La Fabrique des Imposteurs – Roland Gori [Vidéo]

Time : 1 mn 41 / [1]

 


 

Roland Gori - 1

Roland Gori / Pour illustration

 

 

Synopsis :

L’imposteur est aujourd’hui dans nos sociétés comme un poisson dans l’eau : faire prévaloir la forme sur le fond, valoriser les moyens plutôt que les fins, se fier à l’apparence et à la réputation plutôt qu’au travail et à la probité, préférer l’audience au mérite, opter pour le pragmatisme avantageux plutôt que pour le courage de la vérité, choisir l’opportunisme de l’opinion plutôt que tenir bon sur les valeurs, pratiquer l’art de l’illusion plutôt que s’émanciper par la pensée critique, s’abandonner aux fausses sécurités des procédures plutôt que se risquer à l’amour et à la création. Voilà le milieu où prospère l’imposture ! Notre société de la norme, même travestie sous un hédonisme de masse et fardée de publicité tapageuse, fabrique des imposteurs. L’imposteur est un authentique martyr de notre environnement social, maître de l’opinion, éponge vivante des valeurs de son temps, fétichiste des modes et des formes.

 

L’imposteur vit à crédit, au crédit de l’Autre. Sœur siamoise du conformisme, l’imposture est parmi nous. Elle emprunte la froide logique des instruments de gestion et de procédure, les combines de papier et les escroqueries des algorithmes, les usurpations de crédits, les expertises mensongères et l’hypocrisie des bons sentiments. De cette civilisation du faux-semblant, notre démocratie de caméléons est malade, enfermée dans ses normes et propulsée dans l’enfer d’un monde qui tourne à vide. Seules l’ambition de la culture et l’audace de la liberté partagée nous permettraient de créer l’avenir.

 

A travers cette conférence, organisée dans le cadre des conférences de l’Université permanente de l’Université de Nantes, Roland Gori revient sur les idées fortes de son dernier ouvrage « La Fabrique des imposteurs ».

 


 

Roland Gori - 2

Roland Gori / Pour illustration

 

 

Biographie succincte :

Roland Gori est psychanalyste et professeur émérite de psychologie et de psychopathologie clinique à l’université Aix-Marseille.

 

Il a été enseignant-chercheur à l’université de Montpellier puis il est nommé professeur de psychopathologie clinique à l’université Aix-Marseille en 1983. Il est professeur émérite depuis 2009.

 

Il est psychanalyste, membre du conseil d’administration d’Espace analytique.

 

En décembre 2008, il impulse la création du mouvement « Appel des appels ». Cet appel invitait les professionnels du soin, de la justice, de l’enseignement ou de la culture à se rassembler, échanger pour réagir et s’opposer aux logiques de normalisation et d’évaluation dans ces domaines. L’appel dénonce un « phénomène idéologique et de convergence de méthodes qui vise à araser l’humain au profit des logiques comptables et marchandes ».

 


 

Vidéo :

[1] Roland Gori – La Fabrique des Imposteurs – UnivNantes / YouTube

6 commentaires

  1. Merci pour un document de première importance et utilisable.

    J’y ai, entre autres, appris la version française de la délicieuses formule anglaise “Mad as a hatter” (fou comme un chapelier – les vapeurs de mercure…) « fou comme un lapin ». Elle est tout aussi charmante mais… pauvres lapins. Et crédule comme un mougeon?

    Le « Zeelig » dont parle le conférencier est tout simplement un caméléon social… l’essence même de nos désinformateurs… encore que les caméléons sont aussi des reptiles, mais cependant dotés d’une colonne vertébrale.

    Comme il y est fugitivement question d’objectivité dans ce contexte de débusquage des multiples duperies en cours, je pense ici utile de vous citer cet extrait d’un texte glané sur le Oueb il y a quatre ans:*

    [ – Citation – ]

    M: – Un conseil, pour les futurs [officiers de renseignements]?

    H: – Soyez sans sentiment et efforcez-vous d’être l’ennemi… sans vous tromper d’ennemi.
    J’avais coutume de présenter à mes élèves le recadrage célèbre d’une photo qui montrait un soldat paraissant ajuster de son fusil une femme qui lui tournait le dos et tenait un enfant serré contre elle comme pour le protéger. Leur émotion calmée, je leur demandais le nombre de personnes à considérer… Très rarement, le plus fin ajoutait le photographe. Je leur expliquais alors qu’indépendamment du fait qu’il puisse s’agir d’un cliché pris sur le vif ou du produit savamment patiné d’une mise en scène il fallait aussi considérer l’appareil de photo; le seul à être objectif parce que LUI n’avait pas d’intention. Je leur faisais observer qu’ils avaient tous commencé d’interpréter la scène au gré de leurs émotions et de leurs conditionnements avant que de réfléchir… Je leur montrais ensuite la dizaine de recadrages différents de ce cliché et pourquoi, selon moi, il s’agissait d’une mise en scène. Trouver ensuite le but à l’origine du document était un jeu d’enfant…

    Cette faiblesse de l’émotivité, je la trouve parfois jusque chez ces “encombrants” chercheurs dont vous défendez – à juste titre – le droit à l’étude, et à la libre expression de leurs observations et de leurs conclusions […]. C’est dommage.

    La plupart, enfin, des hommes de bonne volonté sont habités par cette funeste soif de reconnaissance que vous avez évoquée. J’y vois la cause essentielle de l’atomisation de leurs efforts… pour la plus grande satisfaction de ceux qui ne les aiment pas.

    [ – fin de citation. – ]

    Les références sont à disposition de quiconque le souhaiterait.

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    • Pour cette vidéo : je n’adhère pas à tous ses points de vue. Je me pose même certaines questions quant à l’intervenant et son ‘rôle’ mais je n’en débattrais pas plus, veuillez m’en excuser.

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      • Mais enfin qui donc nous a semé cette manie de devoir nous excuser de tout à tous bouts de champ? Je soupçonne quelqu’anglo-saxon dûment missionné pour l’opération… un truc à la Bernays… quelque chose de vaguement freudien… J’en ai même entendu s’excuser de demander pardon… Vous verrez que nous en viendrons à devoir demander la permission de respirer.

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