elles nous permettent d’obtenir d’élégantes courbes de l’apprentissage, mais elles nous en disent bien peu sur les organismes étudiés. »

 

« On pourrait suggérer qu’une grande partie des théories de l’apprentissage se sont construites à partir d’artefacts, analysant un mode «antinaturel » d’apprentissage dans des conditions expérimentales construites pour rester en-dehors des capacités inhérentes de l’organisme ; sans doute, elles nous permettent d’obtenir d’élégantes courbes de l’apprentissage, mais elles nous en disent bien peu sur les organismes étudiés. »

 

« Par miracle économique, on entend un ensemble intégré de belles statistiques macroéconomiques, de grands profits pour les investisseurs étrangers et de vie de luxe pour les élites locales ; avec, en petits caractères, un accroissement de la misère pour la majorité de la population. »

 

« Un exemple frappant (il n’en manque pas) peut être trouvé dans l’ordre économique international – je veux parler de ce qu’on appelle les accords commerciaux. La population, comme le prouvent très clairement les scrutins, est fortement opposée, dans l’ensemble, au cours que prennent les choses, mais cette opposition ne parvient pas à se traduire dans les faits. Les élections n’offrent pas d’issue car les centres de décisions – la minorité des nantis – se rejoignent pour instituer une forme particulière d’ordre socio-économique. Ce qui empêche le problème de trouver son expression. Les choses dont on discute ne touchent les électeurs que de loin : questions de personnes ou de réformes dont ils savent qu’elles ne seront pas appliqués. Voilà ce dont on discute, non ce qui intéresse les gens. »

 

« Ce qui reste de la démocratie doit désormais être considéré comme le droit de choisir entre des marchandises. Les dirigeants des milieux d’affaires soulignent depuis longtemps la nécessité d’imposer au grand public une « philosophie de la futilité » et une « vie sans objectif », afin de « concentrer son attention sur des choses superficielles, et notamment sur ce qui est à la mode ». Submergés dès la prime enfance par une telle propagande, les gens pourraient peut-être accepter une existence soumise et dépourvue de sens, et oublier l’idée ridicule de prendre en main leurs propres affaires. »

 

« Les phénomènes dont traite la grammaire sont à un certain niveau expliqués par les règles de la grammaire elle-même et par l’interaction de ces règles. A un niveau plus élevé, ces mêmes phénomènes sont expliqués par les principes qui déterminent le choix de la grammaire sur la base de l’expérience limitée et incomplète dont disposait la personne qui a acquis la connaissance de la langue et qui s’est construit cette grammaire particulière. Les principes qui déterminent la forme de la grammaire et qui choisissent une grammaire de forme appropriée sur la base de certains faits constituent un sujet qui pourrait, selon l’usage traditionnel, être appelé « grammaire universelle ». L’étude de la grammaire universelle ainsi comprise est une étude de la nature des capacités intellectuelles humaines. »

 

« A maints égards, certes, la société états-unienne est ouverte et les valeurs libérales y sont honorées. Toutefois, comme les pauvres, les Noirs et les membres des autres minorités ethniques ne le savent que trop, le vernis libéral est très mince. Comme l’a écrit Mark Twain, « c’est par la bonté de Dieu que notre pays dispose de trois choses infiniment précieuses : la liberté de parole, la liberté de conscience et la prudence de ne pratiquer aucune des deux ». Ceux à qui cette prudence fait défaut pourraient bien en payer le prix. »

 

« La morale est au bout du fusil – et c’est nous qui avons les fusils. »

 

« Le public n’est pas souverain dans le domaine des médias. Propriétaires et gestionnaires en quête de publicité décident de l’offre sur laquelle le choix du public devra se porter. Les gens ne lisent et ne regardent généralement que ce qui est directement accessible et bénéficie d’une promotion intensive. Les sondages indiquent régulièrement que le public – bien qu’il écoute et regarde ce qui lui est proposé – souhaiterait davantage de nouvelles, de documentaires et une information différente, moins de sexe et de violence et un autre genre de divertissements. Il semble peu probable qu’il serait réellement indifférent aux citoyens de savoir pourquoi leurs revenus stagnent, voire déclinent, alors qu’ils travaillent de plus en plus dur ; pourquoi les soins médicaux auxquels ils ont accès sont aussi coûteux que médiocres ; ou encore négligent ce qui peut être perpétré en leur nom un peu partout dans le monde. S’ils sont si peu au courant de tels sujets, le modèle de propagande explique pourquoi : ceux qui exercent leur souveraineté sur les médias ont décidé de ne pas aborder ce type de questions. »

 

« La faculté de raisonner est très peu répandue, seul un nombre restreint de personne la possède… en parlant d’une déclaration de Reinhold Niebuhr. »

 

« Le but de la grammaire philosophique était clairement de développer une théorie psychologique et non une technique d’interprétation textuelle. La théorie prétend que la structure profonde sous-jacente, avec son organisation abstraite de formes linguistiques, est « présente à l’esprit » lorsque le signal, avec sa structure superficielle, est émis ou perçu par les organes humains. […] Il doit y avoir, représenté dans l’esprit, un système fixé de principes génératifs qui caractérisent et associent les structures profonde et superficielle –en d’autres mots une grammaire qui est utilisée d’une certaine façon lorsque des énoncés sont produits ou interprétés. […] Le problème de la détermination du caractère de telles grammaires et des principes qui les gouvernent est caractéristique de la science. »

 

« Plus vous jouissez de privilèges, plus vous êtes responsables. »

 

« La propagande est aux démocraties ce que la violence est aux dictatures. Si l’on ne croit pas à la liberté d’expression pour les gens qu’on méprise, on n’y croit pas du tout. L’endoctrinement n’est nullement incompatible avec la démocratie, il en est l’essence même. Dans une société bien huilée, on ne dit pas ce que l’on sait, on dit ce qui est utile au pouvoir. »

 

« Les États-Unis sont les seuls, comme pays, à avoir été condamnés pour terrorisme international par la Cour internationale de justice et les seuls à avoir rejeté une résolution du Conseil de sécurité qui appelait les États à observer les lois internationales. »

 

« Les universitaires élaborent des raisonnements subtils et complexes, certes d’un infantilisme ridicule mais enrobés dans suffisamment de docte obscurité, notes en bas de bas et références à des penseurs prétendument profonds pour permettre de construire un cadre qui, dans un univers étrange, a une certaine plausibilité. »

 

« Les intellectuels, ne l’oublions pas, ont bien intégré l’idée qu’il faut que les choses paraissent compliquées. Sinon, à quoi servent-ils ? »

 

« Parler des affaires du monde est une chose banale. Il faut travailler un peu, lire un peu, réfléchir – rien de très profond. L’idée que cela nécessite des qualifications spéciales n’est qu’une escroquerie de plus. »

 

« Je préfère la modification du pari de Pascal auquel notre discussion se réfère : si nous abandonnons l’espoir, et que nous nous résignons à la passivité, nous faisons en sorte que, certainement, le pire adviendra ; si nous conservons l’espoir et travaillons dur pour que ses promesses se réalisent, la situation peut s’améliorer. »

 

« Une caractéristique des termes du discours politique, c’est qu’ils sont généralement à double sens. L’un est le sens que l’on trouve au dictionnaire, et l’autre est un sens dont la fonction est de servir le pouvoir – c’est le sens doctrinal. »

 

« Un principe intellectuel et moral fondamental veut que les puissants fassent la loi. C’est une règle essentielle de l’ordre mondial, de même que dans la Mafia. Toute ressemblance n’est d’ailleurs pas fortuite. »

 

« Ma propre estimation de la situation est que le problème réel de demain sera de découvrir une hypothèse concernant la structure innée qui soit suffisamment riche, et non pas de trouver une hypothèse suffisamment simple et élémentaire pour être « plausible ». »

 

« Personne ne possède le mot « Anarchisme « , il est utilisé par un large spectre de courant de pensée et d’actions différents, variant largement. Il y a beaucoup d’anarchistes autoproclamés qui soutiennent, souvent avec une grande passion, que leur voie est la seule voie et que les autres ne méritent pas le terme (et peut-être sont des « voleurs», d’une manière ou d’une autre. Un regard sur les écrits anarchistes contemporains, particulièrement en Occident et dans et dans les cercles intellectuels (ils n’aimeront peut-être pas ce terme), montrera rapidement qu’une large part de ceux-ci consistent dans une dénonciation des autres comme dans les écrits sectaires marxistes-léninistes. La proportion d’une telle matière par rapport aux travaux constructifs est très déprimante. Personnellement, je n’ai aucune confiance en mes propres points de vue sur la « voie juste » et je ne suis pas impressionné par les déclarations pleines d’assurance des autres, même celles de bons amis. Je pense que nous comprenons trop peu de choses pour être capables de dire beaucoup de choses avec confiance. Nous pouvons essayer de formuler nos visions à long terme, nos buts, nos idéaux ; et d’autre part, nous pouvons (et devrions) commencer à travailler pour des résultats d’une portée humaine. Mais le gouffre entre les deux est souvent considérable, et je vois rarement la façon dont il est possible d’y construire un pont sinon à un niveau très vague et général. Ces qualités qui sont les miennes (peut-être des défauts, peut-être pas) apparaîtront dans cette brève réponse à la question posée : -« Quelle sont les racines intellectuelles de la pensée anarchiste, quels mouvements l’ont développée et animée à travers l’histoire ? » »

 

« La véritable recherche est toujours une activité collective… »

 

« Les partis pris les plus flagrants dans le traitement de l’information sont la conséquence de la sélection d’un personnel qui pense ce qu’il faut penser, ayant intériorisé un sens commun de la profession et s’étant adapté aux contraintes des propriétaires, organisationnels, du marché et du pouvoir politique. La censure relève ici principalement de l’autocensure des présentateurs et journalistes soumis à leurs sources et aux contraintes organisationnelles des médias, et aussi de leurs collègues plus élevés dans la hiérarchie, sélectionnés pour imposer les contraintes. »

 

« La « thèse dominante » émane des riches et des puissants, qui, après avoir promu la libéralisation de l’économie pour autrui (et parfois aussi pour eux même), y ont acquis une position dominante et se sont disposés à affronter la concurrence dans des conditions identiques à tous, c’est-à-dire dans un contexte qui leur est nettement favorable. Certains historiens de l’économie comparent cette conduite à celle de quelqu’un « qui, parvenue au sommet de l’édifice, renvoie l’échelle d’un coup de pied afin d’empêcher les autres de le rejoindre », puis de déclarer avec suffisance: « Jouons franc-jeu, à armes égales. » »

 

« La chance s’oppose a fortiori encore plus à la théorie juste de chaque langue qui peut apparaître dans la tête d’un enfant de quatre ans. Et Peirce poursuit : « L’homme a un penchant naturel à imaginer des théories correctes de toutes espèces […] Si l’homme n’était pas doué d’un esprit adapté à ses besoins, il n’aurait jamais pu acquérir aucune connaissance. » Corrélativement, dans notre cas, il semble que la connaissance d’une langue –une grammaire- ne puisse être acquise que par un organisme « pré-doté » d’une restriction sévère sur la forme de la grammaire. »

 

« C’est ainsi qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale George Kennan – l’un des planificateurs les plus influents, considéré comme un grand humaniste – assignait sa « fonction » à chaque région du monde. La fonction de l’Afrique serait être « exploitée » par l’Europe pour que celle-ci puisse se reconstruire; les Etats-Unis, eux, ne s’y intéressaient guère. Un an plus tôt, une étude de haut niveau avait fait valoir que « la coopération au développement des ressources alimentaires bon marché et des matières premières d’Afrique du Nord pourrait contribuer à l’unité de l’Europe et fournir une base économique à son rétablissement » – intéressante définition de ce qu’est la « coopération ». Rien dans les archives n’indique qu’on ait suggéré que l’Afrique pourrait « exploiter » l’Occident pour se « rétablir » à la suite de l’amélioration des choses au niveau mondial » qu’elle avait subie au cours des siècles précédents. »

 

« La libération ne peut être accordée par des étrangers, même si c’est ce que souhaitent ces derniers:  » C’est le peuple lui-même qui doit se battre pour ses valeurs et les faire triompher. Elles ne peuvent s’épanouir et fleurir que si elles ont été plantées par le peuple dans son propres sol et arrosées de son propre sang et de ses propres larmes. » De telles idées ont un riche passé en Occident, mais ont été noyées dans la cupidité et l’arrogance impériale. »

 

« En août 2006, la plus importante revue de médecine au monde, The Lancet, a publié une étude des violations des droits de la personne commises en Haïti entre le coup d’Etat de février 2004 et décembre 2005. On y apprend qu’environ 8 000 personnes ont été assassinées pendant cette période, et que les agressions sexuelles étaient monnaie courante, en particulier sur des enfants: il ressort des données que 35 000 femmes et fillettes ont été violées dans la seule région de Port-au-Prince. Ces atrocités étaient essentiellement le fait de criminels, de la police nationale et des Casques bleus de l’ONU. »

 

« On exerce d’énormes pressions pour transformer les gens en monstres pathologiques qui ne s’intéressent qu’à eux-mêmes, qui n’ont strictement aucun rapport les uns avec les autres, et que, par conséquent, l’on peut gouverner et contrôler très facilement. Voilà ce qu’il y a derrière l’offensive de la social security. »

 

« Les propriétés qu’ont en commun les langages humain et animal sont d’être « intentionnels », « syntaxiques » et « énonciatifs ». Le langage est intentionnel car « il y a presque toujours dans le discours humain une intention définie de passer quelque chose à quelqu’un d’autre, de modifier sa conduite, ses pensées ou son attitude générale face à une situation ». Le langage humain est « syntaxique » car tout discours est un acte de parole pourvu d’une organisation interne, d’une structure et d’une cohérence. Il est « énonciatif » parce qu’il transmet de l’information. […] Tout cela peut être vrai mais n’établit que bien peu de choses, puisque lorsque nous nous plaçons au niveau d’abstraction où se rejoignent langage humain et communication animale, presque tous les autres comportements peuvent aussi s’y retrouver. Considérons la marche : la marche est clairement un comportement intentionnel, au sens le plus général d’ « intentionnel ». La marche est également « syntaxique » au sens défini ci-dessus, comme l’a en fait souligné Karl Lashley il y a longtemps, dans son importante discussion de l’ordre sériel dans le comportement […]. En outre, elle peut très certainement apporter de l’information, je peux par exemple signaler mon intérêt à atteindre un certain point par la vitesse à laquelle je marche. […] En outre, il est faux de penser que l’usage du langage humain se caractérise par la volonté ou le fait d’apporter de l’information. Le langage humain peut être utilisé pour informer ou pour tromper, pour clarifier ses propres pensées, pour prouver son habileté ou tout simplement pour jouer. »

 

« Il y a en outre une tendance naturelle mais malheureuse à « extrapoler » à partir du doigt de connaissance atteinte par un travail expérimental soigné et un traitement rigoureux des faits, vers des conclusions de signification beaucoup plus large et d’une grande importance sociale. C’est là un problème sérieux. Les spécialistes ont le devoir de marquer clairement les limites actuelles de leur connaissance et des résultats qu’ils ont atteints jusqu’ici, et une analyse rigoureuse de ces limites démontrera je crois que dans presque tous les domaines des sciences sociales et des sciences du comportement, les résultats actuels ne supporteraient pas une telle « extrapolation ». »

 

« […] les Etats-Unis étaient très loin « très derrière les Soviétiques pour ce qui est de gagner le contrôle des esprits et des émotions des peuples peu sophistiqués ». Dulles et Eisenhower exprimèrent leurs inquiétudes face à la capacité des communistes à « prendre le contrôle des mouvements de masse », capacité « que nous ne savons pas imiter ». « Les pauvres sont ceux qu’ils attirent, et ils ont toujours voulu piller les riches ». En d’autres termes, il nous était difficile de persuader les gens d’accepter notre doctrine, selon laquelle ce sont les riches qui doivent piller les pauvres. »

 

« Prenez le sens du mot démocratie. Si l’on s’en tient au sens commun du terme, une société est démocratique dans la mesure où les gens qui la constituent peuvent participer de façon concrète à la gestion de leurs affaires. Mais le sens doctrinal de démocratie est différent – il désigne un système dans lequel les décisions sont prises par certains secteurs de la communauté des affaires et par les élites qui s’y rattachent. Le peuple n’y est qu’un « spectateur de l’action », et non pas un « participant », comme l’ont expliqué d’éminents théoriciens de la démocratie (dans ce cas, Walter Lippmann). Les citoyens ont le droit de ratifier les décisions prises par leurs élites et de prêter leur soutien à l’un ou l’autre de leurs membres, mais pas celui de s’occuper de ces questions – comme, par exemple, l’élaboration des politiques d’ordre public – qui ne sont aucunement de leur ressort. »

 

« Il est bien plus ardu de détecter la présence d’un système ou d’un « modèle de propagande » dans le cas de médias privés, en l’absence de censure « officielle », et c’est encore plus vrai quand des médias, qui se font une active concurrence, attaquent ou dénoncent périodiquement les méfaits ou les abus du gouvernement et du monde du capital, en se positionnant agressivement comme défenseurs de la liberté d’expression ou en se faisant les porte-parole de l’intérêt général. Ce qui est loin d’être évident (et peu discuté dans les médias), c’est la nature « limitée » de telles critiques, autant que la criante inégalité qui régit l’accès aux ressources ; cela se répercute autant sur l’accès aux systèmes médiatiques privés que sur leurs comportements et leurs performances. »

 


 

« Pour Aristote, la démocratie doit nécessairement être participative (même s’il en exclut notamment les femmes et les esclaves) et viser le bien commun. Pour fonctionner, elle doit veiller à ce que tous les citoyens jouissent d’une égalité relative, d’une fortune moyenne, mais « suffisante » et d’un accès durable à la propriété. Autrement dit, Aristote considère qu’un régime ne peut être sérieusement qualifié de démocratique si les inégalités entre riches et pauvres y sont trop grandes. la véritable démocratie correspond pour lui à ce qu’on qualifierait aujourd’hui d’État-providence, mais dans une forme radicale allant bien au-delà de tout ce qu’on a pu envisager au XXème siècle. L’idée voulant que grandes fortunes et démocratie ne puissent coexister fera son chemin jusqu’aux Lumières et au libéralisme classique, notamment chez des figures comme Alexis de Tocqueville, Adam Smith et Thomas Jefferson, qui en assumeront plus ou moins les implications.

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James Madison (quatrième président des Etats Unis de 1809 à 1817), loin d’être bête, était conscient du problème, mais, contrairement à Aristote, il s’employait à limiter la démocratie. Selon lui, le principal objectif d’un gouvernement consistait à « protéger la minorité des possédants contre la majorité. »

/…/

Madison a donc conçu un système destiné à empêcher la démocratie de fonctionner, où le pouvoir serait détenu par « une équipe d’hommes parmi les plus compétents », ceux auxquels appartenait « la richesse de la nation ». Au fil des ans, les autres citoyens seraient relégués aux marges ou divisés de diverses façons: découpages des circonscriptions électorales, obstacles aux luttes syndicales et à la coopération ouvrière, exploitation des conflits interethniques, etc..

/…/

Il est fort peu probable que ce que l’on considère aujourd’hui comme les « conséquences inévitables du marché » puisse être toléré dans une société vraiment démocratique. »

 


 

« Les partis pris les plus flagrants dans le traitement de l’information sont la conséquence de la sélection d’un personnel qui pense ce qu’il faut penser, ayant intériorisé un sens commun de la profession et s’étant adapté aux contraintes des propriétaires, organisationnels, du marché et du pouvoir politique. La censure relève ici principalement de l’autocensure des présentateurs et journalistes soumis à leurs sources et aux contraintes organisationnelles des médias, et aussi de leurs collègues plus élevés dans la hiérarchie, sélectionnés pour imposer les contraintes. »

 

« Toute attaque contre la liberté intellectuelle et contre la notion de vérité objective menace à long terme tous les secteurs de la pensée. »

 

« Selon la théorie de Port-Royal, la structure superficielle ne correspond qu’au son –à l’aspect corporel du langage ; mais lorsque le signal est émis, avec sa structure superficielle, une analyse mentale correspondante intervient, dans ce que nous pourrions appeler la structure profonde, structure profonde directement reliée non pas au son mais au sens. »

 

« En fait, l’ensemble des dirigeants politiques des Etats-Unis devraient encourir aujourd’hui la peine de mort pour ces actions, au terme de la loi américaine. »

 

« Si l’on veut transformer les gens en consommateurs décervelés pour qu’ils ne gênent pas le travail quand on réorganise le monde, on doit les harceler dès leur plus tendre enfance. »

 

« Comme la démocratie et les droits à la personne, les théories économiques prônées par les dirigeants sont des instruments de pouvoir, destinés aux autres, afin qu’ils se laissent dévaliser et exploiter plus efficacement. »

 

« Il suffit d’allumer son téléviseur pour savoir que des centaines de millions de dollars sont dépensés pour essayer de créer des consommateurs non informés qui feront des choix irrationnels: voilà ce qu’est la publicité. »

 

« Comment voulez-vous combattre une idée si vous ne pouvez même pas en parler ? »

 

« Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le colonialisme et le néocolonialisme occidentaux ont causé la mort de 50 à 55 millions de personnes. »

 

« Actuellement, aux États-Unis, l’idéologie irresponsable du profit à court terme connaît un essor fulgurant. Le patronat américain a fait preuve d’une franchise admirable en annonçant publiquement qu’il organisait de gigantesques campagnes de propagande pour convaincre le public d’ignorer l’actuelle destruction de l’environnement, ce qui devient pourtant assez difficile, même pour les plus aveugles. Et comme le montrent les sondages, ces campagnes ont eu un impact réel sur l’opinion publique. »

 

« Le niveau intellectuel du discours actuellement dominant ne mérite que mépris, et son habillage moral est parfaitement grotesque. Il faut pourtant s’efforcer de porter un jugement sur les projets réactionnaires qui sous-tendent ce discours. C’est ce que nous devons faire aujourd’hui en tenant compte des fins et des moyens. On peut, comme par le passé, choisir d’être démocrate au sens où l’entendait Jefferson, ou bien se conduire comme un aristocrate. »

 

« Faire référence à un processus qualifié d’ « analogie » consiste simplement à donner un nom à ce qui demeure un mystère. »

 

« […] Si un être humain sain d’esprit observe le monde, je ne pense pas qu’il puisse ne pas trouver matière à action. »

 

« « Nous devons reconnaître que par convention (il faut insister: par convention seulement) l’utilisation ou la menace d’utilisation de la force par les grandes puissances sont habituellement décrites comme de la diplomatie coercitive et non comme une forme de terrorisme ». Alors qu’elles impliquent, en général, « la menace et souvent l’utilisation de la violence pour des buts qui devraient être décrits comme terroristes s’il ne s’agissait pas de grandes puissances qui utilisent exactement les mêmes tactiques » conformément au sens littéral des mots. En des circonstances (inimaginables, reconnaissons-le) où la culture occidentale serait désireuse d’adopter cette définition littérale, la guerre contre le terrorisme prendrait alors une forme totalement différente, et se déroulerait selon des schémas détaillés dans une littérature qui ne fait pas partie des ouvrages respectables. »

 

« Dans une économie mondiale conçue en fonction des intérêts et des besoins des grandes entreprises multinationales et de la finance internationale, ainsi que des secteurs qui les servent, la plus grande partie de l’espèce humaine devient superflue. Tous ces gens seront mis de côté si les structures institutionnelles du pouvoir et des privilèges continuent à fonctionner sans se faire remettre en question ou contrôler par les masses populaires. »

 

« Martin Buber a, me semble-t-il, bien résumé le problème : « On ne peut, la nature des choses étant ce qu’elle est, s’attendre à ce qu’un petit arbre qui a été transformé en gourdin engendre des feuilles ». »

 

« Qui dit concentration des richesses dit concentration du pouvoir politique. Celle-ci, à son tour, amène à promouvoir des mesures qui ne font que conforter cette tendance. »

 

« Les marchés ne procurent pas à la population « ce qu’elle désire », mais plutôt « ce qu’elle désire dans le cadre de ce qui est le plus payant pour les producteurs ou qui favorise le plus leurs intérêts politiques ». »

 

« C’est la responsabilité des intellectuels de dire la vérité et de dévoiler les mensonges. »

 

« Quand les États-Unis envahissent et occupent les pays frontaliers de l’Iran, on appelle cela « stabiliser » ; mais lorsque c’est l’Iran qui essaie d’étendre son influence sur ses pays frontaliers, il « déstabilise » la région. C’est la formule la plus fréquente. En clair, cela revient à dire que le monde appartient aux États-Unis. Et quand on ne suit pas leurs ordres, le propriétaire devient agressif. »

 

« Au XXe siècle, l’industrie des relations publiques a produit une abondante littérature qui fournit une très riche et instructive réserve de recommandations sur la façon d’instiller le « nouvel esprit de l’époque », en créant des besoins artificiels ou en (je cite) « enrégimentant l’opinion publique comme une armée enrégimente ses soldats », en suscitant une « philosophie de la futilité » et de l’inanité de l’existence, ou encore en concentrant l’attention humaine sur « les choses plus superficielles qui font l’essentiel de la consommation à la mode » (Edward Bernays). Si cela réussit, alors les gens accepteront les existences dépourvues de sens et asservies qui sont leur lot, et ils oublieront cette idée subversive: prendre le contrôle de sa propre vie. »

 

« Ainsi Wilhelm von Humboldt […] soutenait néanmoins fermement que nous trouverions, sous-tendant toute langue humaine, un système universel qui exprime simplement les uniques attributs intellectuels de l’homme. Il lui était pour cette raison possible de défendre l’idée rationaliste selon laquelle la langue n’est pas vraiment apprise –certainement pas enseignée- mais qu’elle se développe plutôt « de l’intérieur » d’une façon essentiellement prédéterminée, lorsque les conditions appropriées d’environnement sont remplies. On ne peut pas réellement enseigner une première langue, soutenait-il, mais on peut seulement « fournir le fil au long duquel elle se développera de son plein gré », par des processus plus proches de la maturation que de l’apprentissage. »

 

« Ce n’est pas sans raison que Proudhon voyait dans un socialisme sans liberté la pire forme de l’esclavage. Le désir de Justice sociale ne peut se développer de manière adéquate et efficace que lorsqu’il naît du sens de la liberté et de la responsabilité et qu’il se fonde sur lui. »

 

« Soit dit en passant, l’un des grands avantages du statut d’intellectuel respectable, c’est que l’on a jamais besoin d’avancer la moindre preuve de ce qu’on affirme. »

 

« Si on observe assez globalement ce qui se passe dans le monde, je pense que l’on pourrait décrire la situation comme suit : plus un État dispose de la capacité d’user de la violence, plus est grand son mépris pour la souveraineté – des autres, cela s’entend. Les États-Unis sont – et de loin – les plus à même d’user de la violence et c’est sans doute pourquoi l’enthousiasme atteint chez nous son paroxysme. »

 

« Ainsi que nous l’avons montré tout au long de ce livre, nos médias ne fonctionnent pas à la manière du système de propagande des états totalitaires. Au contraire, ils permettent- en fait, ils encouragent- les polémiques enflammées, la critique et la contestation, pour autant que celles-ci demeurent confinées dans la foi dans le système de croyances et e principes qui structure tout consensus des élites: un système assez puissant pour qu’on puisse en être imprégné sans véritablement s’en rendre compte. »

 

« Les gens s’opposent à la vive attaque que subissent les droits démocratiques, la liberté de choix, ils s’opposent à ce que tout soit soumis aux intérêts catégoriels, au profit maximal et à la domination d’un tout petit milieu sur l’ensemble de la population. »

 

« Les riches réclament la concurrence, mais ce qu’ils veulent, c’est le monopole. C’est du chantage. »

 

« Russell la « conception humaniste » qui considère l’enfant à la manière dont le jardinier considère un jeune arbre, comme un être doté d’une nature propre, qui pourra s’épanouir pleinement si on lui donne la terre, l’air et la lumière dont il a besoin. »

 


 

Extraits de l’avant-propos :

 

La voix de Chomsky apporte une rare lueur d’espoir et d’optimisme, en cette époque sombre marquée par des inégalités économiques sans précédent, la montée de l’autoritarisme et le darwinisme social, ainsi que par une gauche qui a tourné le dos à la lutte des classes ………..

 

Pour Chomsky, toutefois, le désespoir n’est pas une option envisageable. Malgré l’impasse dans laquelle le monde d’aujourd’hui semble acculé, il faut savoir que la résistance à l’oppression et à l’exploitation n’a jamais été vaine, même à des époques encore plus sombres que la nôtre. D’ailleurs la « contre-révolution » que Trump est en train d’infliger aux Etats-Unis a déjà réveillé une pléthore de mouvements sociaux résolus à tenir tête à cet autocrate en puissance. Dans le pays le plus puissant de la planète, la résistance semble vouée à un avenir plus prometteur qu’en bien d’autres endroits du monde industrialisé. »

 

C.J. POLYCHRONIOU , mars 2017 .

 


 

« On peut sans exagération affirmer que la tentative pour prendre le contrôle de nos propres vies est un trait essentiel de l’histoire du monde, qui a connu un crescendo au cours des derniers siècles, marqués par des changements spectaculaires tant dans les relations humaines que dans l’ordre mondial. »

 

« Actuellement, l’étude du langage et des autres facultés humaines supérieures procède largement comme l’a fait la chimie ; elle cherche à « établir un riche corps de doctrine » en vue d’une éventuelle unification, mais sans aucune idée claire de la façon dont celle-ci pourrait s’opérer. »

 

« Si la liberté d’expression se limite aux idées qui nous conviennent, ce n’est pas la liberté d’expression. »

 

« D’une certaine manière, la Chine est en train de reconquérir sa position de puissance mondiale de premier plan. Elle a longtemps été la principale puissance mondiale avant ce que les Chinois appellent le « siècle de l’humiliation ». Ils renouent aujourd’hui avec le rôle qu’ils ont traditionnellement tenu pendant près de trois mille ans : être le centre du monde et chasser les barbares. « On va retrouver notre pouvoir et les États-Unis n’y pourront rien », se disent-ils. »

 

« Dans le cas de l’agent orange [utilisé pendant le conflit au Vietnam], le gouvernement américain a prétendu ignorer qu’il contenait de la dioxine, l’un des cancérigènes mortels les plus connus. Wilcox démontre que les entreprises qui fournissaient l’État ont choisi en connaissance de cause de ne pas enlever les composants mortels pour des raisons d’économie. On peut difficilement croire que Washington n’ait pas été au courant ; il s’agit plus probablement de ce qu’on a parfois appelé « ignorance intentionnelle ». »

 

« Par ces caractéristiques essentielles et son mode d’usage, le langage est le critère fondamental qui détermine si un autre organisme est un être doté d’un esprit humain et de la capacité humaine à penser librement, à s’exprimer et à posséder ce désir humain par excellence : se libérer des contraintes extérieurs imposées par une autorité répressive. »

 

« Le truc, c’est de ne pas rester isolé. Si on est isolé, comme Winston Smith dans 1984, alors tôt ou tard on lâche prise, comme il le fait à la fin. Voilà en un mot ce que racontait le roman d’Orwell. En fait, toute l’histoire du contrôle sur le peuple se résume à cela : isoler les gens des uns et des autres, parce que si on peut les maintenir isolés assez longtemps, on peut leur faire croire n’importe quoi. Mais quand les gens se rassemblent, alors beaucoup de choses deviennent possibles. »

 

« Descartes arriva aussi, dès le début de ses recherches, à la conclusion que l’étude de l’esprit nous confronte à un problème de qualité de complexité et non pas seulement de degré de complexité. Il pensait avoir montré que l’entendement et la volonté, les deux propriétés fondamentales de l’esprit humain, impliquent des capacités et comportent des principes que même le plus complexe des automates ne peut pas réaliser. »

 

« Je voudrais dans ces conférences attirer l’attention sur la question suivante : quelle peut être la contribution de l’étude du langage à notre compréhension de la nature humaine ? […] A une époque qui était moins consciente d’elle-même et moins compartimentée que la nôtre, les spécialistes et les amateurs doués, avec une large variété d’intérêts, de points de vue et d’arrière-plans intellectuels, prenaient pour sujet d’étude et de spéculation le problème de savoir si la langue reflète les processus mentaux humains ou si elle forme le cours et le caractère de la pensée. »

 

« Ce qui aura marqué la conscience du monde, c’est l’image d’un Israël couvert de sang, prêt à commettre à chaque instant des crimes de guerre et à ne se soumettre à aucune contrainte moral. Ceci aura de graves conséquences pour notre futur, pour notre place dans le monde, pour notre espoir en la paix et notre sérénité. Finalement, cette guerre est aussi un crime contre-nous mêmes, un crime contre l’État d’Israël. »

 

« Avec des structures institutionnelles et une distribution des pouvoirs inchangés, comment peut-on s’attendre à un changement radical de politique – voir à un quelconque changement si ce n’est certains ajustements tactiques ? »

 

« La véritable recherche est toujours une activité collective, et ses résultats peuvent contribuer de façon importante à transformer les consciences, à augmenter la perspicacité et la compréhension, et à frayer la voie à une action constructive. »

 

« Comme le disait Biko, la réussite fantastique des oppresseurs a été d’instiller leurs arguments de telle sorte qu’ils constituent le point de vue d’où l’on regarde le monde. Cela s’opère parfois très consciemment, comme dans l’industrie de la communication. D’autre fois, c’est une sorte de routine, la manière dont on vit. »

 

« L’idéal anarchiste, quelle qu’en soit la forme, a toujours tendu, par définition, vers un démantèlement du pouvoir étatique. Je partage cet idéal. Pourtant, il entre souvent en conflit direct avec mes objectifs immédiats, qui sont de défendre, voire de renforcer certains aspects de l’autorité de l’état ….. Aujourd’hui , dans le cadre de nos sociétés , j’estime que la stratégie des anarchistes sincères doit être de défendre certaines institutions de l’état contre les assauts qu’elles subissent , tout en s’efforçant de les contraindre à s’ouvrir à une participation populaire plus large et plus effective . Cette démarche n’est pas minée de l’intérieur par une contradiction apparente entre stratégie et idéal ; Elle procède tout naturellement d’une hiérarchisation pratique des idéaux et d’une évaluation, tout aussi pratique, des moyens d’action. »

 

« Ces secteurs du système doctrinal servent à distraire la masse des prolétaires et à consolider les valeurs sociales de base : la passivité, la soumission à l’autorité, la sacro-sainte vertu de l’avidité et du gain personnel, le manque d’intérêt pour autrui, la crainte d’ennemis réels ou imaginaires, etc. Le but est de garder le troupeau dérouté en état de déroute. Il n’est pas utile qu’ils s’inquiètent de ce qui se passe dans le monde. En fait, ce n’est absolument pas souhaitable – s’ils voient trop la réalité, ils peuvent se mettre à vouloir la changer. »

 

« Les intenses pressions commerciales ont transformé les journaux télévisés en « un tas de futilité, de mièvreries et de foutaises ». »

 

« En réalité, le but premier des médias de divertissement est de « donner aux annonceurs ce qu’ils désirent » plutôt qu’à « la population ». »

 

« En Bolivie mais aussi dans le monde entier, les communautés indigènes (qu’elles prennent le nom de « Premières nations », de communautés « aborigènes » ou « tribales ») ont toujours su que, pour pouvoir espérer une survie décente, nous devions apprendre à organiser no sociétés et nos vies de façon à ce que la protection des « communaux » – les biens qui nous sont communs à tous – redevienne une priorité majeure, comme ce fut souvent le cas dans les sociétés traditionnelles. »

 

« À entendre les partisans les plus éloquents du néo-libéralisme, on pourrait croire qu’ils rendent d’énormes services aux pauvres, et à tout le monde, quand ils appliquent leurs politiques en faveur d’une minorité de privilégiés. »

 

« Ce sont ceux qui travaillent effectivement qui doivent déterminer les conditions et les horaires de travail ainsi que la répartition de la production. Les capitaines d’industrie doivent être choisis. Et choisis pour servir, non pour commander. C’est en vue du bien-être de tous que le travail de tous doit être déterminé. C’est cela la démocratie. »

 

« « Ceux qui travaillent dans les usines devraient en être les propriétaires », affirmaient ces travailleurs, sans qu’aucun intellectuel n’ait eu besoin de le leur souffler. »

 

« L’expression « défense nationale » est une mauvaise plaisanterie qui devrait friser le ridicule chez les gens qui ont encore un peu de respect pour eux-mêmes. Les États-Unis n’ont à affronter aucune menace mais dépensent beaucoup en matière de « défense » (autant que tout le reste du monde). Les dépenses militaires, cependant, ne sont pas une plaisanterie. À part assurer une forme particulière de « stabilité » dans la gestion des « intérêts permanents » de notre pays, le Pentagone est utile pour pourvoir aux besoins de Gingrich et de ses riches électeurs, afin qu’ils puissent continuer de fulminer contre l’État-providence, qui déverse les fonds publics dans leurs poches. »

 

« Le combat pour la justice mené par les Américains est entaché par des injustices telles que l’esclavage et l’exploitation des Afro-Américains, ainsi que la quasi-destruction des civilisations indiennes autochtones. »

 

« Les classes ne sont pas seulement une manière de différencier les rapports à la propriété, les unes possédant les capitaux et les autres ne possédant que leur force de travail. En fait, entre le capital et le travail, se trouvent ce que j’appelle les coordinateurs ; des gens à qui leur position dans le système économique confère un relatif monopole sur l’information et un certain contrôle sur leur propre rôle économique ainsi que, bien souvent, sur celui des autres. »

 

« En poursuivant le genre de recherches qui semble aujourd’hui réalisable et en attirant l’attention sur certains problèmes qui sont aujourd’hui accessibles à l’étude, il nous sera possible de déchiffrer dans le détail les évaluations élaborées et abstraites qui déterminent en partie la nature des choses perçues et le caractère de la connaissance acquise –ces façons spécifiques d’interpréter les phénomènes qui sont, dans une large mesure, hors d’atteinte de notre conscience et de notre contrôle et qui peuvent n’appartenir qu’à l’homme. »

 

« La véritable prise de conscience vient de l’expérience et de la confrontation au monde. Vous ne prenez pas d’abord conscience et agissez ensuite, vous prenez conscience en agissant. »

 

« Le simple fait d’intégrer l’idée que certaines choses ne sont pas bonnes à dire ou à penser représente une part importante de l’éducation. Et si vous n’apprenez pas cela, vous serez généralement mis à l’écart des institutions, à un moment ou à un autre. »

 

« Réforme est l’un de ces mots qui doivent vous mettre la puce à l’oreille. Les changements s’intitulent « réformes » si les puissants les appuient. Ainsi, Pol Pot a changé bien des choses au Cambodge, mais on ne parle pas de « réformes ». Le mot appartient à la liste d’Orwell. On l’emploie pour les changements qu’on est censé soutenir. Ce qu’on appelle « réformes éducatives » devrait être évalué à l’aune de ce que l’on juge bon dans le domaine de l’éducation, mais ce n’est pas parce qu’on emploie le terme « réformes » que ces changements seront forcément positifs. Une grande part est destructrice. »

 

« Là encore, la franchise était de mise : nous devons insuffler aux gens une « philosophie de la futilité » et nous assurer qu’ils sont intéressés exclusivement par « les choses superficielles de la vie, les effets de mode du consumérisme ». Ils doivent chercher à satisfaire ce que l’on appelle les « besoins imaginaires ». Nous créons ces besoins puis obtenons qu’ils se focalisent dessus. Cela acquis, ils ne nous ennuieront plus. »

 

« Tout service que l’on souhaite privatiser, on va s’efforcer d’abord de le détraquer pour que les gens s’exclament : nous voulons nous en débarrasser ! Ça ne marche pas ! Donc, pour commencer, vous y mettez la chienlit. Puis vous obtenez un soutien populaire pour le céder au secteur privé. Voilà pourquoi l’éducation publique est très insuffisamment subventionnée. Les professeurs ne sont pas assez payés. Les ressources sont mauvaises. »

 

« Cette théorie, attribuée à Nixon, consiste à déclarer : nous ne pouvons pas convaincre les gens, et nous sommes puissants. Il est donc fructueux d’adopter le masque d’une nation violente, vindicative, irrationnelle et hystérique. Nous devons utiliser notre arsenal d’armes nucléaires dans ce but. (…) Cela pourrait constituer une partie de l’explication des bombardements du Soudan et de l’Afghanistan ou de l’Irak, de manière à insulter le plus effrontément l’ONU. Qu’ils sachent que nous sommes incontrôlables et vindicatifs : ils feraient mieux de faire gaffe. »

 

« Il existe une politique formulée au nom des intérêts bien compris de la puissance intérieure américaine, des liens entre l’état et le monde des affaires. Cette politique est suivie de façon très cohérente. Les Etats Unis n’ont rien à faire du droit, de la morale, ou du bien être des hommes. Ils se soucient de maximiser certains intérêts. »

 

« C’est un grand objectif, parfaitement conscient, des industries intéressées par la définition des pensées et des attitudes. Leur préoccupation, leur engagement, et ils l’avouent, est de tenir les gens isolés, atomisés comme vous dites. Il y a une bonne raison à cela. Aussi longtemps que les gens sont seuls, ils ne sont pas capables de comprendre grand-chose. S’ils sont ensemble, ils commencent à échanger des avis, à s’interroger et à apprendre. »

 

« Lorsqu’il y a des structures d’autorité, de domination et de hiérarchie – quelqu’un donne des ordres et quelqu’un les reçoit -, elles ne sont pas autolégitimes. Elles doivent se justifier. La charge de leur preuve leur incombe. Si l’on regarde de près, on voit généralement qu’elles ne peuvent se justifier. Et si elles ne le peuvent, on devrait être en train de les démanteler – d’essayer d’étendre le domaine de la liberté et de la justice en démantelant cette forme d’autorité illégitime. »

 

« En période de récession, on a besoin de croissance, pas d’austérité. »

 

« Éduquer les citoyens, ce n’est pas simplement leur dicter ce qu’ils doivent penser : c’est les amener à faire leur propre apprentissage. »

 

« « L’Amérique se dresse là où elle l’a toujours fait – contre l’agression, contre ceux qui veulent employer la force pour remplacer la suprématie du droit. » Ce sont les propres mots du président Bush, l’envahisseur du Panama et le seul chef d’Etat à avoir été condamné par la Cour internationale de justice pour « recours illégal à la force ». »

 

« Le Brésil est un cas instructif. Il est doté de tant de ressources naturelles qu’il devrait être l’un des pays les plus riches de la planète, et il bénéficie également d’un important développement industriel. Mais, grâce en grande partie au coup d’Etat de 1964 et au « miracle économique » tellement encensé qui s’ensuivit (pour ne rien dire de la torture, des assassinats et des autres moyens de « contrôle de la population »), la situation actuelle de nombreux Brésiliens se trouve probablement sur un pied d’égalité avec elle de l’Ethiopie – et est beaucoup plus grave, par exemple, qu’en Europe de l’Est. »

 

« Ou bien vous répétez les mêmes doctrines conventionnelles que tout le monde dit, ou bien vous dites la vérité. »

 

« L’objectif […] : conduire les masses stupides vers un monde que leur incapacité de comprendre les empêche de concevoir. […] selon cette théorie [de Lippman], seule une petite élite […] peut comprendre en quoi consiste le bien commun et savoir ce qui est important pour la collectivité, puisque ces notions « échappent complètement à l’opinion publique ». »

 

« L’accusation la plus accablante que l’on puisse adresser aux médias d’informations émane de certains travaux qui indiquent que plus une personne consomme d’informations diffusées par les médias commerciaux, moins elle est capable de comprendre les affaires publiques ou politiques. »

 

« Il est utile de ne pas l’oublier : où que nous nous tournions, il y a rarement pénurie de nobles idéaux pour accompagner le recours à la force. »

 

« Un dirigeant de l’industrie des communications a écrit un manuel intitulée PROPAGANDA, qui décrit la fabrication du consentement comme l’essence même de la démocratie. Il explique que les détenteurs du pouvoir doivent utiliser la propagande afin d’assurer la subordination de la population à leurs intérêts. Ce principe date de James Madison : la constitution américaine a été formulée dans le cadre du principe de Madison, qui affirme que « la responsabilité essentielle du gouvernement est de protéger les minorités riches contre la majorité ». »

 

« Dans ce monde où la fin justifie les moyens, on nous sert la sempiternelle rengaine selon laquelle « tout le monde doit se serrer la ceinture ». En réalité, le pays sombre sous le flot des capitaux, les « bénéfices explosent » et, selon le Business Week, transporté de bonheur, « ils se déversent dans les caisses de l’entreprise Amérique. »

 

« Chez nous, la méthode favorite est d’enfermer les populations superflues dans des ghettos urbains qui ressemblent de plus en plus à des camps de concentration. Ou bien, si cela échoue, dans des prisons qui sont le pendant, dans les sociétés riches, des escadrons de la mort que nous entraînons et soutenons sur notre propre sol. »

 

« D’une manière générale, le monde est conduit vers un modèle du tiers-monde, comprenant des secteurs de grande richesse, une grosse masse de misère et une vaste population d’inutiles, privée de tout droit parce qu’elle ne contribue en rien à la création de richesse, seule valeur humaine reconnue. Cette population excédentaire doit être maintenue dans l’ignorance mais également contrôlée. »

 

« Les intellectuels qui se préoccupent du social ne peuvent pas se contenter de décrire l’horrible réalité. Cette insistance sur les horreurs du système et les crimes du pouvoir ne peut que nourrir le cynisme ou le fatalisme ambiant. En tant que groupe social, en tant que totalité, les intellectuels doivent à présent passer de la description de ce qui ne marche pas – du pourquoi et du comment cela ne marche pas – à une réflexion sur la « société dans laquelle nous souhaiterions vivre » et sur les moyens de la réaliser. »

 

« […] l’institution la plus totalitaire de l’histoire de l’homme – ou presque – c’est probablement une multinationale : c’est une institution gérée par un pouvoir central dans laquelle le schéma de l’autorité suit un ordre rigoureux du haut vers le bas. Le contrôle est aux mains des propriétaires et des investisseurs ; si vous êtes à l’intérieur de l’organisation, vous recevez des ordres du niveau supérieur et vous les faites suivre vers le niveau inférieur ; si vous êtes à l’extérieur, il n’existe qu’un faible contrôle populaire qui, de fait, s’érode très vite. »

 

« Un des composants de la technique visant à confisquer le pouvoir de la population consiste à s’assurer que les véritables changement s’effacent de l’histoire et ne soient jamais reconnus pour ce qu’ils sont. Il est donc nécessaire de déformer l’histoire et de donner l’impression que ce sont les Grands Hommes qui ont tout fait. C’est en partie comme cela que l’on convainc les gens qu’ils ne peuvent rien faire, qu’ils sont impuissants et qu’ils n’ont plus qu’à attendre qu’un Grand Homme arrive et fasse tout à leur place. »

 

« Voyez-vous, une des grandes illusions des Américains – l’un des piliers de tout le système d’endoctrinement -, c’est de croire que le pouvoir, c’est le gouvernement. Le gouvernement n’est pas le pouvoir, il est un segment du pouvoir. Le véritable pouvoir se trouve aux mains de ceux qui possèdent la société ; les dirigeants de l’État n’en sont généralement que des serviteurs. »

 


 

Noam Chomsky - 3

 


 

Source :

https://chomsky.info/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Noam_Chomsky

http://www.linternaute.com/biographie/noam-chomsky/

https://dicocitations.lemonde.fr/auteur/999/Noam_Chomsky.php

https://www.babelio.com/auteur/Noam-Chomsky/7942/citations

5 commentaires

  1. « Responsabilités des intellectuels », un essai dans lequel il souligne l’importance de l’engagement politique des intellectuels en raison de leur capacité de discernement et de leur accès privilégié à la vérité.

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