Citation | Quote : « Très peu de gens savent réfléchir… | There are very few who can think… » – Arthur Schopenhauer

 

Arthur Schopenhauer (1788-1860), philosophe allemand

 

 

« Très peu de gens savent réfléchir, mais tous veulent avoir des opinions ; que leur reste-t-il d’autre que de les adopter telles que les autres les leurs proposent au lieu de se les forger eux-mêmes ? »

 

 

Arthur Schopenhauer : « L’Art d’avoir toujours raison » (titre original « Eristische Dialektik ») (1830). Editeur : Mille et une nuits.

 


 

 


 

« There are very few who can think, but every man wants to have an opinion; and what remains but to take it ready-made from others, instead of forming opinions for himself ? »

 


 

Schopenhauer livre dans « L’Art d’avoir toujours raison » une liste de stratagèmes pour celui qui souhaite convaincre en public. Convaincre ne signifie pas faire éclater la vérité, mais bel et bien vaincre un opposant sur le plan argumentatif. Cet essai fait d’ailleurs souvent référence à la sophistique, telle que Socrate la dénonçait. Mais Schopenhauer n’invite pas son lecteur à mentir, il donne une méthode pour se débarrasser et ridiculiser ses opposants en public. « L’Art d’avoir raison » est un guide de combat rhétorique, qui ne recule devant rien : ni la mauvaise foi, ni les vices de la raison.

 

Cependant, « L’Art d’avoir Raison » est un ouvrage sérieux, qui prend pied dans l’anthropologie de Schopenhauer : c’est en effet la nature humaine de l’homme, grosse d’une « vanité innée » à laquelle s’ajoute une « mauvaise foi innée » qui conduit Schopenhauer à écrire ce guide rhétorique :

 

« La dialectique éristique est l’art de la controverse, celle que l’on utilise pour avoir raison, c’est-à-dire « Per fas et nefas » (Ndlr : locution latine signifiant : par tous les moyens possibles, justes ou injustes, honorables ou déshonorants).

 

On peut en toute objectivité avoir raison, et pourtant aux yeux des spectateurs, et parfois pour soi-même, avoir tort. En effet, si un adversaire réfute une preuve, et par là donne l’impression de réfuter une assertion, il peut pourtant exister d’autres preuves. Les rôles ont donc été inversés : l’adversaire a raison alors qu’il a objectivement tort.

 

Ainsi, la véracité objective d’une phrase et sa validité pour le débatteur et l’auditeur sont deux choses différentes (c’est sur ce dernier que repose la dialectique).

 

 

Les 36 stratagèmes de la dialectique éristique selon Arthur Schopenhauer :

1. L’exagération : Exagérer les propos de son adversaire, les vôtres paraîtront alors plus raisonnables.

 

2. L’homonymie : Manipuler le sens des propos de votre adversaire.

 

3. La généralisation : Généraliser un argument particulier et attaquer ensuite cette idée.

 

4. La parcimonie : Masquer vos conclusion s jusqu’à la fin.

 

5. L’utilisation des croyances de votre adversaire contre lui.

 

6. La déformation des paroles de votre adversaire ou de ce qu’il cherche à prouver.

 

7. Le questionnement à outrance de votre adversaire, permettant de le déstabiliser.

 

8. Faire en sorte que votre adversaire soit en colère (une personne en colère est moins à même d’utiliser son jugement).

 

9. La manipulation des réponses de votre adversaire, pour parvenir à des conclusions différentes, voire opposées.

 

10. Crier victoire même quand vos arguments sont vaincus.

 

11. En fin de débat, résumer vos conclusions en les posant comme des faits établis.

 

12. L’utilisation de métaphores qui vous sont favorables.

 

13. Utiliser une contre-proposition absurde à l’argument de votre adversaire et l’assimiler à son argument.

 

14. Essayez de bluffer votre adversaire, en avançant vos conclusions même s’il refuse vos prémisses. Si votre adversaire est timide ou stupide, et si vous vous posséder beaucoup d’impudence et une bonne voix, la technique peut réussir.

 

15. Éluder une proposition trop difficile à prouver.

 

16. Pointer des soi-disant paradoxes ou contradictions dans la pensée de votre adversaire.

 

17. Ambiguïser tous les propos de votre adversaire. Par exemple, s’il parle de Dieu, parlez de « religion ».

 

18. La négation de la défaite. Si l’argument de votre adversaire est victorieux, ne le laissez pas conclure.

 

19. Généraliser. Si votre adversaire pointe une faiblesse dans vos arguments, parlez de fiabilité de la connaissance humaine, par exemple, ou en tout cas d’un point incontestable.

 

20. Piéger votre adversaire en le faisant admettre vos conclusions s’il reconnaît un seul de vos arguments.

 

21. Répondre au mensonge par le mensonge.

 

22. Mettez en doute tout propos de votre adversaire.

 

23. Etendre et exagérer les propos de votre adversaire.

 

24. Utiliser des syllogismes.

 

25. Contrer les généralisations de votre opposant.

 

26. Retourner les arguments de votre adversaire contre lui-même.

 

27. En cas de colère de votre adversaire, exacerbez-la.

 

28. Rendre inaudible l’adversaire. Lorsque le public est composé d’individus profanes sur le sujet en débat, lui demander une explication sur un sujet long et technique, afin de le faire paraitre compliqué et ennuyeux aux yeux du public.

 

29. Le déni. Si vous voyez que vous êtes battu, créer une diversion : commencer un autre sujet.

 

30. Utiliser des arguments d’autorité.

 

31.Feindre l’incompétence. Si vous ne savez pas répondre aux arguments de votre adversaire, déclarez que votre adversaire croit être plus compétent que tout le monde.

 

32. Pratiquer l’outrance : associer l’argument de votre opposant à une catégorie odieuse, par exemple l’obscurantisme ou le fascisme.

 

33. Dissocier théorie et pratique. Réfuter l’applicabilité des arguments de votre adversaire et les renvoyer à des chimères théoriques.

 

34. Postuler l’incompétence de votre adversaire en postant une question et en ne le laissant pas répondre.

 

35. Jeter la suspicion sur votre adversaire en lui prêtant des motifs inavouables.

 

36. Faire glisser les arguments sur un terrain personnel et devenir grossier, voire insultant.

 


 

Source :

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Dialectique_éristique

https://la-philosophie.com/art-avoir-toujours-raison-schopenhauer

 

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